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Encore un peu moins médiatisé que des noms connus du monde entier comme Coche-Dury ou Auvenay, le domaine Roulot rejoint néanmoins le devant de la scène dans les ventes aux enchères de blancs de Bourgogne. Quelques explications sur cette percée.

Première évidence, les meursaults produits par Jean-Marc Roulot sont bien entendu d’un niveau exceptionnel, mais surtout ils ont un style bien à eux et qui plait de plus en plus. De nombreux domaines de Meursault ont fait leur réputation sur un style de chardonnays larges et opulents, riches et concentrés, marqués souvent par une réduction « grillée » faisant, à notre avis à tort, office de typicité de l’appellation. Jean-Marc Roulot privilégie au contraire un style très pur, cristallin et tendu, plus frais, particulièrement adapté à la table où ils ne sont jamais fatigants. Ce n’est sans doute pas un hasard si le vigneron est un grand amateur de gastronomie et si ses vins sont privilégiés par la grande restauration où ils sont plutôt plus faciles à trouver que chez les cavistes. Ce style de vin, Jean-Marc Roulot l’obtient par des vendanges à juste maturité (la « vieille » école privilégiait des maturités très abouties d’où un style plus opulent et plus alcooleux) et par un long élevage très précis pour « mettre la tension du vin en bouteille » dans des fûts minutieusement choisis dans ce but et entretenus avec un soin maniaque à l’aide d’un matériel pointu utilisant la vapeur. Paradoxalement, alors qu’il a été l’un des premiers sur l’appellation à isoler des parcelles de Meursault « village », Jean-Marc Roulot définit la notion de terroir de façon un peu surprenante : « Le terroir est un mot galvaudé. Tout le monde prétend faire des vins de terroir. Mais ça veut dire quoi ? Pour moi, le terroir, tout seul, ne raconte pas grand-chose. Je suis plus attaché à l’idée de style. » Tout est là : les fans du domaine acquièrent plus un style de vin qui leur plaît que la notoriété ou la typicité supposée d’une appellation, aussi prestigieuse soit-elle comme l’est celle de Meursault.

Un précurseur de la biodynamie

La seconde raison du succès du domaine Roulot est probablement l’attrait supplémentaire qu’il exerce auprès des amateurs sensibles à un travail respectueux des vignes et du vin. Après la disparition brutale de son père Guy en 1982, Jean-Marc Roulot n’a repris le domaine qu’en 1989, amorçant aussitôt un virage des 12 hectares du domaine vers le bio dès cette année-là (ce qui n’était pas courant en Bourgogne à cette époque) et même en biodynamie au début des années 2000, mais il n’a demandé la certification Demeter qu’en 2010 (acquise à partir du millésime 2013). Dans une appellation où le bio reste très marginal cela peut sembler anodin, mais au-delà du phénomène de mode, il y a aussi la reconnaissance d’une exigence de tous les instants qui se traduit forcément dans la qualité du vin. Ce n’est tout de même pas tout à fait un hasard si les deux domaines les plus emblématiques de la Bourgogne (Romanée Conti et Leroy/Auvenay) travaillent en biodynamie depuis des années, à l’instar d’autres grandes références comme le domaine Leflaive ou celui des Comtes Lafon.

Enfin, la troisième raison, plus marginale sans doute mais réelle, découle de la personnalité particulière de Jean-Marc Roulot. Ceux qui ne s’intéressent qu’au vin l’ignorent peut-être encore, mais avant d’être vigneron, Jean-Marc Roulot est surtout un acteur professionnel (essentiellement au théâtre à ses débuts) et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il n’est revenu prendre les rênes du domaine que sept ans après la mort de son père, un retour décalé qui n’est pas courant dans l’histoire des grands domaines viticoles. Aujourd’hui encore il se partage entre ses deux « métiers » puisque, s’il a tourné ses premiers fils dès 1983 avec les meilleurs réalisateurs français (Patrice Leconte, Diane Kurys, Claude Chablol, Pascal Thomas …), il apparaît encore régulièrement à l’écran ces dernières années : Les saveurs du Palais en 2012 ou Quai d’Orsay en 2013, sans compter de multiples rôles dans de nombreux téléfilms à succès. Même s’il s’en défend et n’aime pas qu’on qualifie «  d’artistique » son métier de vigneron, il n’en reste pas moins qu’il est légitime de penser que la sensibilité qu’il met dans son métier d’acteur ne disparaît pas par enchantement quand il se trouve face à ses vignes ou à ses barriques. Nul doute que ses vins y gagnent une expression singulière qu’apprécient les fans du domaine.

Le domaine Roulot n’échappe donc pas à ce que nous constatons régulièrement : le succès d’un domaine aux enchères est lié avant tout à un style, une personnalité de vin qui se détache du reste de l’appellation comme peut le faire le Clos Rougeard à Saumur-Champigny, le domaine Chave en Hermitage ou le Château Rayas à Châteauneuf-du-Pape. Quand on accepte de payer un prix élevé pour assouvir sa passion, on n’a en effet pas le droit de se tromper !

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Les enchères on-line d’avril 2015 ont en effet été le théâtre de belles batailles d’enchères entre les amateurs français et les enchérisseurs venus de Grande-Bretagne. Le premier cru Les Perrières a focalisé l’attention des acheteurs, avec des prix qui ont atteint 432€ tant sur le millésime 2001 que sur le 2007. Le 2005 atteignait quant à lui 408€. Un cran en dessous en termes de prix, le premier cru Charmes est tout de même monté jusqu’à 276€.Mention spéciale, enfin, pour le 1er cru Les Bouchères 2004, adjugé 168€, tandis que le 2001 se vendait 144€.

Meursaults du domaine Roulot : résultats d’enchères et cote iDealwine

  Adjudication TTC
15/04/2015)
 Cote iDealwine% / Cote iDealwine
Meursault 1er Cru Perrières – Roulot2001                          432 €             397 €9%
Meursault 1er Cru Perrières – Roulot2007                          432 €             146 €196%
Meursault 1er Cru Perrières – Roulot2005                          408 €             268 €52%
Meursault 1er Cru Perrières – Roulot2006                          348 €             128 €172%
Meursault 1er Cru Charmes – Roulot2001                          252 €  – 
Meursault 1er Cru Charmes – Roulot2004                          252 €             122 €106%
Meursault 1er Cru Les Bouchères – Roulot2004                          168 €  – 
Meursault 1er Cru Les Bouchères – Roulot2001                          144 €  – 
Meursault Les Meix Chavaux – Roulot2007                            76 €  – 
Meursault Les Meix Chavaux – Roulot1999                            90 €  – 
Meursault Les Meix Chavaux – Roulot2004                            78 €  – 
Meursault Les Meix Chavaux – Roulot2006                            72 €  – 
Meursault Luchets – Roulot2005                            90 €                54 €66%
Meursault Luchets – Roulot2006                            81 €                57 €41%

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