Le millésime 2015, tant attendu, annoncé comme exceptionnel, est désormais en bouteille, et disponible à la vente. Pour vous guider dans vos achats, iDealwine fait le point, région par région. Et on commence avec les vignobles les plus septentrionaux de l’hexagone, Bourgogne, Beaujolais, Champagne, Alsace, Jura et Savoie.
Avantage aux vins rouges en Bourgogne
Comme presque partout en France, la Bourgogne a bénéficié en 2015 de bonnes conditions climatiques. Dès le printemps, le ton est donné : le millésime sera précoce. La floraison se déroule en quelques jours début juin, annonçant le lancement des vendanges fin août, début septembre.
Une année également marquée par un été exceptionnellement beau et chaud, même très chaud, surtout en juillet. L’avance prise au printemps a été en partie neutralisée par un mois de juillet quasi caniculaire et un manque d’eau qui a bloqué la progression des maturités. Le retour de quelques précipitations en août relance les vignes, et la maturation des raisins démarre alors très rapidement avec une progression exceptionnelle des teneurs en sucres. Les niveaux d’acidité restent très satisfaisants, en harmonie avec le potentiel aromatique déjà perceptible, ils donneront des vins parfaitement équilibrés.
La météo estivale éloigne aussi tout risque de développement de pourriture. L’état sanitaire du vignoble est excellent. Cette situation quasi parfaite permet de récolter de superbes raisins à maturité idéale, mais revers de la médaille (surtout pour les vignerons), les rendements sont très nettement en-dessous de la moyenne…
D’une façon générale, les rouges sont largement plus réussis que les blancs, le chardonnay ayant plus souffert des hautes températures estivales. Il était difficile de récolter ce cépage au bon moment. Certains se sont précipités et ont produit des vins certes frais, mais flirtant avec le végétal, d’autres attendant un peu trop et obtenant des vins blancs lourds et marqués par l’alcool. En blanc, il faudra privilégier les terroirs les plus frais (Saint-Aubin, Puligny, Auxey-Duresses). À Chablis, une acidité en retrait pourra surprendre les fans de chardonnays tendus, mais il y a de jolis vins à boire, sans doute un peu plus rapidement que d’habitude.
Les rouges de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune sont rares mais superbes ! Les vins offrent une belle chair dense avec des tannins bien mûrs et juteux et une très longue garde est assurée. En revanche, comme les 2005, une période de fermeture assez longue est probablement à prévoir… Un peu comme en 2009, tous les niveaux de la hiérarchie des terroirs sont réussis et les esprits chagrins feront remarquer à juste titre qu’en vins jeunes la différence se fera moins sentir que sur des millésimes globalement moins réussis. Mais au bout d’une dizaine d’année et plus, les grands climats marqueront sans aucun doute leur différence…
L’amateur averti, mais au budget plus limité, pourra se tourner avec profit vers les appellations moins médiatisées, par exemple la Côte Chalonnaise, notamment à Rully ou à Givry, et vers le Mâconnais où les rouges (de gamay ou de pinot) sont splendides et plus faciles à aborder dans leur jeunesse que ceux de Nuits ou de Beaune.
Notes des vins rouges 2015 : 18/20
Notes des vins blancs 2015 : 15/20
Beaujolais 2015 : de petits volumes mais une qualité au sommet
Les vignerons ont toujours deux façons de juger un millésime. À leurs yeux un bon millésime est celui où la qualité est au rendez-vous et indéniablement c’est le cas des 2015 ici. Mais un très bon millésime est aussi celui où les quantités récoltées sont satisfaisantes et là, notre vigneron du Beaujolais fera la grimace, car les volumes sont en baisse considérable, parfois inférieurs à 20 hl/ha…
Pour l’amateur l’essentiel étant bien évidemment la qualité des vins produits, le fan de gamay sera comblé en 2015. On a pourtant frôlé le pire tant la sécheresse était problématique jusqu’au début du mois d’août, mais une pluie bienfaitrice à partir du 10 a permis de débloquer les maturités. Le seul risque était de succomber à la gourmandise d’attendre un peu trop avant de vendanger, car un vent chaud a quelque peu confit les raisins retardataires, donnant des vins lourds, déséquilibrés en alcool et à l’aromatique un peu pataude.
Les vendanges ont été précoces, comme presque partout en France, et ont bénéficié d’un état sanitaire parfait avec une maturité très homogène des baies. Les degrés potentiels sont élevés (entre 13° et 15°), et les robes sont exceptionnellement denses. L’acidité globale était relativement peu élevée pour la région et il fallait être attentif en cave pour ne pas produire des vins manquant de dynamisme, un comble pour le Beaujolais. Ceux qui ont aimé les 2009 et les 2005 ne seront pas dépaysés par un fruit exubérant auquel il est bien difficile de résister ; ceux qui ne jurent que par 2008 ou 2013 risquent de trouver plusieurs cuvées légèrement trop riches et manquant un peu de la tension habituelle. Mais autre point positif : les plus beaux 2015, à Morgon ou à Moulin-à-Vent par exemple, feront de très belles bouteilles que l’on peut envisager de garder une bonne dizaine d’années, voire nettement plus !
