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Angélique de Lencquesaing répondait il y a quelques jours aux questions de Cédric Decoeur sur BFM, dans le cadre de l’émission 100% Patrimoine. L’occasion de tirer un bilan des premières tendances qui se dégagent de l’année 2020, avec un focus sur la part des vins bio et nature.

Regarder l’interview BFM d’Angélique de Lencquesaing

En ce début d’année, l’heure est au bilan, surtout après une année aussi particulière que 2020. Nous allons voir aujourd’hui ce qu’il en a été sur le front des enchères, et quels enseignements en tirer en matière de placement vin.

Disons que l’année a connu trois phases, profondément liées aux différents épisodes de la crise sanitaire et des mesures de restrictions qui ont affectés nos économies. La forte croissance du début d’année a été brutalement interrompue par le confinement. L’impossibilité de se déplacer, d’inventorier et d’expertiser les caves, puis d’expédier les vins dans des conditions habituelles ont pesé sur les ventes. Au second semestre les amateurs ont massivement répondu présent, tant à l’achat qu’à la revente de leur cave, voyant clairement l’avantage qu’ils pouvaient retirer d’une plateforme de vente digitalisée, et mondiale. Les ventes ont été particulièrement dynamiques jusqu’aux tout derniers jours de l’année. 2020 s’achève donc dans le vert tant sur le nombre de flacons vendus que de montant vendus, une performance que nous savourons dans un tel contexte !

Vous n’avez pas encore le détail des résultats de ces adjudications, j’imagine, en revanche on peut déjà évoquer certaines grandes tendances qui se détachent ?

Quatre points méritent d’être soulignés effectivement, tout particulièrement si l’on considère la gestion de cave sous un angle patrimonial.

1 – S’agissant des flacons les plus chers adjugés l’année dernière, le trio de tête est à nouveau Bourguignon, avec les domaines Leroy, d’Auvenay, Romanée Conti. Sachant que cette dernière signature, mythique, reste en tête pour ce qui concerne le palmarès des lots les plus chers, les fameuses caisses panachées : une telle caisse a dépassé le seuil des 53 000€ dans le millésime 1990. Les grands noms de Bourgogne demeurent incontournables dans une belle cave d’amateur.

2 – Les spiritueux conservent une place de choix dans nos palmarès, le flacon le plus cher adjugé sur iDealwine en 2020 étant un cognac, Rémy Martin Louis XIII, vendu 16 578€.

Les spiritueux occupent une place croissante dans les enchères, on le voit un peu partout dans le monde, c’est bien ça ?

Oui, les deux univers sont distincts, mais pas étanches ! Les amateurs de vin et de spiritueux forment deux mondes en grande affinité, nous avons pu le constater en lançant nouvelle plateforme d’enchères FineSpiritsAuction en partenariat avec la Maison du Whisky en fin d’année dernière. Lors de la première vente aux enchères, qui s’est déroulée en novembre, un flacon de whisky japonais de la distillerie Yamazaki de 1984, a été adjugé 12 744€ à un client d’iDealwine grand amateur de vin.

C’est donc un phénomène à considérer dans une perspective d’investissement ?

Oui, d’autant que les flacons sont plus faciles à conserver, notamment, pour les whiskies, à garder debout, non pas couchés, comme le vin, mais attention, c’est un univers qui nécessite, comme le vin, un vrai apprentissage…

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Qu’en est-il de la répartition par région, toujours dans les grandes masses avant d’affiner au cours des prochaines semaines ?

C’est mon troisième point, cette répartition des régions viticoles aux enchères, précieuse pour mesurer comment une belle cave patrimoniale doit évoluer pour coller aux tendances du moment. Le phénomène que nous avions observé à la fin du premier semestre se confirme en fin d’année, à savoir une très nette érosion de Bordeaux, en proportion des régions représentées. Bordeaux chute, de 40 à 33% de la valeur des ventes. En volume de flacons échangés, cette proportion passe 43 à 35%.
La région est distancée par la Bourgogne (seulement 26% en volume, 37% en valeur). Vous aurez noté au passage l’effet prix majeur sur les grands noms de Bourgogne.

La part de Bordeaux a donc diminué au profit de l’ensemble des autres régions, traditionnelles (Bourgogne, Rhône ou Loire, et même Champagne) mais aussi au bénéfice des grands vins étrangers qui représentent près de 4% des ventes, dont 60% de grands vins italiens.

Vous dites que la cave d’un amateur doit coller aux tendances du moment. N’y a-t-il pas des effets de mode, en matière de vin aussi ?

J’allais y venir. Cette question sur les phénomènes de mode, c’est l’un des grands sujets du moment.  Un point que nous suivons depuis plusieurs années de notre observatoire des ventes aux enchères que constitue iDealwine. N’oubliez pas que ce qui se passe aux enchères préfigure souvent ce que sera le marché de demain. Et le point que nous suivons de près, c’est l’évolution des méthodes de viticulture, intimement liée aux changements observés dans les recherches des amateurs. Nos analyses visent à déterminer quel sera le profil de l’amateur de demain, ce vers quoi ses goûts et ses recherches s’orienteront.

