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©Domaine Georges Vernay – Page Facebook

Dans la Vallée du Rhône, il y a des blancs de Condrieu et il y a ceux du domaine Georges Vernay produits aujourd’hui par sa fille Christine qui passe doucement la main à sa propre fille Emma. « Sauveur de Condrieu », « monsieur viognier », tels sont les surnoms de Georges Vernay, un homme à contre-courant de ses voisins qui déplantent la vigne dans les années 1950 pour la remplacer par des abricotiers. Ce visionnaire a toujours senti que les coteaux escarpés de Condrieu étaient une mine d’or pour faire pousser le fameux viognier et en tirer de grands vins. Pari réussi. Nous lui devons la survie de ce cépage et le prestige de cette appellation, rien que ça. Zoom sur le domaine Vernay à travers ses 4 générations : Francis, Georges, Christine et Emma.

Francis Vernay, fondateur et amoureux de la vigne – 1ère génération

Retour en 1938. Francis, précurseur et passionné de vigne, fonde le domaine familial en plantant ses premiers hectares de viognier, ce cépage caractérisé par ses arômes d’abricot, de pêche blanche et de violette. A l’époque, et c’est commun dans les exploitations, plusieurs cultures coexistent : la vigne mais aussi les arbres fruitiers qui sont très rentables.

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©Domaine Georges Vernay – Page Facebook

C’est sur le lieu-dit Coteau de Vernon que les premières vignes voient le jour, donnant quelques années après sa première cuvée, aujourd’hui incontournable de l’appellation et du domaine Vernay : le condrieu Coteau de Vernon. Même si à l’époque Francis ne vit pas uniquement de cette activité, il cherche déjà à produire un vin qui brille par son élégance.

Georges Vernay, sauveur de l’appellation Condrieu – 2ème génération

A partir de 1943, son fils Georges Vernay arrive au domaine. A ce moment-là, les vins de la Vallée du Rhône ne se vendent pas si bien que cela (ils sont d’ailleurs commercialisés en vrac) et les producteurs décident alors de déplanter les vignes des coteaux escarpés de Condrieu et de Côte Rôtie pour les remplacer par des abricots, beaucoup plus rentables. La vigne continue d’être exploitée dans les plaines, plus mécanisables. Imaginez-vous qu’en 1960, il ne reste que 6 hectares de viognier sur toute l’appellation Condrieu, qui est la seule au monde à produire ce cépage… Nous sommes passés à rien de ne plus avoir ce joli vin dans nos caves et nos verres !

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Christine et Georges Vernay ©Domaine Georges Vernay – Page Facebook

Heureusement, Georges Vernay voit les choses d’un autre œil. « Moi j’aimais les vins de coteaux, plus que de plaines que je trouvais moyens » déclarait-il en novembre 2016, quelques mois avant sa mort. Proche de la terre et amoureux de celle-ci, cet homme d’intuition sent au moment de reprendre le domaine familial, en 1950, que les terroirs de Condrieu sont uniques pour produire le fameux viognier. Emma, sa petite fille, marquée par sa détermination et sa volonté de porter toute une appellation, nous confie en mars 2024 « Quand les gens arrachaient la vigne pour mettre des abricots et des cerises, lui faisait le contraire, plantait ou achetait des vignes. Tous les gens allaient alors travailler à l’usine pour mieux gagner leur vie, et mon grand-père pensait ‘ils ne se rendent pas compte de la terre sur laquelle ils marchent’ ».

Pas à pas, il convainc les vignerons de faire comme lui, en attendant des jours meilleurs pour Condrieu. Il ouvre le premier caveau de dégustation de toute sa région. Il se lance notamment dans la culture des Chaillées, une vigne surnommée à l’époque « Les Chaillées de l’Enfer » en raison de sa pente et du soleil qui y tape l’été. Cette cuvée qui existe toujours dans la gamme est aujourd’hui une des plus mythiques du domaine Vernay. Quand les vignes des plaines sont travaillées au tracteur, Les Chaillées comme toutes les vignes de Georges plantées en coteaux, nécessitent le labeur d’au moins un homme à l’hectare.

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©Domaine Georges Vernay – Page Facebook

A travers tous ses combats, Georges Vernay surnommé « monsieur viognier » par le critique Parker est reconnu comme le sauveur de l’appellation Condrieu. Son action, comme président de l’appellation Condrieu pendant trente ans, sera déterminante. Heureusement, d’autres pionniers émergent dans la Vallée. Marcel Guigal, à la même époque, a été également l’un des meilleurs ambassadeurs des vins du Rhône et partage avec Georges Vernay le prestige actuel de cette région.

