Certes, les grands crus de Bourgogne continuent à susciter un intérêt mondial, ainsi qu’en témoignent les prix atteints durant les ventes du mois d’août sur la plateforme d’iDealwine, tant pour les grands crus de chardonnay que pour les pinots noirs. C’est ainsi que, au cours des dernières semaines, en blanc, un chevalier-montrachet 2000 du domaine d’Auvenay a été adjugé 16 787€, et un montrachet 1994 du Domaine Leflaive (9 424€). En rouge, un flacon de romanée-conti 1992 (16 554€), ou un romanée-saint-vivant 2014 du domaine Leroy (7 812€) ont eux aussi atteint des sommets. Les amateurs venus de France, du Royaume-Uni ou de Corée qui ont remporté ces vins aux enchères ont indéniablement ajouté de bien précieux flacons à leur collection. Le marché, aujourd’hui, continue à valoriser au plus haut les joyaux de Bourgogne, de même que les icônes de Bordeaux et de la vallée du Rhône. Petrus, Le Pin, Château Rayas, Chave, demeurent d’incontournables signatures. Pour autant, nous aimons aussi à regarder en direction des autres régions, et aimons notamment braquer les projecteurs sur la vallée de la Loire, qui passionne les amateurs. Au sein de ce vignoble protéiforme, l’Anjou est une terre d’expérience qui séduit particulièrement. Mark Angeli en est l’un des pionniers.
Quand il rachète la Ferme de La Sansonnière, en 1989, à cette époque les raisins du domaine étaient envoyés à la coopérative pour produire des vins destinés à la grande distribution. Mark Angeli, lui, vient de se former à Sauternes, au lycée professionnel du Château La Tour Blanche, notamment auprès de Jean-Luc Dantou, contrôleur ECOCERT. Il est donc imprégné d’idées qui l’incitent à tenter le bio. Très rapidement, convaincu par un séminaire mené au Clos de la Coulée de Serrant, il va donc introduire des changements radicaux, et mettre en place les principes d’une viticulture biodynamique. Un choix précurseur, qui ne manque pas de susciter bien des interrogations dans la région. Pourtant, aujourd’hui, Mark Angeli est reconnu par ses pairs, et même au-delà, pour son travail minutieux conduisant à la production de cuvées dédiées à chacun des terroirs spécifiques qui jalonnent ses 7,8 hectares de vignes.
Des millésimes collectors de la ferme de la Sansonnière aux enchères
Son premier millésime, 1990, était proposé à la vente dans les enchères du mois d’août, sur iDealwine. C’est ainsi qu’un bonnezeaux Vieilles Vignes 1990, proposé en magnum, a été adjugé 186€ (+19%) à un amateur français. De la même récolte, la cuvée Mathilde – encore étiquetée sous l’appellation Bonnezeaux jusqu’en 1994 – s’est vendu 149€ la bouteille. Ces flacons sont doublement collectors, donc, car au-delà de porter la trace du premier millésime produit au domaine, il faut savoir que Mark Angeli a cessé de produire des liquoreux depuis 2006. Le degré d’alcool insuffisant pour prétendre à l’AOC, la contrainte liée au nécessaire ajout de soufre (ce que le vigneron essaie de limiter), et le marché, de moins en moins demandeur, ont eu raison de la production de ces vins moelleux qu’il apprécie pourtant sincèrement. Parmi les liquoreux, notons qu’un amateur français a également pu mettre la main le mois dernier sur deux bouteilles de coteaux-du-layon Les Blanderies 1996 pour 223€, soit 112€ la bouteille (+72%). Encore un vin de collection…
Des cuvées commercialisées en vin de France
A partir de 2002 – année du refus d’homologation par l’AOC de son rosé moelleux -, le vigneron a progressivement retiré ses vins de l’agrément. Les rouges en 2006, puis les blancs l’année suivante. Tous portent désormais la seule mention « vin de France ». Un crève-cœur pour Mark Angeli, tellement attaché à cette terre d’Anjou, au point qu’il consacre du temps, chaque année, à accueillir les néo-vignerons fraîchement installés, séduits par le prix de la terre encore attractif dans ce secteur. Il les forme pour les inciter à adopter une viticulture de qualité, aux rendements strictement et attentivement maîtrisés. Nombre d’entre eux adoptent à leur tour l’étiquetage en vin de France…
Aux enchères, on trouve cependant encore quelques rares bouteilles étiquetées sous l’AOC Anjou, à l’instar de la cuvée Vignes françaises 1998, qu’un amateur danois a remporté après une belle bataille, pour 174€ (+43%). Dans le millésime 2002, cette même cuvée a atteint 141€. Parmi les autres cuvées emblématiques du domaine, on trouvait aussi à la vente le mois dernier la cuvée les Vieilles vignes des Blanderies. Dans le millésime 1997, encore étiqueté en Anjou lui aussi, ce chenin qui provient d’un terroir de schistes sur lequel sont plantées des vignes âgées de 70 ans, a été adjugé 113€. Les Fouchardes 2002, un blanc légèrement moelleux toujours très séducteur, issu d’un sol d’argiles rouges sur schistes, a atteint 99€ la bouteille (+38%). Quant à La Lune – encore un terroir passionnant de schistes et de roches sédimentaires siliceuses, ce vin s’échangeait sur iDealwine à 107€ dans le millésime 1999.
Nul doute que les amateurs ayant remporté ces flacons dans les ventes d’iDealwine connaissaient la pâte délicate des vins de Mark Angeli. Ceux-ci procurent à la dégustation une singulière sensation d’équilibre et de sérénité… Décidément, les vins de la vallée de Loire constituent un véritable eldorado, et les prix n’ont pas fini de s’apprécier pour ces bouteilles qui ont toutes une belle histoire à raconter…
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