Emmanuel Giboulot vin Bourgogne pureté iDealwine

Tombé dans les cuves, petit ? Emmanuel Giboulot l’assume haut et fort, autant qu’il évoque avec passion le bon sens paysan que son père lui a transmis pour la conduite de son vignoble. Zoom sur ce vigneron de caractère, pionnier de la culture bio depuis bientôt quarante ans.

Un domaine familial pionnier en agriculture biologique

A la tête d’une douzaine d’hectares en Bourgogne, Emmanuel Giboulot travaille à la suite de son père, alors à la pointe de l’agriculture biologique au cours des années 1970. Arrivé en 1985, il a converti la totalité de la propriété à la biodynamie en 1996 avec l’objectif bien précis de signer des vins qui conjuguent pureté et caractère. Ainsi donc, labours et compostages favorisent la biodiversité au sein de toutes les parcelles dont il dispose dans des coins variés de la région. Pinot noir, pinot beurrot et chardonnay sont soignés attentivement aussi bien sur ses terres de Rully 1er Cru, Côte de Beaune, Saint-Romain, Hautes-Côtes de Nuits que sur celles « simplement » classées en IGP Terres Burgondes. Rien n’est laissé au hasard, le vivant est magnifié.

« Le paradoxe de la bio ? Moins d’interventions qui brouillent les pistes et plus d’authenticité. »

Pureté, devise d’Emmanuel Giboulot

Mot d’ordre du vigneron, la pureté est recherchée à tout prix dans des vins « sans artifice » qui expriment la délicatesse du fruit et la minéralité du terroir. Voilà pourquoi les vignes sont invitées à puiser profondément les nutriments nécessaires à leur épanouissement dans les sols grâce à des méthodes de culture respectueuses et pourquoi, en cave, le fût neuf n’est plus le bienvenu.

« La pureté, parce que c’est comme ça que j’aime et que j’aimerai toujours les vins. »

Laisser parler le millésime et le terroir d’origine est également une forme de délicatesse pour ce vigneron également fondateur du groupe « Renaissance des Appellations », garant de « la pleine expression des appellations » à travers une viticulture et une vinification méticuleuses. In fine, le vin doit, à la dégustation, raconter sa propre histoire. Voilà pourquoi chaque facteur climatique et géologique est clef ; en passant de l’orientation des pieds des vignes, la façon dont celles-ci ont été plantées et installées à proximités de forêt ou de points d’eau, etc. Les millésimes ont également leur importance. Tardif ou précoce, frais ou chaud, ensoleillé ou humide, leur caractère se révèle, tout comme celui du vigneron qui parsème ensuite un zeste de sa sensibilité. Parsemer, oui, d’accord. Mais pour Emmanuel Giboulot, ce dernier doit savoir faire preuve d’humilité et laisser la nature faire des merveilles. « Moins on perturbe le fonctionnement naturel des sols, de leur régénération par les micro-organismes, moins on intervient dans la chaîne de la biodiversité et plus on va vers des vins qui expriment la vérité et la complexité de leurs terroirs. »

Un travail confidentiel et discret

La vinification s’effectue non loin de Beaune et se veut douce, en accord avec le calendrier lunaire. Comme expliqué, le chêne neuf n’a plus sa place dans le processus ; et ce, depuis 2003. Les vins reposent avec leurs lies mais celles-ci ne sont pas remuées. Ils ne sont pas non plus brusqués avant la mise en bouteille, effectuant une clarification naturellement. Pourtant, si le travail se veut peu interventionniste, il ne nécessite pas moins une vigilance accrue. La production demeure confidentielle mais mérite d’être reconnue.

Chef d’orchestre seulement, comme il aime se définir, Emmanuel Giboulot supervise donc la symphonie droite, délicate et franche que le vin joue ensuite dans le verre.

Retour sur la polémique Giboulot : peut-on obliger un vigneron à traiter ses vignes ?

Retour sur une affaire qui avait fait grand bruit en 2014, lorsqu’Emmanuel avait comparu devant le tribunal de grande instance de Dijon. Son tort ? Avoir refusé de traiter ses vignes contre la cicadelle, l’insecte à l’origine de la flavescence dorée, une maladie de la vigne, alors qu’un arrêté préfectoral l’y obligeait.

Face à cette condamnation, il y eu les défenseurs d’Emmanuel Giboulot. Ceux-ci proclamaient  qu’un vigneron devrait mettre les produits qu’il souhaite dans ses vignes, et que s’il estime qu’un produit serait nocif pour son vignoble (et éventuellement ceux qui consomment son vin), il ne devrait pas être contraint à l’appliquer. Les partisans de ce camp sont nombreux ; à sa sortie du tribunal, le vigneron a été acclamé par près de 500 personnes rassemblées à l’appel d’organisations écologistes dénonçant l’utilisation de pesticides. Par ailleurs, une pétition circulant sur internet a recueilli plus de 480 000 signatures !

Mais, il y a aussi ceux qui soutenaient la décision du tribunal. En effet, pour enrayer efficacement à long terme ce fléau mortel pour la vigne (comme l’a été le phylloxéra), il faut que toutes les vignes sans exception soient traitées. Ce n’est qu’à cette condition que la cicadelle pourra être éradiquée. Le schéma est semblable à celui d’un vaccin : si toute la population est vaccinée, alors le virus meurt et le vaccin devient inutile. Mais, il suffit d’un individu qui ne suit pas ce schéma pour que les efforts des autres soient mis à mal. Vouloir lutter contre l’utilisation des pesticides d’une façon extrême dans un domaine, obligera donc sans doute les domaines voisins à devoir continuer à l’utiliser, entraînant donc une utilisation plus importante du produit à l’échelle globale.

Un débat qui n’est pas près de se clore…

Retrouvez les vins d’Emmanuel Giboulot en vente sur iDealwine

Côte de Beaune Combe d’Eve

Le chardonnay qui compose ce côte-de-beaune tire ses origines d’une culture à flanc de coteau de la montagne beaunoise, au-dessus des premiers crus et notamment du fameux 1er cru Les Bressandes.

IGP Sainte-Marie-La-Blanche Terres Burgondes

Cette cuvée est réalisée à partir de pinot beurrot, un pinot gris en voie de disparition qui doit son nom à la bure des moines. Agées d’une trentaine d’années environ, les vignes sont conduites avec soin, selon des principes bio et biodynamiques, et sont enherbées afin de favoriser la biodiversité.

Domaine Emmanuel Giboulot, ce qu’en disent les guides

Guide Vert de La Revue du vin de France 2023 – 1* sur 3

Pionnier de la biodynamie depuis trente ans, Emmanuel Giboulot a beaucoup fait parler de lui en 2013 et 2014 pour avoir été condamné, puis relaxé, après avoir refusé de traiter ses vignes contre la maladie de la flavescence dorée.

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