Christine Vernay, ambassadrice d’un domaine en développement – 3ème génération

Depuis 1997, Christine, petite fille de Francis, assure la continuité qualitative du domaine et développe également une large gamme de vins rouges dans l’appellation Côte-Rôtie aux côtés de son mari Paul Amsellem.

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Christine Vernay ©Domaine Georges Vernay – Page Facebook

Rien ne prédisposait cette amoureuse des arts et des lettres, passionnée de culture italienne, à devenir vigneronne. D’abord professeur de lettres à l’ENA, elle mène avec Paul une vie parisienne des plus agréables. En 1996, revirement complet. Direction Condrieu, la Côte Rôtie et ses terrasses à flanc de coteaux, le viognier et la syrah. Aidée et soutenue par son père, Christine se lance dans la vinification, épluche les manuels d’œnologie tandis que Paul se concentre sur la partie commerciale. Très complémentaires, ils produisent tous deux des vins magnifiques qui n’ont cessé de gagner en pureté et en finesse. Reconnus unanimement par la critique et respectés de leurs pairs, les Amsellem ont la réussite modeste, toujours courtois et aimables. « Lorsque je crée un vin, je ne cherche pas à impressionner. Un grand vin doit émerveiller. » Cette très belle phrase de Christine résume parfaitement sa philosophie.

Emma Amsellem, talentueuse vigneronne sur tous les fronts – 4ème génération

Emma, la fille de Christine et Paul, a toujours évolué dans le milieu du vin, mais gardait seulement dans un coin de sa tête l’idée de reprendre un jour le domaine familial. Un détail qui a eu son importance pour elle : elle ne porte pas le nom Vernay mais celui de son père, et passe donc incognito dans le monde du vin. Emma se sent donc très libre vis-à-vis de cette histoire familiale riche. Elle s’oriente dans une école de commerce à Toulouse, a des envies d’ailleurs et part travailler un peu en Chine, en Angleterre. Ses étés sont tout de même marqués par la vigne où elle travaille avec joie, et ses repas par le vin qu’elle apprécie. La vie parisienne l’attire à son tour, et elle passe alors 7 années à Paris, laissant l’agroalimentaire qui ne rejoint pas ses valeurs pour un poste d’agent de vignerons de Bourgogne et du Rhône puis devenant acheteuse pour un groupe de restaurants. Ce qui lui plait alors : être au plus près de cet écosystème du vin, comprendre les tissus de distribution du produit, le positionnement prix, être en contact avec des vignerons sur leurs terroirs.

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Emma Amsellem ©Domaine Georges Vernay – Page Facebook

Un peu avant le covid, elle ressent comme un appel du terroir. Ce qu’elle avait enfoui jusqu’alors, cette petite idée de revenir au domaine familial, semble refaire surface, plus claire et pleinement choisie. « C’est assez marrant, c’était une sorte de transformation silencieuse. Un jour tu te réveilles et tu te rends compte que d’aller faire du vin et de revenir à tes racines familiales est ce dont tu as le plus envie » nous confie-elle en mars 2024 lors d’un coup de fil. Elle ne cache pas que le décès de son grand-père Georges Vernay en 2017 a certainement accéléré la maturation de son projet.

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Christine Vernay et Emma Amsellem ©Domaine Georges Vernay – Page Facebook

Emma reprend donc un BTS viti-oeno à Mâcon pour progresser côté culture de la vigne et œnologie. Elle fait son stage chez les Bret Brothers que vous connaissez bien, ayant eu un coup de cœur pour leurs vins, leurs façons de travailler et leurs personnalités. « Etant donné que le chardonnay et le gamay ne sont pas exactement les mêmes cépages que la syrah et le viognier, j’ai prolongé avec une expérience en Hermitage chez Jean-Louis Chave ». Après deux vinifications, Emma arrive au domaine fin 2020. Son vrai premier millésime est bien 2021, « et quel millésime… c’est l’année du gel historique ». A ce moment-là, son père et son oncle prennent leur retraite, sa mère continue à ses côtés. Emma a un poste très transversal au domaine : elle est avant tout aux vignes, œuvre aux vinifications – bien que le travail en cave soit très léger chez les Vernay -, chapote le bureau… Depuis son arrivée, le domaine s’est lancé dans la biodynamie « nous avons acheté un dynamiseur dès novembre 2020, et le temps de faire quelques adaptations sur les coteaux, nous avons commencé la certification Biodyvin en 2023 ».

