Crus Bourgeois Exceptionnels : la locomotive du Médoc

Bordeaux est notamment réputé pour ses grands crus classés en 1855. Ces dernières décennies, la plupart de ces magnifiques vins sont toutefois devenus inabordables pour certains amateurs. Nous vous invitons donc aujourd’hui à pousser les portes du Médoc, à la découverte des Crus Bourgeois, issus d’un classement revisité régulièrement et dont la première apparition remonte à 1932. Tour d’horizon de ces crus à prix doux.

Qu’est-ce qu’un cru bourgeois ?

La tradition des crus bourgeois est en réalité ancienne. Il en est fait mention dès le XVème siècle et quand le texte le plus ancien faisant mention de cette sélection a été retrouvé, il datait de 1740. En 1932, des courtiers bordelais déposent une liste à la chambre de commerce et de l’industrie de Bordeaux mais celle-ci ne sera jamais été soumise à l’homologation ministérielle. L’homologation intervient en 2003 et consacre 247 châteaux sur 490 candidats dont 87 « crus bourgeois supérieurs » et 9 « crus bourgeois exceptionnels ». Le classement est attaqué en justice par les propriétaires de châteaux non retenus. Le motif : « On ne peut être juge et partie ». En 2009, une sélection annuelle voit le jour, reconnue par les pouvoirs publics. Mais cette fois plus aucune hiérarchie entre les crus n’est établie. Les crus bourgeois exceptionnels préfèrent alors quitter l’organisation plutôt que revendiquer la « simple » mention cru bourgeois qui pourrait sonner comme un déclassement. Mais l’histoire n’est pas finie…

Un classement en perpétuelle évolution

Si certains classements bordelais perdurent sans grands bouleversements depuis plus de 150 ans, le nouveau classement des crus bourgeois, lui, n’attribue sa mention que pour cinq ans à partir du millésime 2018. Pour pouvoir y prétendre, il faut déjà faire partie de l’une des AOC prestigieuses du Médoc (Médoc, Haut-Médoc, Listrac-Médoc, Moulis-en-Médoc, Margaux, Saint-Julien, Pauillac et Saint-Estèphe) et répondre à un cahier des charges bien précis qui comprend notamment des demandes environnementales.

Classement 2025 – 14 Crus Bourgeois Exceptionnels

Un comité de dégustation évalue par la suite la typicité des vins et ce, à l’aveugle afin d’éviter tout soupçon. Si, à la suite de l’annulation du classement de 2003, certains grands châteaux bordelais se sont détournés des crus bourgeois notamment à cause d’un manque d’homogénéité, la nouvelle hiérarchie a été conçue pour répondre à cette problématique et apporter plus de clarté. En 2025, afin d’obtenir le niveau de Cru Bourgeois Exceptionnels les critères sont plus stricts : obtention d’une certification environnementale de niveau 2 et 3, atteinte du premier niveau à la dégustation de cinq millésimes, présentation d’un dossier sur des sujets tels que le respect de l’environnement, la traçabilité, l’authentification, l’aspect commercial (notoriété, présence sur les grandes tables, signification des cuvées), etc.

Aujourd’hui, le classement compte 170 propriétés, commençant avec la mention Cru Bourgeois (120 crus) puis celle de Cru Bourgeois Supérieur (36 crus) et enfin celle de Cru Bourgeois Exceptionnel (14 crus seulement).

Voici la liste des 14 Crus Bourgeois Exceptionnels (vendus dans deux caisses bois panachées en 2019 ou 2020 – comprenant donc les propriétés de l’ancien classement) :

Château la Cardonne (AOC Médoc)
Château Castera (AOC Médoc)
Château Laujac (AOC Médoc)
Château Malescasse (AOC Haut-Médoc)
Château de Malleret (AOC Haut-Médoc)
Château Paloumey (AOC Haut-Médoc)
Château Reysson (AOC Haut-Médoc)
Château du Taillan (AOC Haut-Médoc)
Château Reverdi (AOC Listrac-Médoc)
Château d’Arsac (AOC Margaux)
Château Mongravey (AOC Margaux)
Château Paveil de Luze (AOC Margaux)
Château le Crock (AOC Saint-Estèphe)
Château Laffitte Carcasset (AOC Saint-Estèphe)

Les vins portent la mention de Cru Bourgeois Exceptionnel à partir du millésime 2023. Le prochain classement se tiendra en 2030.

Source : crus bourgeois

Dégustation des 14 Crus Bourgeois Exceptionnels

En 2023, nous avons pu déguster 14 Crus Bourgeois Exceptionnels promus en 2020, tous présentés dans le millésime 2018. S’en est suivi un dîner avec des vieux millésimes en magnum, afin d’avoir un peu plus de recul. Ce fût une dégustation marquée par l’impressionnante régularité des vins de ces châteaux du Médoc. Appartenant à une véritable famille, ces crus tirent l’appellation et le classement des Crus Bourgeois avec eux…

Château du Taillan : cru bourgeois depuis 1932, cru bourgeois supérieur en 2003 et cru bourgeois exceptionnel en 2020, ce château est aux mains de cinq femmes (4^ème génération) et s’étend sur 105 hectares de parc (26 hectares en appellation Haut-Médoc). Le site est classé monument historique avec un très beau château du XVIII^ème et des caves souterraines du XVI^ème siècle. Dégustation : tannins fins, fruits noirs, bel équilibre, léger mentholé agréable, puissance contenue. Un élevage de 12 mois, à la différence de plusieurs crus qui poussent à 18 mois.

