Patrick Baudouin, défenseur et révélateur des grands terroirs de l’Anjou noir

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Situé au cœur de l’Anjou noir, le domaine est né d’une exploitation familiale révélée par Patrick Baudouin qui l’a repris en 1990. A force de réflexion et de remise en question, il a su amener son domaine au plus haut niveau. C’est aussi un vigneron particulièrement engagé dans la promotion des grands terroirs de sa région, mais aussi au sujet de la place du chenin en Anjou.

La renaissance du domaine familial

Situé à Chaudefonds-sur-Layon, au sud d’Angers, en plein Anjou noir – vous savez, cette région qui fait pas mal parler d’elle depuis quelques temps, à ce sujet vous pouvez lire notre article “Anjou noir, nouvel eldorado au cœur de la vallée de la Loire” -, le domaine Patrick Baudouin a été créé par les grands-parents de ce dernier, Maria et Louis Juby en 1920. En 1990, Patrick Baudouin décide, après diverses expériences professionnelles, dont une de libraire à Paris, de retourner sur ses terres natales et de reprendre le domaine familial. Pourtant, à ce moment-là, l’exploitation est en friche et les vignes ne comptent plus que quelques hectares. Il entreprend alors un travail considérable de restructuration de la propriété et d’agrandissement du vignoble jusqu’à atteindre aujourd’hui 13,5 hectares répartis sur les communes de St Aubin-de-Luigné, Chaudefonds-sur-Layon, Rochefort-sur-Loire et Savennières.

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Le vignoble est planté à 80% en chenin (produisant à 80% des blancs secs) et 20% de cabernet franc. Cela tient d’ailleurs à une volonté forte de Patrick Baudouin de redonner au chenin toute la place qu’il mérite en Anjou : “Autrefois sous Napoléon, on disait déjà que le chenin était le bon cépage d’Anjou et c’était celui qui dominait, alors qu’aujourd’hui, il ne représente plus que 20% de l’encépagement dans la région. On a désormais beaucoup plus de cabernet franc pour une production de rouge et de rosé.“, nous explique-t-il.  Sa démarche a ainsi été de mieux comprendre le chenin et de le valoriser sur ses terroirs.

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Le domaine est basé sur des coteaux et jouit de la très grande diversité de terroirs de l’Anjou noir, notamment grâce à une grande variété et complexité géologique, les sols étant composés de schistes, de grès et de roches volcaniques.

Avec la production de vins secs, le vigneron a également développé la production parcellaire pour mettre au mieux en valeur la diversité de son terroir.

La sortie des sentiers battus et la remise en cause des pratiques courantes

Lorsqu’il arrive au domaine, Patrick Baudouin s’inscrit au début dans la tradition de la région et des méthodes de travail les plus rependues à l’époque : il produisait essentiellement des vins liquoreux en chaptalisant légèrement – procédé d’ajout de sucre au moût de raisin pour augmenter le degré d’alcool et/ou la sucrosité du vin – et en utilisant des levures du commerce, mais réalisait également quelques vins rouges. Rapidement, il se pose des questions et commence à remettre en cause ces manières de travailler. Il se renseigne, fait des recherches, lis beaucoup sur tous ces sujets et écrit même des documents sur l’histoire et l’économie de la production viticole régionale. Son discours n’est alors pas forcément bien accueilli, surtout lorsqu’il déclare par exemple que l’économie viticole du Layon repose en réalité en partie sur la culture de la betterave (via la chaptalisation) ! Il en vient rapidement à remettre en cause la chaptalisation qui était omniprésente à cette époque dans ce vignoble et décide de s’en passer totalement dès les vendanges 1994. Patrick Baudouin se confronte alors à la même problématique que les “anciens” qui ne chaptalisaient pas : l’irrégularité de la production de vins liquoreux botrytisés – du fait des aléas climatiques, mais aussi de la versatilité du chenin -, par opposition à une production régulière et une économie stable permises par une production basée sur la chaptalisation. Pour pallier cette irrégularité qui mène même à certaines années d’absence (totale ou partielle) de production de liquoreux, mais aussi par goût et intérêt pour ces vins, Patrick Baudouin décide, avec d’autres vignerons de se lancer aussi dans la production de chenins secs. “Ça fait justement partie de la force du chenin, d’être aussi bien à l’aise sur les vins secs que liquoreux. Pour autant, je ne suis absolument pas contre les liquoreux, j’en produis au contraire dès que c’est possible, mais je ne prends que ce que la nature a à offrir, ” nous précise-t-il. Ainsi, l’économie du domaine repose aujourd’hui à 80% sur les blancs secs, à côté d’une petite production de vins rouges et liquoreux lorsque l’arrière-saison est belle. “Sur les six dernières années, nous avons gelé quatre années entre 40 et 60%. Donc comme la décision de laisser le botrytis se former sur les baies, et l’attente qui va avec, sont toujours un risque supplémentaire, et bien on y réfléchit bien avant de se lancer !