80% de l’énergie dépensée aux vignes

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Aujourd’hui, le domaine s’étend sur 24 hectares sur les appellations de Condrieu, Côte Rôtie ou encore Saint-Joseph, et produit aussi des vins de pays. 2/3 des vignes sont plantées sur des coteaux pentus et le reste en plateau. Ainsi, le travail mécanique aux vignes n’est pas toujours possible et l’exploitation compte sur une personne à l’hectare pour les plateaux et même deux personnes à l’hectare sur les coteaux. « Lissé sur l’année, nous avons 25 à 28 temps pleins » nous confie Emma, qui pour le coup travaille seulement avec un stagiaire en cave. En effet, au domaine Vernay, 80% de l’énergie est dépensée aux vignes travaillées en biodynamie (en cours de certification) « on ne fait pas de miracle en cave si les raisins ne sont pas extraordinaires. Il faut la meilleure matière première, et notamment garder beaucoup de fraîcheur dans les raisins et des baies intactes les années chaudes ». Les désherbants et insecticides n’ont pas leur place ici. La date de vendanges est cruciale, et chaque terroir étant unique, cela permet d’étendre la période de récolte pour que les maturités soient respectées. Les vendanges ont lieu manuellement. Les raisins arrivent à la cave en caissettes et un deuxième tri à la cave complète celui, sévère, effectué à la vigne.

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« Autant de soin sur les vins de pays que sur les côte-rôtie »

Chez les Vernay, les vinifications sont classiques. Les raisins blancs parviennent au chai et passent par un pressurage en vendanges entières dans un pressoir pneumatique puis un débourbage à froid. Ils sont soutirés et entonnés avant de passer à un élevage sur lies (sans soutirage). Les rouges sont vinifiés et bien infusés « ici, on aime la syrah du nord, sans confiture mais avec beaucoup de fraicheur », vinifiés avec soutirage et pigeages. Emma réalise beaucoup de tests à la cave, notamment sur l’impact de la rafle et de sa maturité, sur la vinification en grands ou petits contenants. Lors de l’élevage en barriques, une attention est portée à la prise de bois, pour que les vins ne soient pas trop imprégnés par les fûts neufs quand ceux-ci sont renouvelés en proportion minime. Emma s’amuse « un stagiaire me disait, les yeux écarquillés : en fait, ici, on passe autant de temps et on prend autant de soin pour les vins de pays que pour les côte-rôtie ».

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Les vins du domaine Vernay, encore dégustés lors du salon d’Ampuis de janvier 2024, sont des musts absolus, que tout amateur se doit de goûter un jour ! Les blancs, notamment, ont une forme de perfection qui les place tout simplement parmi les plus grands viogniers de France.

Domaine Vernay, auréolé de toutes les étoiles des guides

Emma Amsellem a rejoint sa mère Christine Vernay pour valoriser les rudes coteaux de Condrieu et de Côte Rôtie

Bettane et Desseauve : 5 étoiles/5

Si le domaine est intimement lié à l’histoire de l’appellation Condrieu, dont il est toujours le plus brillant représentant, il offre aussi une remarquable sélection de rouges dont les élevages se sont affinés ces dernières années.

La Revue du vin de France : 3 étoiles/3
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Les vins du domaine Georges Vernay en vente sur iDealwine

  • Côtes du Rhône Sainte-Agathe (rouge) : La réputation du domaine brille une fois de plus grâce à cette syrah généreuse cultivée sur l’aire d’appellation de Condrieu.
  • Côte-Rôtie Blonde du Seigneur (rouge) : Un assemblage de syrah et de viognier, véritable vin de garde qui développe des notes aussi variées que complexes et une impression de velours très séduisante.
  • Côte-Rôtie Maison Rouge (rouge) : Son potentiel de garde impressionnant lui permet de développer des notes aromatiques inattendues et extrêmement séduisantes.
  • Saint-Joseph Terres d’Encre (rouge) : Une cuvée à la minéralité affirmée.
  • Condrieu Les Chaillées de l’Enfer (blanc) : Puissant et intensément aromatique, ce condrieu révèle toute sa noblesse après une dizaine d’années de cave. Cette cuvée est un mythe du domaine, puisque la parcelle a été l’une des premières travaillées par Georges Vernay pour prouver la place du viognier dans les coteaux.
  • Condrieu Terrasses de l’Empire (blanc) : Un condrieu divinement fruité, fin et élégant. Son équilibre et sa belle fraîcheur sont à découvrir dans ses 7 premières années.
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Tous les vins du domaine Georges Vernay en vente sur iDealwine

Lire notre article : Vallée du Rhône nord : notre guide des vins