Notes des vins rouges 2015 : 17/20
Alsace : de savoureux pinots noirs
Comme dans la plupart des appellations françaises, l’année 2015 a été caractérisée en Alsace par une forte chaleur (près de 14° de moyenne annuelle, 2° de plus qu’en 2014 !) et même des épisodes de sécheresse, principalement au mois de juillet. Mais, contrairement à 2003, des précipitations au mois d’août ont permis de relancer la maturation des baies, pour arriver en septembre à une belle récolte, saine, avec des taux de sucre assez forts et des degrés d’acidité un peu faibles, mais une belle intensité aromatique.
L’autre caractéristique marquante de l’année est la précocité des vendanges, la quasi-totalité des vins secs étant rentrée avant fin septembre, ce qui n’est pas loin des records de 2003.
Enfin, dernière tendance de l’année : le faible volume des récoltes. C’est la troisième année consécutive où la production alsacienne est en-dessous de la moyenne, ce qui conduit mécaniquement à la fois à une baisse des stocks et à celle des volumes commercialisés.
Les raisins rouges se sont bien accommodés de ces conditions climatiques et les pinots noirs alsaciens sont particulièrement savoureux, pleins et mûrs, souvent accompagnés d’une belle gourmandise. Les blancs sont plus atypiques, car les baies avaient moins de jus que d’habitude (effet de la sécheresse) et le rapport peaux/jus donne des vins plus riches, plus denses et souvent aussi un peu plus alcoolisés. L’équilibre, avec une acidité un peu plus faible que d’habitude, était plus délicat à tenir pour les vignerons et seuls les meilleurs auront évité le piège du “too much”, avec des vinifications délicates et des sucres difficiles à terminer.
Les vins moelleux seront avant tout des vins de passerillage, onctueux, mais sans doute un peu moins complexes que lorsque le botrytis est de la partie.
Note des vins blancs secs 2015 : 15/20
Note des vins blancs moelleux 2015 : 15/20
Note des vins rouges 2015 : 17/20
Champagne : un verdict à affiner d’ici deux ans
La qualité d’un millésime très récent est toujours un peu plus difficile à évaluer en Champagne qu’ailleurs puisque, par définition, les vins ne sont commercialisés que plusieurs années après la vendange. On doit donc, dans un premier temps, se contenter de donner un avis théorique basé sur les conditions climatologiques, et une appréciation gustative fondée sur la dégustation des vins clairs, avant leur champagnisation.
Sur le plan climatique, la Champagne a connu globalement les mêmes conditions que les autres vignobles septentrionaux, un été très chaud et sec qui aurait pu poser des problèmes si une pluie bienvenue n’avait pas relancé la progression des maturités en août.
Le pinot noir est de loin le cépage qui tire le mieux son épingle du jeu, un peu comme dans les appellations assez voisines de Bourgogne. L’Aube et la Montagne de Reims sont des vignobles qui devraient produire de très beaux blancs de noirs à base de ce cépage. Dans la vallée de la Marne, des pluies ont un peu troublé la qualité des pinots meuniers, mais dans les assemblages, cela ne devrait pas être un handicap. Les chardonnays sont assez hétérogènes avec, comme en Bourgogne, des risques de lourdeur (quand ils ont été vendangés un peu tard) ou au contraire de notes végétales quand, par crainte, ils ont été rentrés un peu tôt. Dans ce type de millésime où une viticulture soignée arrive à contrecarrer les excès de l’année, les vignerons en bio ou en biodynamie sont arrivés à produire des vins clairs particulièrement prometteurs. Rendez-vous d’ici un an ou deux (ou plus pour les meilleures cuvées millésimées) pour juger de la véritable qualité des champagnes en bouteille lors de leur commercialisation.
Notes des champagnes blancs de noirs 2015 : 17/20
Notes des champagnes blancs de blanc 2015 : 15/20
Jura – Savoie : des rouges pleins et riches
Le Jura n’a pas échappé aux conditions climatiques qui ont été généralement celles des vignobles septentrionaux : un été chaud et sec, surtout en juillet, et des pluies bienvenues en août. Les raisins rouges sont sans doute ceux qui ont le mieux profité de ces circonstances, atteignant des niveaux de maturité (mais aussi d’alcool) plutôt rares dans cette région. L’amateur trouvera donc de très grandes cuvées dans cette couleur, riches et denses, avec un potentiel de garde certain. Certains seront peut-être déroutés par ces vins au caractère “sudiste” avec des degrés assez élevés et un peu éloignés des structures habituellement plus fraîches qu’ils connaissent d’habitude. Grâce à des vignes généralement situées plus en altitude que dans la plupart des vignobles français, les blancs ont bien résisté aux excès de chaleur de l’été. Ils seront denses et riches mais garderont un bel équilibre grâce à une acidité qui a moins faibli que dans d’autres régions. Quelques rares cuvées pourraient toutefois se montrer un peu lourdes et manquer de tonus.
La Savoie, qu’on associe toujours au Jura bien que ces deux vignobles n’aient pas grand-chose en commun à part leurs caractère montagnard, a néanmoins connu une année assez proche de son voisin. Mêmes causes, mêmes effets : les rouges savoyards, qu’ils soient issus du gamay, du pinot noir ou de la mondeuse, seront pleins et riches avec une belle concentration mûre et les plus belles cuvées pourront se garder avec bénéfice sur dix ans et plus, surtout les mondeuses. Les blancs, sans démériter, se révèlent un cran en-dessous, manquant le plus souvent d’un peu d’acidité. Mais ils seront plaisants dans leur jeunesse et agréables à boire sur leur fruit.
Notes des vins rouges 2015 : 17/20
Notes des vins blancs 2015 : 16/20
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