Château Le Crock : premier coup de cœur de la famille Cuvelier en 1903 (acquisition des châteaux Léoville Poyferré et Moulin Riche après cela), ce château de 32 ha puise ses lettres de noblesses dans des vignes âgées en moyenne de 50 ans (contre 30 ans de moyenne chez les autres). Dégustation : classique, fruits noirs, léger vanillé, bien équilibré, un peu discret (un vin à conserver en cave).

Château Malescasse : construit au début du XIXème siècle, le château évolue sur un terroir de croupes graveleuses avec quelques 40ha de vignes (d’un seul tenant). Certifié HVE3, son vignoble connaît une grande restructuration depuis quelques années. Dégustation : épices, réglisse et cèdre, tannique.

Château de Malleret : Il appartient à la même famille depuis 1850 et s’étend sur 60 ha de vignes. On y trouve des vignes et des chevaux : pour l’anecdote, l’un de leur cheval de course vient de remporter le Grand Prix d’Autriche lors du week-end du 7-8 octobre 2023. Dégustation : très fin, grande fraîcheur, attaque tranchante.

Château Paveil de Luze : propriété familiale depuis 1862, elle couvre 70 ha (dont 32 ha de vignes et un joli parc d’agrément) à Margaux. La propriété n’a jamais été démembrée, c’est pour cette raison que les vignes sont d’un seul tenant. Des conseils de Stéphane Derenoncourt accompagnent le domaine. Dégustation : tannique et frais. Classique, fruits noirs et rouges. Juteux, finale fondue.

Château d’Arsac : AOC Margaux. En 1706, la propriété s’étend sur 543 ha (dont 260 ha vignes). En 1986, elle ne fait plus que 5 ha, elle est complètement à l’abandon lorsqu’elle est rachetée par Philippe Raoux. Aujourd’hui : 106ha en production, 54ha en Margaux et 48ha de Haut Médoc (Château le Monteil d’Arsac). Deux cépages : cabernet sauvignon et merlot. Dégustation : classique, épices, café torréfié, tannins puissants, finale longue. Conseils d’Eric Boissenot.

Les châteaux suivants ont été déclassés ou ne voulaient plus faire partie du classement en 2025 : Château d’Agassac, Château Arnauld, Château Belle-Vue, Château Cambon La Pelouse, Château Charmail, Château Lestage, Château Le Boscq et Château Lilian Ladouys.

dégustation crus bourgeois exceptionnels

En 2025, le classement a évolué mettant en avant de nouveaux châteaux :

Château la Cardonne : situé dans l’AOC Médoc. La propriété dispose de 55 hectares de vignes. La famille Charloux possède le domaine depuis 1990 après avoir été sous l’égide du Château Lafite-Rothschild. L’encépagement est composé de 54% de cabernet sauvignon, 41% de merlot et 5% de petit verdot.

Château Castera est la propriété de Thomas C.Press situé sous l’AOC Médoc. Le vignoble de 63 hectares est à dominante de merlot suivi de cabernet sauvignon, cabernet franc et petit verdot. Depuis la création des Crus Bourgeois en 1932, le Château obtient une distinction dans son classement.

Château Laujac est un domaine viticole avec également un élevage de vaches et de chevaux dans un écosystème bien en place. Au sein des 450 hectares de la propriété, 75 hectares sont consacrés à la vigne (majorité de cabernet sauvignon ainsi que du merlot et du petit verdot). La propriétaire et la directrice générale est Vanessa Cruse Duboscq, représentante de la sixième génération.

Château Paloumey est un domaine conduit en agriculture biologique dirigé par Pierre Cazeneuve. Le vignoble est composé de 50% de cabernet sauvignon, 44% de merlot et de cabernet franc et de petit verdot en minorité. Pour s’adapter au dérèglement climatique, des recherches sont effectuées pour faire évoluer la gestion du vignoble.

Château Reysson est la propriété de la maison Dourthe depuis 2014. Les sols sont très similaires à ceux de Saint-Emilion avec des argilos-calcaires. Ainsi le merlot s’adapte parfaitement à ce terroir unique dans le Médoc.

Château Reverdi est un domaine familial depuis 1953. Le vignoble est composé de 32 hectares. Le château propose une activité oenotouristique développée récompensée par Best of Wine Tourism en 2011.

Château Mongravey a été créé en 1981. La propriété est composée de 12 hectares de vignes situées à Margaux. Deux générations sont à la tête du domaine avec Régis, Jérôme et Karin Bernaleau.

Château Laffitte Carcasset est une propriété historique de l’appellation Saint-Estèphe depuis 1759 avec la création du vignoble. Elle est dirigée par Pierre Rousseau depuis 2016. Les sols sont composés de graves et d’argiles et l’encépagement est le classique cabernet sauvignon, merlot et cabernet franc.

Le Top 5 des Crus Bourgeois Exceptionnels selon iDealwine :