David Péhu - Domaine Pehu Simonet

Tout juste revenu de Corée, David Pehu s’est entretenu avec nous afin de nous conter l’histoire de son terroir, de son approche bio et de ses champagnes. Zoom sur une famille présente dans le secteur de la Montagne de Reims depuis quatre générations.

La famille Pehu, implantée depuis le début du XXème siècle

David Pehu est à la tête d’un petit domaine familial de cinq hectares de vignes, basé à Verzenay. Il est le fier représentant de la quatrième génération et nous raconte les origines du domaine.

Début des années 1900, la première génération vinifiait et commercialisait avec la veuve Pehu (les veuves en Champagne ont donné quelques grands noms…). Antonin Pehu, l’arrière-grand-père de David a ensuite vinifié, avant de laisser sa place à Charles Pehu et Marie-Claire Simonet. Cette-dernière avait également des vignes dans sa propre famille (ses vignes ont donné la cuvée numéro 7 de Villers-Marmery). Vous pouvez l’imaginer, le domaine Pehu-Simonet est donc le fruit de leur mariage. De son côté, arrivé en 1988, David Pehu vinifie aujourd’hui son 35ème millésime. Son empreinte, après trois générations d’histoire, il l’a notamment marquée par son combat pour le bio.

Une approche bio avec du bon sens : le respect du terroir

Convaincu des bienfaits du bio, David a l’audace d’outrepasser l’avis de ses parents qui reconnaîtront plus tard les résultats louables. « Quand on dit bio on n’a pas dit grand-chose à mon sens », nous souffle David. Alors, comment cette approche se manifeste-t-elle au domaine ? Concrètement, un troupeau de moutons désherbe une grande partie des parcelles et paît en hiver. Des chevaux sont utilisés pour les labours. L’agroforesterie fait également partie de la philosophie : depuis 10 ans, David plante des arbustes en bords de parcelles ainsi que des arbres au sein même des vignes. Et ce, chaque année, à la Sainte-Catherine, secondé par son fils âgé de 17 ans.

« Il y a une volonté d’aller un peu plus loin, de respecter l’environnement ainsi que les hommes et femmes qui travaillent chez nous. Je suis également convaincu qu’un végétal se porte mieux au contact des animaux. On a des vignes, mais pas seulement ! Il y a de l’herbe – on laboure un peu – ainsi que des arbres fruitiers pour privilégier la vie des sols. Quand on se promène ou qu’on travaille à la vigne, on peut ainsi cueillir une pêche de vigne. Je suis heureux que les gens qui œuvrent à mes côtés le fassent avec le sourire. »

Enfin, le point fondamental de cette approche bio est le respect du terroir. « On ne fait que passer mais le terroir reste. » David vise ainsi une « écologie de manière humaine, avec du bon sens ».

Le réchauffement climatique et ses défis

« Le réchauffement climatique a plutôt aidé les champenois entre la fin des années 90 et 2015. Les états sanitaires des raisins étaient meilleurs, les maturités également. Mais, aujourd’hui, le dérèglement climatique pose un problème. Prenons l’exemple de 2023 : en juin les fortes chaleurs ont failli tuer certaines vignes, en juillet il faisait froid, début août on a pris la douche, puis courant août la reprise de la chaleur a permis les maturités, avant qu’en septembre, pendant les vendanges, il fasse plus de 40°C par moments et que les raisins commencent à flétrir. Il faut savoir réagir rapidement, chose difficile. De toutes les façons, nous devrons continuer à travailler avec ces conditions ».

Des vinifications peu interventionnistes

Après un travail titanesque à la vigne, il faut accompagner le terroir en cave. Pour cette raison, les vinifications sont peu interventionnistes. Si le millésime le permet, David Pehu privilégie les levures indigènes (et ne chaptalise que rarement, lorsque c’est nécessaire).

Les fermentations malolactiques sont partielles. La vinification a lieu à 60% sous-bois (fûts de 228 litres majoritairement, complétés par des demi-muids) et à 40% en cuves inox. David se dit prudent sur le bois neuf, afin de ne pas masquer le terroir. Il est également très attentif à l’oxydation de ses vins. Pour finir, il sulfite peu.

Les champagnes du domaine sont réalisés dans la pure tradition champenoise : ce sont pour la plupart des assemblages de pinot noir (80%) et de chardonnay (20%). Une réserve perpétuelle entre dans la confection. David complète parfois sa production par un peu d’achat de raisin avec « des gens intelligents qui travaillent dans notre esprit ».

Les champagnes du domaine Pehu Simonet

Face Nord extra-brut grand cru : sur le versant Nord de la Montagne de Reims à Verzenay. « 8 années sur 10, l’exposition Nord est gagnante, révélant plus de finesse et de fraîcheur »

Fins lieux n°1 Les Perthois grand cru (Verzenay) : un blanc de noirs extra-brut grand cru partiellement vinifié en barrique et dont l’élevage en cave dépasse les 60 mois !

Fins lieux n°2 Les Crayères grand cru (Verzenay) : le nom de la parcelle principale de cette cuvée est évocateur : Les Crayères de la Voie de Reims…

Fins lieux n°3 Les Poules grand cru (Mailly) : provenant de raisins bios classés grands crus à Mailly, ce blanc de noirs est produit en quantité limitée (environ 3.000 bouteilles)

Fins lieux n°7 Les Chouettes premier cru (Villers-Marmery) : autrefois vendus au négoce, les raisins de cette cuvée sont d’une telle qualité que David Pehu a décidé de les vinifier pour en faire une cuvée limitée à 2500 bouteilles !

Ce qu’en disent les guides

Bettane + Desseauve ***

« David Pehu est installé à Verzenay (…) sur les terroirs de Verzenay, Verzy, Mailly-Champagne et Sillery. À la vigne, viticulture biologique et défense du travail des sols qui, selon lui, apporte du fond à ses vins. Côté cave, il exploite son parcellaire dans une gamme numérotée baptisée fins-lieux. Les vinifications sous bois, à la bourguignonne, font partie des itinéraires œnologiques du domaine, non sans une certaine réussite. Le style est dense, tonique, jamais lourd. »

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