La «viticulture biodynamique» peut sembler quelque peu obscur, nous pouvons l’admettre. Mais plus qu’un jargon technique pour étiqueter les vins de la nouvelle tendance, la biodynamie renvoie à une philosophie qui remonte au XIXe siècle ; une approche de l’agriculture alignant les mystères éthérés du cosmos avec la matière organique de la terre et ses produits. Certains y consacrent leur vie. D’autres dénoncent la méthode, l’assimilant à une pratique qui confine à l’occultisme. Quoi qu’il en soit, face à l’explosion du phénomène, il vaut donc la peine de comprendre ce que signifie une étiquette biodynamique pour le vin dans votre verre.
Qu’est-ce que la « biodynamie » ?
Pour comprendre la biodynamie, nous pouvons commencer par un concept plus familier : le l’agriculture biologique. En réaction contre les méthodes industrielles à grande échelle, la bio interdit l’utilisation de pesticides et d’herbicides chimiques. Les raisons des choix de produire en bio peuvent être variées, qu’il s’agisse de raisons environnementales ou sanitaires. Les vins biologiques sont élaborés sans l’utilisation de produits chimiques dans le vignoble tels que des herbicides pour tuer les mauvaises herbes, des engrais chimiques pour le sol ou des insecticides pour repousser les insectes destructeurs, mais également sans produit chimique au chai.
Les méthodes biodynamiques partent de cette base mais en allant plus loin et dans une approche plus holistique. Cette approche considère la ferme ou le vignoble et ses terres environnantes comme un écosystème vivant global, à maintenir en équilibre. Dans le monde de la viticulture, cela signifie prendre en compte les questions de biodiversité, de régénération, de responsabilité environnementale et de stimulation de la vie dans le vignoble et au-delà. Il s’agit de regarder la situation dans son ensemble.
Que signifie la biodynamie pour le vignoble ?
Intriguée par les mentions du calendrier lunaire, la présence de violons dans le vignoble et les conseils improbables de vignerons de « ne jamais ouvrir [leur] vin par temps de tempête », j’étais curieuse de savoir ce qui se passe vraiment pour traiter le sol sacré d’un vignoble biodynamique
Le mouvement biodynamique a fait peau neuve, du moins en ce qui concerne son étiquette officielle. J’ai même presque été déçue dans ma recherche de l’étrange et du merveilleux, ne trouvant aucune mention de la lune, du cosmos ou des mystérieux rituels de minuit ! Au lieu de cela, une grande partie de l’accent est mis sur la vie du sol, l’agriculture régénératrice et la séquestration du carbone. Je me suis penché sur les critères précis détaillés par Demeter, principal organisme en charge de la certification des producteurs en biodynamie. Mon espoir d’une simple liste de cases à cocher était naïf, et le vaste tableau de restrictions chimiques et de méthodes viticoles époustouflantes me dépassait un peu. La question semblait pourtant simple : que fait un vigneron en biodynamie dans son vignoble de si différent ? – alors j’ai continué et j’ai trouvé trois méthodes clés au cœur du concept biodynamique :
- Les préparations : le compost enrichi d’herbes médicinales comme l’achillée millefeuille, la camomille, le pissenlit et la valériane (entre autres) est utilisé pour enrichir la vie du sol. Il semblerait que les additifs naturels renforcent le compost, augmentant sa capacité à restituer à la terre. Une autre préparation utilisée est appelée silice de corne (ou préparation 501), qui consiste à emballer du quartz finement broyé dans une corne de vache et est associée au transfert d’énergies aériennes dans le sol (d’accord, là, il se passe des choses étranges et merveilleuses). De même, le fumier de corne est enfoui dans le vignoble pour ses propriétés dites « terriennes ».
- Méthodes physiques : le travail humain est toujours prioritaire sur les solutions technologiques et chimiques. De cette façon, l’artisanat est en harmonie avec l’environnement, contribuant à favoriser une interaction plus directe entre l’homme et la nature.
- Diversité : toutes sortes de vies organiques sont encouragées dans le vignoble biodynamique. La biodiversité est bonne pour la santé et la résilience des plantes, et la vigne ne fait pas exception. Les animaux sont également souvent autorisés à paître dans les vignes, un processus physique qui enrichit le sol.
Bien sûr, les viticulteurs ont des opinions divergentes sur ce qui convient le mieux à leurs vignes, et certains iront beaucoup plus loin dans leurs méthodes, suivant les rythmes cycliques de la terre et du cosmos dans le cadre de leur préparation par exemple. Ce type de méthode ne semble pas être mentionné dans les directives officielles (Demeter). L’importance de ces méthodes ne réside sans doute pas tant dans leur efficacité que dans leur signification culturelle ; les personnes qui y sont attachées et les traditions qu’elles perpétuent.
Que signifie la biodynamie pour le producteur ?
Comme Michel-Ange « révélant » ses sculptures à partir de la pierre, un vigneron en biodynamie « ne fait pas de vin, il l’accompagne ».