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Aujourd’hui, la chaptalisation est interdite dans certaines appellations de la région et très limitée dans les autres, ce qui a drastiquement baissé les volumes de production des vins liquoreux. Pour autant, celle de vins secs dans ces appellations (Quarts-de-chaume, Coteaux-du-layon…) n’est plus reconnue depuis 1996 (sauf à Savennières), alors qu’elle était possible avant. Ainsi, tout producteur de blanc sec dans le Layon se doit de commercialiser son flacon sous l’appellation régionale Anjou blanc.

Un vigneron engagé dans de nombreuses causes viti-vinicoles

Patrick Baudouin se bat depuis de nombreuses années pour la reconnaissance des grands terroirs de sa région – et aussi, vous l’aurez compris, pour leur production en vin blanc sec -. Il œuvre notamment pour la reconnaissance des crus d’Anjou blanc, une démarche complexe, notamment du fait de l’imbrication avec les appellations, mais en bonne voie, puisqu’une commission d’enquête de l’INAO devrait venir dans la région prochainement pour évaluer ce projet. Patrick Baudoin a ainsi endossé le rôle de co-président de l’appellation Anjou blanc. Pour lui, le système des appellations a été dévoyé, l’objectif initial de ses fondateurs en 1935 étant en effet de protéger ce qu’ils appelaient alors les vins fins, qu’on appelleraient aujourd’hui les « vins de lieux », environ 15% de la production de l’hexagone, alors qu’aujourd’hui, l’appellation ne permet plus de distinguer ces «vins de lieux » des vins  « de volume », de région, 50% des vins pouvant s’en revendiquer ; c’est pour cela qu’il voudrait une segmentation supplémentaire.

Il s’est également engagé dans diverses associations comme la Sapros, créé en 2001 avec Alexandre de Lur Saluces comme président, pour promouvoir les vins liquoreux produits sans chaptalisation ; mais aussi dans l’association Seve, qui a travaillé notamment avec l’ancien président du comité vins de l’INAO, l’angevin René Renou, pour réformer le système des AOC. Enfin, il a beaucoup travaillé à la compréhension et la reconnaissance du chenin en Anjou, il a notamment participé à la tenue du 1er congrès international du chenin à Angers en 2019

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Une production bio et de mise en valeur des terroirs d’Anjou

Le vignoble est cultivé en bio, certifié depuis 2005. Beaucoup de travail est abattu dans les vignes, avec un salarié pour deux hectares en moyenne – ce qui est assez rare dans la région -. L’engagement humain est d’ailleurs fort puisque le domaine travaille notamment avec un ESAT (établissements ou services d’aide par le travail, pour les personnes handicapées) depuis 2008.

Les vignes sont travaillées le plus naturellement possible, avec essentiellement une utilisation du soufre et du cuivre en quantités raisonnables. La traction animale est largement adoptée sur l’ensemble des vignes, même si le tracteur est aussi emprunté en complément. “Nos sols ne sont pas simples à travailler, ils sèchent et durcissent très vite et sont en coteaux.” Précise-t-il. L’équipe s’intéresse beaucoup à la vie et la microbiologie des sols, elle se forme régulièrement à propos de ces enjeux. Concernant la biodynamie, Patrick Baudouin nous explique ne pas être intéressé par cette tendance, assimilant ce mouvement à de l’occultisme. Idem pour la mouvance des vins nature, qu’il ne cherche pas à rejoindre non plus : pour lui c’est bien l’homme qui fait le vin et il doit prendre toutes les précautions possibles pour que le vin se boive et se conserve parfaitement.

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En cave, le travail est assez classique, les fermentations, réalisées en fûts, sont spontanées, mais avec le changement climatique et l’évolution des conditions de fermentation en découlant, il peut arriver, pour les relancer au printemps et enchaîner sur les malolactiques sans déviation, qu’il soit amené à davantage intervenir, y compris en réensemençant avec des levures sélectionnées neutres aromatique ment.

