Le domaine Jean-Baptiste Arena s’inscrit dans la droite lignée des traditions de sa famille et de son île. Intransigeant en cave et à la vigne, il réalise un travail sans concession, fidèle à ses origines et à son terroir. Le refus de tous les intrants est le maître-mot de ce domaine, qui travaille ses cuvées vers des matières digestes, épurées, dotées d’un beau volume, les plaçant parmi les grands noms Corses.
Remonter aux origines du domaine Arena c’est entreprendre la genèse d’une identité familiale Corse. Cela fait plus de 400 ans que les Arena sont sur l’île et les arrière-grands-parents de Jean-Baptiste y cultivaient déjà la vigne. Chez eux, le vin est avant tout une affaire familiale que l’on transmet au fil des générations, et une affaire d’identité. L’identité Corse, son terroir particulier, ses cépages autochtones et la franchise de ses sols et de ses vins. Jean-Baptiste nous avoue, humble et respectueux envers son héritage, qu’il doit beaucoup au travail de ses aïeuls : ses parents les premiers qui ont permis le développement commercial des vins corses, mais aussi, plus lointains, ses grands-parents et arrière-grands-parents qui ont su transmettre à la vigne et en cave les gestes justes et raisonnés qui guident encore leur travail. Le premier et seul changement dans cette grande tradition familiale est celle de 1975 : le passage à la mécanisation du domaine à la suite de l’arrivée de son père au vignoble. Autrement, la philosophie actuelle est la même qu’au départ : aucun intrant à la vigne ou au chai, aucun pesticide, fongicide ou autre agent meurtrier. Le travail des sols y est naturel sur l’ensemble des 5 hectares du domaine, tout comme celui en cave où le domaine travaille presque sans sulfites : seulement 1 gramme y est adjoint après les vendanges. Autrement, aucune agression n’est permise par respect du terroir, du fruit qui est sain, et des consommateurs. Ni chaptalisation, ni acidification. Les fermentations se déroulent grâce aux levures indigènes.
Jean-Baptiste nous avoue qu’il « n’aime pas les vins trop soufrés qui donnent mal au crâne », c’est une des raisons pour lesquelles ses vins sont si peu sulfités. Nous en profitons pour aborder le style des vins qu’il aime. Si dans les blancs, il cherche un équilibre entre des raisins pas trop mûrs, une belle tension, un gros volume et un léger gras, il nous avoue que son style a muté durant la dernière décennie pour les rouges. Alors que, plus jeune, il appréciait les côtes-du-rhône charnus, depuis 2009, il cherche des vins soyeux, tendres, digestes, titrant à 13°, à la manière des gamays qu’il affectionne tant.
Cette digestibilité, il la recherche d’abord à la vigne par des vendanges plus précoces que par le passé. La vigne est tenue sans aucun pesticide, aussi naturellement que possible. Le domaine est intransigeant à ce sujet. Le résultat de ce travail est une matière première saine qui facilite le travail en cave. Celui-ci se définit par l’absence presque intégrale de soufre ainsi qu’une recherche de pureté pour les rouges. Celle-ci passe par un élevage en béton, afin de donner des vins digestes, au style acéré et affuté, sans confiner le niellucciu-autre nom du sangiovese italien- dans sa charge tanique habituelle. Pour les blancs, il allie à un élevage réducteur de 10 mois en cuves inox un élevage sur lies fines qui permettent d’apporter du gras supplémentaire aux cuvées.
Si les traditions demeurent et si le travail est toujours familial (il nous confie encore travailler avec son frère en cave), il n’hésite pas à apporter, discrètement, sa patte à l’empreinte familiale. Les macérations sont ainsi moins longues que celles de son père, toujours dans le but avoué de produire des vins digestes et soyeux. De 45 jours de macération il est passé à 15 jours, avec seulement un seul remontage contre le remontage quotidien de son père. Le but étant de rechercher une infusion plus qu’une extraction poussée, afin de casser les angles du niellucciu. Alors qu’il cherche à être le moins interventionniste possible en cave, sa mère s’amuse en déclarant que « c’est par fainéantise ». Nous l’écoutons attentivement conseiller de boire ses vins rouges jusqu’à 8 ou 12 ans d’âge, afin de préserver l’éclat du fruit, et assures que ses blancs sont des vins de longue garde, pouvant atteindre les 30-40 ans en cave dans les bons millésimes. Jeunes, nous les apprécierons pour le croquant de leur fruit, leur grande floralité ainsi que la superbe tension qui maintient la bouche en alerte d’un bout à l’autre. De très beaux vins de gastronomie, aux structures denses et volumineuses, sans la lourdeur habituelle du vermentino.
Interrogé sur la viticulture corse, Jean-Baptiste nous rappelle qu’elle transporte avec elle un long héritage. Vieille de plus de 2 600 ans (on retrouve des traces 600 ans avant JC), elle a fortement été influencée par les invasions successives de la république de Vienne, et du Vatican, qui ont apporté leurs cépages (sangiovese). Elle a connu à cette époque une apogée, que le déclin de la fin du XIXème siècle a fait oublier, par les deux invasions successives du phylloxéra et des Français. Cette colonisation leur a pourtant permis de bénéficier d’une triple culture, Française, Méditerranéenne et Corse, qui a permis de développer les voies commerciales et de multiplier les cépages présents sur l’île. La renaissance du terroir Corse se déroule à partir de 1968 et de l’obtention de l’AOC Patrimonio, peu avant l’arrivée de son père en 1975 au domaine. Patrimonio, grand terroir du nord de l’île, est composé de sols variés. Alors que sur Morta Maio, le terroir schisteux apporte tension et floralité aux vins, la vigne y est encore jeune (5 ans) et issue de sélection massales du domaine. Sur Grotte di Sole, le sol argilo calcaire apporte plus de richesse et de structure aux vins rouges et blancs du domaine. Les vignes de vermentino y sont plantées depuis 1992. En rouge, le niellucciu est issu de sélections massales des très vieilles vignes familiales datant presque du début du siècle dernier, permettant de garantir une originalité génétique unique.
