La vente de vins du domaine des Hospices de Beaune, qui se tient traditionnellement le 3ème dimanche de novembre est un évènement incontournable, tout à la fois festif et déterminant pour le monde du vin. L’édition 2019 a réservé son lot de surprises, tant par la qualité des vins offerts à la vente que par les résultats enregistrés, dans un contexte économique incertain. Quelles conclusions en tirer pour le marché ? Notre analyse.

Depuis 2005, iDealwine est présent lors la vente des Hospices de Beaune. Cette année Cyrille Jomand (notre Président) et Angélique de Lencquesaing (co-fondatrice d’iDealwine) participaient ainsi à la 159ème édition de ces enchères, aux côtés de Louis-Fabrice Latour, Président de la maison éponyme et fidèle partenaire de notre site. En effet, iDealwine acquiert régulièrement des pièces (ou tonneaux de 228 litres) qui sont ensuite confiées à la maison Louis Latour en vue de leur élevage et de la mise en bouteilles. Cette année encore, la vente des vins a réservé aux amateurs son lot de surprises qu’il faut maintenant tenter de décrypter, car les résultats atteints posent un certain nombre de questions.

Le deuxième meilleur résultat de l’histoire de la vente des Hospices

Première surprise, et non des moindres, le résultat atteint –  13,135M€ en incluant l’adjudication de la Pièce des Présidents) – représente le deuxième meilleur chiffre réalisé dans l’histoire de cette vente.

Un record a été enregistré sur l’une des pièces les plus prisées de la vente, pour un bâtard-montrachet GC Cuvée Notre Dame des Flandres, adjugée 149 800€. Pour mémoire, en 2018, cette pièce avait déjà atteint des sommets à 135 000€, les cours progressent donc encore de 11%.

La pièce des Présidents – un corton-bressandes Grand Cru – Clos du Roi -, adjugée au profit de l’Institut de la moëlle épinière et de l’association Les Williams, est partie à  260 000€.

Ce résultat était-il prévisible ?

La faiblesse de la récolte en 2019 n’a permis de présenter aux enchères cette année « que » 589 pièces contre 828 en 2018, soit un volume en baisse de près de 30% par rapport à 2018. Si l’on s’en tient à des considérations strictement qualitatives, le caractère exceptionnel du millésime 2019 – confronté pour la première fois au marché -, conjugué à sa plus grande rareté a été confirmé par les prix atteints.

Rapporté à la pièce, le prix de vente des vins s’affiche en progression de 29,5%, à 21,817€. La hausse est plus marquée pour les pièces de vin rouge (+32,6%, soit 20 535€ la pièce) que pour les blancs (+27,1%, soit 26 964€ la pièce).

Pourtant, les grands acteurs du marché, Louis-Fabrice Latour en tête, se montraient prudents à la veille de la vente. Il faut dire que les nuages ne manquent pas dans le ciel de la Bourgogne. Premier d’entre eux, la taxe à l’importation sur les vins français, récemment appliquée par l’administration Trump, a marqué un frein immédiat dans les commandes de vins venues d’outre-Atlantique. Pour les vins bourguignons rappelons que le marché américain représente le premier débouché : 25% des vins exportés en 2018 ont pris la direction du continent américain, soit 12,5% du chiffre d’affaires viticole de la région. Autres nuages, ceux du Brexit et de Hong Kong, qui font planer des incertitudes sur l’avenir des ventes dans ces zones stratégiques.

Comment justifier le niveau des prix atteints ?

La vente fait depuis une dizaine d’année l’objet d’une médiatisation intense, portée par des dégustations à travers le monde (pas moins de 27 évènements cette année en Europe, en Asie et aux Etats-Unis), destinées à faire découvrir les vins.

Par ailleurs, la vente revêt une dimension caritative qui dépasse le champ de l’adjudication de la seule Pièce des Présidents. Une part du produit constitue une dotation destinée à financer les équipements de l’hôpital public. Les grandes maisons bourguignonnes sont ainsi appelées, historiquement, à soutenir la vente pour en garantir le produit.

Enfin et surtout, la maison Albert Bichot, également partenaire d’iDealwine, fait désormais de ce week-end l’évènement phare de son année. A cette occasion, les meilleurs clients d’Albéric Bichot sont conviés à vivre une expérience immersive dans la région, où se succèdent dégustations, banquets et intronisations lors du Chapitre d’Automne qui se tient au Clos Vougeot. Albéric Bichot est ensuite LA personne que scrutent les commissaires-priseurs avant d’adjuger chacun des lots de la vente. Et pour cause. Cette année, sa maison a réalisé 21% du produit de la vente en faisant l’acquisition de 122 pièces. Le fruit d’un travail commercial d’une année auprès des clients qui peuvent moduler leurs achats de quelques bouteilles à une pièce entière.

La vente est-elle encore un baromètre pour le marché ?

La vente des vins attire, on l’a vu, les amateurs et les professionnels du monde entier. Les résultats sont amplifiés par l’engouement que suscite l’évènement. A cet égard, elle ne constitue plus, comme c’était le cas auparavant, un étalon précis permettant de fixer les cours d’achat du raisin entre producteurs et maisons. Jusqu’en 2005, rappelons que les vins étaient adjugés par séries de pièces (une dizaine), ce qui limitait considérablement la possibilité pour les acquéreurs particuliers de participer à la vente. Pour autant, les résultats de la vente sont suivis à la loupe et dans les appellations les plus prestigieuses une forte hausse de cours n’est jamais sans conséquence dans les négociations du prix du kilo de raisin.

Faut-il anticiper une hausse du prix des vins de Bourgogne dans les ventes aux enchères ?

Les prix record, les belles enchères et le succès de la vente peuvent laisser penser que l’engouement pour les grands crus de Bourgogne est décidément sans limite. Certes, la rareté des vins continue à susciter de beaux résultats dans les ventes aux enchères. Toutefois, on note une stabilisation des cours au plus haut niveau pour les domaines phares de la Côte de Nuits. Par ailleurs, dans les appellations moins en vue, les vins ne se vendent pas à la hausse, voire ne trouvent pas systématiquement preneur.  Certes, le succès de la vente n’est pas l’arbre qui cacherait une forêt triste : les amoureux du pinot noir de Bourgogne et des grands chardonnays ne sont pas près de renoncer, et par ailleurs les cours des vins de Bourgogne restent protégés par leur relative rareté. Toutefois, et compte tenu des incertitudes pesant sur l’avenir du commerce des grands vins, il est nécessaire de garder une certaine prudence dans la détermination de son prix d’achat… ou de la revente de sa cave.

Retrouvez en vente les vins des Hospices de Beaune en vente sur iDealwine.

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