 

Pour conclure, Patrick Baudouin nous reconfirme sa volonté que les plus beaux terroirs de l’Anjou et les grandes cuvées qu’ils peuvent produire soient plus reconnus. Il estime que leurs prix proposés aux amateurs, correspondant aux coûts de production de ces cuvées toujours élevés (rendements bas, travail en coteaux, travail humain, etc..…). doivent permettre aux vignerons de bien vivre de leur travail. C’est pour cela qu’il milite activement pour une segmentation des appellations, qu’il travaille à ce que les vins d’Anjou parviennent à percer le plafond de verre des grands vins français et atteignent la reconnaissance qu’ils méritent. Le vigneron reste absolument conscient que les vins d’Anjou npeuvent proposer toute une gamme de qualité et qu’il existe bien sûr des vins de grands volumes et de consommation courante. Pour autant il continue d’œuvrer à la reconnaissance de ces nectars iconiques, et iDealwine lui souhaite évidemment d’y arriver, car nous savons que ce serait amplement mérité !

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Les vins du domaine Patrick Baudouin en vente

Anjou les Coteaux d’Ardenay 

La dégustation nous présente un vin à la fois fin mais aussi dense et structuré par de beaux tanins qui gagnent à vieillir quelques années en cave. Il permettra de beaux mariages gastronomiques avec des viandes de caractères, en daube ou en civet.

Anjou Effusion

La dégustation nous dévoile un vin à la robe jaune pâle aux reflets dorés. On retrouve au nez des notes de fruits à chair blanche (pomme, poire), de fleur et d’agrume. Rond et vivifié par une acidité bien maîtrisée, il s’apprécie dès aujourd’hui et au cours des dix prochaines années. Les gourmets feront bien de le marier à des poissons d’eau douce ou des légumes de printemps.

Anjou Les Touches

La dégustation nous présente un vin à la robe rubis foncé aux reflets violacés, un bouquet aromatique riche en notes de fruits rouges et noirs charnus, de cèdre et de réglisse. La bouche, elle, est structurée par de beaux tanins et assure des mariages gastronomiques savoureux avec des mets de caractère comme une viande en sauce, un gigot d’agneau de sept heures et ses flageolets ou un brie à la truffe.

Anjou Le Cornillard

Dans le verre, l’amateur retrouve une cuvée puissante, dotée d’une belle matière, au fruité éclatant et à la minéralité insistante.
Voici un grand vin qui mérite un accord avec des mets nobles comme une poêlée de noix de Saint-Jacques ou des recettes étrangères telles une fondue vietnamienne.

Anjou Les Gats

La dégustation nous dévoile un vin vif et tendu marqué par des notes de fleurs blanches, de fruits blancs (pomme, poire), d’agrume et de minéraux. Il gagnera à être savouré dans sa prime jeunesse le temps d’un apéritif dinatoire ou pour accompagner des entrées. Nous pensons ainsi à des tranches de gravlax de saumon aux agrumes, des verrines d’avocat ou un gratin d’asperges verte au jambon de pays.

Coteaux du Layon Sélection de Grains Nobles

Un vin à la robe jaune aux reflets dorés et au bouquet aromatique extrêmement complexe. On retrouve ainsi des notes de fruits confits, de miel, de marmelade, d’épices douces, de fruits exotiques et de pâte de fruits. La bouche équilibre onctuosité et acidité typique du cépage et du terroir.
Nous vous recommandons de conserver cette cuvée quelques années en cave, voire plusieurs années, afin de l’apprécier pour elle-même le temps d’un moment de méditation ou pour accompagner des mets épicés et sucrés-salés.

Anjou Les Glanées

La dégustation nous présente un vin à savourer dans sa jeunesse et à apprécier pour sa robe jaune pâle aux reflets verts qui tire vers le doré avec le temps. Le bouquet aromatique est marqué par des notes de fruits blancs comme la poire et la pomme ainsi que les fleurs blanches et une belle minéralité.
Ce vin s’appréciera avec des mets fins comme un flan au brocoli et aux amandes, une salade de concombre, d’avocat de saumon et de pavot ainsi qu’une mousseline de fenouil.

Anjou Savennières Bellevue

Côteaux du Layon Les Bruandières

La dégustation nous présente un vin à la robe jaune aux reflets dorés. De celle-ci s’échappe un bouquet aromatique intense et complexe mêlant des touches de miel, d’abricot, de marmelade, de fruits confits, de pâte de coing et de mirabelle. La bouche équilibre joliment suavité, onctuosité et belle acidité. Les amoureux de gastronomie n’hésiteront pas à conserver ce vin quelques années en cave et à le marier à des mets exotiques, épicés ou sucrés-salés.

Côteaux du Layon Maria Juby

La bouche présente ainsi une onctuosité fruitée et miellée équilibrée par une superbe tension conférée par une acidité bien maîtrisée. Vous l’aurez deviné, cette cuvée est indéniablement taillée pour la garde et accompagnera des mets étonnants comme des recettes épicées ou des viandes rôties aux fruits. Attention, la production est confidentielle et rare.

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