Le vignoble français se répartit entre plusieurs grandes régions qui se différencient bien entendu par des conditions climatiques et des terroirs bien spécifiques, mais aussi par des cépages qui sont le plus souvent emblématiques de ces vignobles. Aujourd’hui nous vous proposons un tour de France de ces cépages symboliques.
Champagne : pinot noir, pinot meunier et chardonnay
À tout seigneur, tout honneur, débutons ce tour de France par le vin le plus festif, le champagne. Si sept cépages peuvent entrer dans la composition d’un champagne, arbanne, petit meslier, pinot blanc, pinot gris, chardonnay, pinot meunier et pinot noir, les trois derniers représentent plus de 98 % de l’encépagement, chacun d’entre eux étant pratiquement à égalité. Le pinot noir est dominant sur la Montagne de Reims et dans l’Aube, le pinot meunier dans la Vallée de la Marne et le chardonnay dans la Côte des Blancs au sud d’Épernay. Il existe aussi bien des champagnes ne comportant qu’un seul de ces trois cépages ou constitué d’un assemblage de deux d’entre eux ou des trois. Les champagnes issus de pinot noir (ou d’assemblages dans lesquels celui-ci est très dominant) sont généralement amples et puissants, ceux dominés par chardonnay (ou exclusivement de ce cépage) plus vifs et plus cristallins, le pinot meunier donnant généralement des champagnes plus légers, vifs et très fruités.
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Alsace : riesling
Difficile en Alsace, région connue pour ses multiples cépages vinifiés la plupart du temps en cépage unique, d’en définir un seul comme emblématique. Le riesling, le gewurztraminer, le pinot gris ou le sylvaner participent en effet tous à l’image des vins alsaciens pour les amateurs. Toutefois, l’un d’entre eux, par la grandeur qu’il peut atteindre sur les plus jolis terroirs ainsi que par sa capacité à bien vieillir, sort un peu du lot, le riesling. Lorsqu’il est vinifié sans sucre résiduel, il présente un profil quasi cristallin et très pur qui en fait un magnifique vin de repas sur des fruits de mer, des poissons nobles et l’inévitable choucroute ! Il peut également donner de remarquables vins moelleux en vendanges tardives ou sélections de grains nobles.
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Jura : savagnin
En dehors du pinot noir et du chardonnay, abondants dans le Jura, cette région possède plusieurs cépages autochtones dont, en rouge, le poulsard et le trousseau et, en blanc, le plus symbolique d’entre eux, le savagnin. Pourquoi lui et pas un autre ? Parce qu’il est le cépage unique d’un vin unique, le Vin Jaune (et le Château-Chalon), élevé plus de six ans en fûts et qui développe des arômes oxydatifs (noix verte, curry) très marqués qui en font un vin à part, un vin d’amateurs confirmés. Le savagnin peut également être vinifié comme un vin blanc “normal” et c’est d’ailleurs une production qui a tendance à augmenter dans le Jura.
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Savoie : mondeuse
Un peu comme le Jura, la Savoie possède un certain nombre de cépages que l’on retrouve ailleurs, dont les inévitables pinot noir, gamay et chardonnay, mais aussi plusieurs cépages autochtones, comme la jacquère, le persan, le gringet ou l’altesse, pour n’en citer que quelques-uns, mais aussi la mondeuse qui nous paraît comme le plus emblématique de cette région, par la qualité des vins rouges qui en sont issus sur les plus beaux terroirs (comme à Arbin) et par sa capacité de vieillissement. Ce sont des vins rouges assez tanniques, à la matière pleine, très juteuse avec de jolis arômes de myrtille.
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Provence : mourvèdre
Encore une région qui comprend de nombreux cépages, en particulier, en rouge, le cabernet-sauvignon et la plupart des cépages du sud rhodanien, mais aussi un cépage particulier, que l’on retrouve également un peu ailleurs (en Languedoc et dans le sud du Rhône), le mourvèdre, qui atteint ici, et tout particulièrement à Bandol, des sommets, pouvant produire de très grands vins rouges, capables au vieillissement de rivaliser avec les plus grandes appellations hexagonales. Un cépage particulièrement bien adapté aux conditions climatiques locales car il ne donne jamais de vins lourds et alcooleux.
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Languedoc-Roussillon : la culture de l’assemblage
Le Languedoc et le Roussillon sont sans doute les deux régions auxquelles il est le plus difficile d’attribuer un cépage emblématique pour une raison toute simple, c’est que la culture de la production des vins, en particuliers des vins rouges est une culture d’assemblage, sans qu’aucun des cinq grands cépages régionaux ne soit véritablement dominant : grenache, carignan, syrah, mourvèdre et cinsault. Il existe bien entendu des cuvées dans lesquelles un de ces cépages est dominant, voire très dominant, mais la grande majorité de la production des rouges comprend une part importante de chacun d’entre eux. Et c’est sans doute encore plus vrai en blanc puisque de très nombreux cépages sont autorisés dans la plupart des appellations locales : grenache blanc, piquepoul, bourboulenc, clairette, marsanne, roussane, vermentino, macabeu et ugni.
