histoire du vin en Grèce

Ce sont les Grecs qui, les premiers, ont bâti une civilisation du vin et développé son commerce. Les poèmes homériques et la mythologie n’ont fait qu’exprimer cet art : tirer de la vigne des vins de haute valeur, capables de se conserver longtemps et de supporter les longs transports grâce aux amphores et plus tard, aux tonneaux. Comme le barbare ignorant la langue grecque, un homme méconnaissant l’art de la vigne était, aux yeux des Hellènes, un inculte. Le Cyclope de l’Odyssée est le parfait exemple de cette ignorance, tournée en ridicule ; dans le reste du récit, la figure du barbare est assimilée à celle d’un « pasteur buveur de lait »…

« Tu planteras tes vignes sur les montagnes de Samarie » (Jér. XXXI, 5)

Pour les Grecs, il y a une noblesse de la culture de la vigne, parce qu’elle nécessite rigueur et intelligence pour produire des vins de qualité, et surtout, une maîtrise dans la sélection des variétés, et dans celle des lieux les plus propices à sa culture, notamment les régions montagneuses, comme l’île de Chio ou l’arrière-pays de Smyrne ;  « Apertos Bacchus amat colles » écrit Virgile dans les Géorgiques. La proximité de voies navigables est aussi une donnée importante. Les vins sont alors acheminés par voie maritime ou fluviale, dans des amphores, ou transvasés dans des outres de peau. L’industrie céramique a ainsi longtemps été liée au commerce du vin. Le tonneau est apparu à l’époque des Antonins (Ier et IIe siècle ap.J.C), lorsque la culture de la vigne s’étendit vers le Nord.

La culture grecque de la vigne s’est ainsi répandue jusqu’aux extrémités occidentales du bassin de la Méditerranée. Et avec elle les richesses et les échanges commerciaux, lucratifs. Le vin avait valeur de monnaie (souvent échangé contre des esclaves) et les trafiquants méditerranéens, attirés par l’appât du gain, étaient légion. Ils rapportaient de leurs voyages des récits, et notamment quelques aventures prêtées à Dionysos. Le dieu en effet bourlingua pas mal et convertit au vin un certains nombres de badauds. Malgré tout, le vin conservait son aura et était l’objet de toutes les attentions : on a retrouvé à Vix, en Bourgogne, dans une sépulture de la fin du VIe, une luxueuse vaisselle vinaire d’origine grecque, en bronze et terre cuite.

Vin contre esclaves

Le commerce du vin a surtout servi la colonisation grecque ; car il était l’un des principaux moyens de se procurer des esclaves au temps où il n’y avait pas encore d’armées régulières. C’est pour cet intérêt en particulier que la viticulture grecque se répandit de façon aussi efficace ; les Grecs voyagèrent avec leurs plants et exportèrent ainsi leur savoir-faire comme monnaie d’échange. Vers le Nord, à l’intérieur du Continent, et jusqu’en Thrace, au climat plutôt rude, et sur les rivages de la Mer Noire. Au-delà de cette limite septentrionale, la culture devenait très difficile. L’Italie bien sûr fut hellénisée de la sorte et le culte de Dionysos – Bacchus y était vivace.

Avant cela, les Latins ignoraient l’art de la vigne et de la taille ; ceci explique le retard que prit Rome dans sa participation au grand commerce du vin : il faut attendre -150 av.J.C (soit 600 après la fondation de Rome) pour que les vignobles du monde latin sortent de l’obscurité. Et les meilleurs d’entre eux se trouvent en Campanie, qui donnait le fameux Falerne, à base du plant aminéen, apporté par les Grecs. Longtemps le vin de Campanie fut appelé « vin grec ». Ce vin prit ensuite la route de la Gaule…

A suivre le mois prochain : la vigne en Gaule jusqu’à Auguste.

* Titre emprunté à l’ouvrage de Roger Dion, Histoire de la vigne et du vin en France, des origines au 19e siècle, CNRS Editions.

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