Actuellement nous pouvons encore trouver trois domaines Arena : celui de son père, Antoine, celui de son frère, Antoine-Marie, et le sien, Jean-Baptiste. Mais la transmission se passe en douceur et bientôt, dans moins de 10 ans, on ne devrait retrouver que deux étiquettes : les siennes et celles de son frère qui récupèrent peu à peu toutes les vignes familiales et continuent de travailler ensemble, en famille, en cave comme à la vigne.
Le domaine Jean-Baptiste Arena, c’est donc la grande histoire d’un amour de son île, de son terroir, d’une identité régionale et familiale forte, d’un respect des traditions en cave à la vigne, mais aussi la volonté d’une transmission des pratiques saines et adéquates au terroir.
Jean-Baptiste Arena, ce qu’en disent les guides
Guide Vert de La Revue du vin de France – 1* sur 3
Jean-Baptiste, fils aîné d’Antoine Arena, exploite désormais le terroir de Grotte di Sole. Tous ses vins sont encore vinifiés au domaine familial. Depuis 2003, il secondait son père à la vigne. Il a ainsi pu acquérir une solide expérience. Jean-Baptiste affirme son style au travers de vins énergiques, lumineux et convaincants, qui ne cessent de progresser.
Les vins : matière élancée, pure et lumineuse dans le blanc Grotte di Sole : il se distingue par son éclat d’agrumes et son souffle frais en finale, contrebalançant ses saveurs bien mûres. La tension imprimée par les schistes est perceptible dans Morta Maïo, vin pétulant et floral, au fruit limpide, à la magnifique persistance. Sapide et frais, parsemé de petits tanins friands, le rouge Grotte di Sole s’appuie sur une sève contenue : un rien sévère à ce stade, il se détendra. L’élégant muscat se fait explosif dans l’intensité de ses saveurs et la variété de ses amers. Son allonge électrique parvient presque à masquer ses sucres !
Bettane + Desseauve 2020 – 2* sur 5
Jean-Baptiste, fils aîné d’Antoine Arena et maire de Patrimonio, prend désormais en charge sa part du domaine familial, à savoir la magnifique vigne de Grotte di Sole et une partie de Morta Maïo, sur 6 hectares en agriculture biologique. En vin rouge, il a vinifié de façon assez rigoureuse et tannique le millésime 2015 et un peu modifié en 2016 ce style dans une direction plus élégante, mais ses 2017 et 2018 encore en élevage retrouvent des tanins assez durs. On les dégustera après trois ou quatre ans de bouteille pour mieux les comprendre.
Les vins de Jean-Baptiste Arena en vente sur iDealwine
Patrimonio Grotte Di Sole 2018 de Jean-Baptiste Arena
Sur le terroir argilo-calcaire de Grotte di Sole, Jean-Baptiste Arena signe une cuvée 100% nielluciu, issue de vignes plantées en 1992 qui assurent une grande vivacité à ce vin. Cousin du sangiovese, ce rouge énergique et tannique est élevé en béton pendant 10 mois et ne connait aucun intrant sinon 1 gramme de sulfites durant les vendanges. Jean-Baptiste le conseille pour une garde de 8 à 12 ans, afin qu’il s’assagisse et conserve une belle structure. Un vin puissant vinifié avec élégance.
Muscat du Cap Corse Grotte Di Sole 2016 de Jean-Baptiste Arena
Sur le terroir de Grotte di Sole Jean-Baptiste Arena signe un vin muté, à base de muscat à petits grains blancs. Explosif en jeunesse, ses saveurs intenses, son allonge exceptionnelle ainsi que sa vivacité lui permettent de dompter avec élégance ses sucres. Issue de raisins passerillés pour la majorité, cette cuvée de liquoreux corse mutée à faible dose signe un vin dédié à la longue garde.
Patrimonio Grotte Di Sole 2018 de Jean-Baptiste Arena
Sur le terroir de Grotte di Sole, Jean-Baptiste Arena signe un vin blanc, 100 % Vermentino issu d’un sol argilo-calcaire. Il est toujours intéressant de comparer cette cuvée à celle de Morta Maio, élevée dans le même esprit et selon la même exigence afin de pouvoir comprendre l’intérêt et la grandeur du terroir de Patrimonio. Cette cuvée joue sur un registre plus dense et gras en bouche que celle de Morta Maio tout en conservant une superbe tension. Un très grand vin de garde et de gastronomie.
Vin De France Morta Maio de Jean-Baptiste Arena
Sur le terroir de Patrimonio, Jean-Baptiste Arena signe une cuvée 100% vermentinu qui met parfaitement en valeur le terroir de l’appellation Patrimonio. Elevée en cuve inox, cette cuvée aux fines notes réductrices est un grand vin de garde, pouvant, selon son géniteur, dépasser les 30 ans de garde. Au chai comme dans les vignes, aucun intrant n’est autorisé, si ce n’est 1 gramme de sulfite lors de la vendange afin de stabiliser les vins. Jeune, cette cuvée se montre énergique et très digeste. Les vignes sont encore jeunes puisque plantées en 2014 mais issues de sélections massales de très vieilles vignes. Le terroir sur schiste Morta Maio signe des vins d’une grande tension. Une très belle cuvée du domaine pour les amateurs de vins tendus conservant un gras naturel.
Vidéo de dégustation des vins de Jean-Baptiste Arena