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Bordeaux : cabernet-sauvignon et merlot
Difficile ici de séparer les deux compères bordelais, même s’ils représentent emblématiquement chacun l’une des deux rives de la Gironde, le cabernet-sauvignon la rive gauche, avec Margaux, Saint-Julien Pauillac et Saint-Estèphe en tête de pont, et le merlot pour la rive droite avec Saint-Émilion et Pomerol comme références. Ne pas oublier quand même le cabernet franc (que l’on retrouvera massivement dans la Loire), qui est loin d’être négligeable, à Saint-Émilion en particulier, notamment chez les plus grands comme Ausone, Cheval Blanc, Figeac et Angélus. Si le cabernet-sauvignon est souvent minoritaire sur la rive droite, il l’est beaucoup moins que le merlot sur l’autre rive. Certains châteaux de la rive gauche font même parfois le choix d’une dominante de merlot dans leur vin. Le cabernet-sauvignon donne des vins plutôt un peu austères dans leur jeunesse avec une belle structure tannique qui leur garantit un long vieillissement, alors que le merlot produit des vins plus ronds et plus séduisants jeunes mais capables également de très bien vieillir.
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Sud-Ouest : un peu de tout
Sur le plan des cépages, cette région est plutôt originale. Si l’on y trouve quelques cépages présents dans les vignobles voisins (merlot en particulier), on y découvre surtout un nombre incroyable de cépages uniques, que l’on ne voit parfois qu’ici, un peu à l’image du vignoble italien où l’on a l’impression qu’il existe autant de cépages que d’appellations ! Ainsi dans le sud-ouest, en rouge, on va trouver le malbec à Cahors, le tannat à Madiran, le fer sarvadou à Marcillac, le duras, le prunelard et le braucol à Gaillac et la négrette à Fronton. En blanc, le petit manseng et le gros manseng (à Jurançon et Irouléguy en particulier), mais aussi le colombard, le len de lel, l’ondenc et le mauzac (à Gaillac en particulier). Un vrai jeu de piste et de belles occasions de se piéger à l’aveugle entre amateurs !
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Loire : chenin et cabernet franc
Comme la Bourgogne, le vignoble de Loire repose sur deux cépages emblématiques, le chenin en blanc et le cabernet franc en rouge. Le chenin est un cépage particulièrement intéressant dans la mesure où il peut produire des vins secs, des vins demi-secs et des vins moelleux en fonction des dates de vendange et des millésimes, une même parcelle pouvant produire les trois types de cuvées quand les conditions s’y prêtent. Les caractéristiques organoleptiques du chenin sont assez proches de celles du riesling, et comme son ami alsacien, le chenin peut remarquablement vieillir, en sec comme en moelleux. Le cabernet franc (que l’on retrouve également assez fréquemment à Saint-Émilion) peut produire de très jolis vins rouges, particulièrement lors de millésimes bien ensoleillés, qui restent frais avec une belle structure tannique qui leur permet de très bien vieillir (les vins du mythique millésime 1989 sont par exemple encore d’une incroyable jeunesse).
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Bourgogne : pinot noir et chardonnay
En Bourgogne, tout est simple ou presque, puisque dans les nombreuses appellations locales, les rouges ne peuvent être produits qu’à base de pinot noir et les blancs à base de chardonnay (à l’exception des aligotés, une production relativement marginale). Le monde entier (ou presque…) s’accorde à penser que c’est ici que le pinot noir trouve ses plus belles expressions, donnant des vins qui peuvent atteindre le sublime en finesse et délicatesse. Mais parfois à des prix qui provoquent un certain vertige… C’est aussi en Bourgogne que le chardonnay peut atteindre des sommets, surtout en côte de Beaune (Montrachet et ses satellites), mais c’est sans doute un peu moins net que pour le pinot, car en France (Jura par exemple) comme dans d’autres pays du monde, on produit des chardonnays qui peuvent rivaliser avec la production bourguignonne.
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Rhône Nord : syrah
Dans ce vignoble, en rouge la syrah n’a aucune concurrence. Que ce soit les appellations Côte Rôtie, Hermitage, Saint-Joseph, Crozes-Hermitage ou Cornas, un seul cépage, la syrah. Si, plus au sud où ce cépage s’est répandu, la syrah peut donner des vins un peu lourds et chargés en alcool, le nord du Rhône est son secteur de prédilection. On produit ici de très grands rouges, d’une grande finesse et d’une longévité proverbiale, en particulier à Côte Rôtie et Hermitage. Au bout de quinze ou vingt ans, les meilleurs prennent parfois de faux airs de grands bourgognes. Mention spéciale, en blanc, pour un cépage particulièrement aromatique, le viognier qui procure aux vins blancs de Condrieu de belles notes associant les fleurs blanches aux fruits à noyau (abricot).
Rhône Sud : grenache
Si le sud du Rhône est une région qui cultive de nombreux cépages, tant en rouge qu’en blanc, il en est tout de même un qui reste symbolique de cette région, le grenache. Tout d’abord parce que, même s’il est très souvent assemblé avec d’autres raisins régionaux (en particulier syrah, cinsault et mourvèdre), le grenache est presque toujours largement dominant dans les cuvées produites ici (par exemple à Châteauneuf-du-Pape, il compte en moyenne pour 75 % dans les assemblages). Le grenache doit également sa notoriété et sa réputation à un vin emblématique de la région, le châteauneuf de Château Rayas, produit avec 100 % de grenache.
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