Vous voulez parler du bio ?

Oui, bien sûr, et même avant cela, à la recherche d’une viticulture respectueuse de l’environnement et des générations futures. Avant même le bio, on peut parler de viticulture raisonnée. Les domaines évoluent, se convertissent progressivement. Certains optent pour des méthodes plus écologiques sans pour autant revendiquer de certification. D’autres vont plus loin, passent en bio, voire en biodynamie.

Quelle est la part de toutes ces catégories de vin dans les ventes aux enchères ?

C’est cela qui est frappant. Les surfaces cultivées en bio, en France, représentaient en 2019 environ 12% du vignoble, une part en forte progression ces dernières années. La consommation, qui progresse pourtant de 10% en moyenne par an, représente encore une part minime du marché, inférieure à 4%. Ce qui se passe sur le marché des enchères est donc vraiment frappant.

Car les vins bio, biodynamiques et nature représentent non pas 4%, mais 25% du total adjugé l’année dernière ! Et si l’on y ajoute les vins « écologiques », issus de domaines bio, mais non certifiés, cette proportion atteint 47% des ventes. Plus qu’une mode, c’est une lame de fond à laquelle nous assistons. Et ce, d’autant que les domaines travaillant en culture raisonnée, c’est le cas de nombreuses propriétés bordelaises, ont une vraie préoccupation environnementale, on pourrait ajouter nombre d’entre elles à cette catégorie de « vins propres ».

Et les vins « nature », ou « naturels » ? A en croire les réseaux sociaux, une certaine génération, peut-être les grands amateurs de demain, ne boivent plus que ça…

Effectivement, le phénomène du bio et des vins nature est au cœur de notre scope d’analyse depuis plusieurs années. Attention, si vous allez dans un bar à vin de certains quartiers parisiens, on ne vous proposera que du vin bio. Est-ce pour autant le seul type de vin qui se vendra demain ? Il semble que nous sommes passés, en vingt ans, d’une emprise absolue de Robert Parker sur le monde du vin, à l’emprise et l’influence des réseaux sociaux. Attention à leur effet déformant. Par ailleurs, il est difficile de cerner précisément la catégorie vin nature, les méthodes, les chapelles, les labels étant pour l’instant pluriels, et chez iDealwine nous suivons plus particulièrement l’un d’entre eux, Triple A. Cette catégorie de vin dont, pour simplifier, se caractérise par le souhait de minimiser les apports extérieurs, et notamment le soufre, a représenté en 2020, près de 4% des flacons échangés aux enchères sur la plateforme d’iDealwine. Une proportion considérable puisque, rappelons-le, la consommation de vins bio (incluant les vins bio + biodynamiques + nature) représentait dans le même temps 4% du total en France.

Ces vins fragiles, qui ne voyagent pas, peuvent-ils intéresser une clientèle mondiale ? Et de ce fait être considérés comme éligibles au placement ?  

Si vous parlez d’investissement à un amateur de vin nature, malheur à vous…. Dans ce domaine, la nécessité de faire le tri est sans doute plus importante encore qu’ailleurs, notamment pour les raisons de stabilité, la fragilité face aux chocs thermiques ou de transport, et donc la capacité de garde de ces vins. Mais de grands noms se détachent depuis plusieurs années, à des niveaux de prix aux enchères qui n’ont rien à envier aux étiquettes plus classiques.

On en trouve dans toutes les régions ?
Certains terroirs sont plus favorables aux expériences nature, le Beaujolais en est un berceau historique, la vallée de la Loire aussi ainsi que le Jura. Et progressivement, plus aucune région n’échappe au phénomène.

Les prix s’envolent vraiment ?

Vous seriez surpris de l’évolution du palmarès de ces grands vins nature.

Au sommet, on retrouve… la Bourgogne !  Je pense au domaine Bizot. Un jéroboam – l’équivalent de 4 bouteilles – d’Echézeaux 2009 a été adjugé 7 368€.

Un autre nom qui va vous plaire, c’est celui du domaine Overnoy, dans le Jura. Son fameux vin jaune, a atteint l’année dernière 1 658€ dans le millésime 1983.

Mais il y a des domaines dont vous n’avez peut-être encore jamais entendu parler, comme celui des Jardins Esméraldins, dans la Loire. La cuvée Genèse 2000 de Xavier Caillard, a été vendue 1 363€.

Dans le Beaujolais, c’est toujours la fameuse cuvée l’Ultime, d’Yvon Métras, qui tient le haut du pavé. En magnum de 1999, elle s’échange 860€.

A Bordeaux aussi on trouve de grands vins nature (Château Le Puy en est un pionnier), et, bien sûr, à l’étranger également. Le phénomène est mondial, les amateurs en quête de ces découvertes le sont aussi. Vous allez voir que nous serons amenés à en reparler. Car tous les grands vignerons aujourd’hui, veulent travailler de manière plus respectueuse de leur environnement.

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