Connaissez vous bien la Champagne, terre de production du vin effervescent le plus connu et le plus prestigieux au monde ? Cette région viticole historique a plus d’une particularité à son arc. Revoyons ses spécificités ensemble.
Sommaire
- Un vignoble septentrional historique (découvrir les sous-climats de La Montagne de Reims, La Vallée de la Marne, La Côte des Blancs et la côte des Bar)
Un vignoble septentrional historique
Vignoble historique (datant du premier siècle) du quart nord-est de la France, la Champagne s’étend sur 34 000 hectares, répartis sur les départements de la Marne, de l’Aube ainsi que de l’Aisne et de la Seine-et-Marne. Cette AOC existe depuis 1927 et comprend 319 crus différents ainsi que 280 000 parcelles environ, d’une superficie moyenne de 12 ares. A cela s’ajoutent des premiers et grands crus : 42 villages pour les premiers et 17 pour les grands crus.
Le climat est septentrional, avec une température moyenne de 11°C et une double influence, à la fois océanique (pluvieux, frais en été et doux en hiver) et continentale (bon ensoleillement en été, mais gelées au printemps). Le sous-sol est majoritairement composé de calcaire (craie notamment), le vignoble est implanté sur des coteaux, favorisant le drainage des eaux.
Le vignoble champenois se divise en 4 sous-terroir principaux, dont les spécificités sont responsables de la riche complexité que présentent les vins de la région.
La Montagne de Reims
Au nord de la région, dans la Marne, s’étend la Montagne de Reims, un vaste promontoire boisé surplombant le relief. S’étendant entre Bouzy et Cauroy-lès-Hermonville, c’est le plus vaste des terroirs de Champagne. Il est découpé en 5 zones principales (Écueil, Chigny-les-Roses, Verzenay, Trépail–Nogent-l’Abbesse et Bouzy–Ambonnay), dans lesquelles on retrouve de superbes crus champenois. Les parcelles qui s’y épanouissent sont majoritairement exposées au sud et les sols sont constitués de craie. Le pinot noir domine la région, et produit des champagnes charpentés, appréciés pour la richesse de leur bouquet et pour leur puissance.
Servant des pinots noirs d’une qualité exceptionnelles pour les assemblages, c’est sans surprise que de grandes maisons se sont installées sur le terroir de la Montagne de Reims pour livrer des cuvées marquantes. Entres autres, vous pourrez retrouver celles des domaines et maisons:
- Dom Pérignon
- Bollinger
- Adrien Renoir
- Armand de Brignac
La Vallée de la Marne
Un peu plus au sud se trouve la ville d’Epernay. À partir de cette dernière, deux sous-climats champenois se côtoient. À l’ouest serpente un terroir aux sols extrêmement riches et variés, en raison de la présence de la Marne, qui soumets les coteaux qui la bordent à des microclimats marqués et humides. Vous l’avez deviné : vous êtes dans la vallée de la Marne.
Cette dernière est constituée de sols à dominante argilo-calcaire et marneuse, dans lesquels les 3 cépages principaux champenois trouvent leur bonheur. C’est peut-être le pinot meunier qui sort de ces sols avec le plus de grâce, nourrissant des champagnes réputés pour une souplesse et un fruit terriblement séduisants. C’est d’ailleurs pourquoi les plus grandes maisons de Champagne s’approvisionnent dans ce terroir, afin de profiter d’une qualité de fruit exceptionnelle pour constituer leurs assemblages. D’autres domaines, comme celui de Cazé Thibaut ou celui de Dehours & Fils, sont directement installé dans cette zone afin de proposer des expressions plus directes de ce terroir aux multiples facettes
La Côte des Blancs
Si vous avez décidé de descendre à partir d’Epernay, alors vous vous retrouverez dans le terroir le plus connu de Champagne : la prestigieuse Côte des Blancs. Cette bande s’étale du nord-est au sud-ouest de la Champagne, perpendiculairement à la Vallée de la Marne. Elle possède par ailleurs un sous-climat réputé, la Côte de Sézanne, et virevolte entre de nombreux villages viticoles dont les noms ont largement participé à l’établissement de la légende champenoise aux yeux du monde (Chouilly, Le Mesnil-sur-Oger, Grauves, Avize..)
Fidèle à son nom, la Côte des Blancs est le royaume du chardonnay. C’est sur ses falaises crayeuses que le cépage y trouve toute sa grandeur, et livre ses fameux « blancs de blancs« . Les champagnes produits se démarquent par une élégance certaine et une grande délicatesse. La trame minérale des vins est soulignée par une délicieuse vivacité. De nombreuses maisons produisent de superbes chardonnays sur ce terroir, et les associent aux cépages noirs de la Vallée de la Marne et de la Montagne de Reims pour livrer parmi les plus belles cuvées de Champagne. Parmi les nombreuses maisons installées sur la Côte des Blancs, vous pourrez vous intéressez aux suivantes :
- Agrapart & fils
- AR Lenoble
- André robert
- De Sousa
La Côte des Bar
Enfin, tout au sud se trouve le vignoble de l’Aube. Ce dernier climat s’appelle la Côte des Bar (du nom des villes de Bar-sur-Aube et Bar-sur-Seine), et a longtemps été dans l’ombre des vignobles du nord de la Champagne. Il a aujourd’hui largement reconquis ses lettres de noblesse, en se démarquant par des champagnes au profil unique. Sa proximité avec la Bourgogne et sa confidentialité face aux 3 terroirs plus reconnus fait de ce sous-terroir l’un des plus intéressants à explorer. Ici, les champagnes sont de caractère : les chardonnays et les pinots noirs présentent une grande finesse aromatique, et plairont à n’en pas douter aux amateurs des vins de Bourgogne. Pour les découvrir, vous pouvez vous intéresser aux vins des maisons suivantes :
- Brigandat
- Drappier
Le royaume des vins effervescents, mais pas seulement
Outre le fameux champagne, le vin effervescent de la région, des vins traditionnels blancs, rouges et rosés, notamment le rosé des Riceys particulièrement réputé, sont réalisés en ces terres. Ces vins tranquilles portant l’appellation Coteaux Champenois peuvent atteindre un haut niveau. En témoigne la cuvée La Côte aux Enfants de Bollinger.
Cépages entre tradition et modernité
Vous l’aurez compris, trois cépages règnent sans partage sur le vignoble champenois. : le chardonnay, le pinot noir et le pinot meunier. Ils représentent respectivement 29%, 39% et 32% de la surface totale plantée. À ces derniers s’ajoutent des cépages secondaires, très minoritaires dans le cahier des charges, comme l’arbane, le petit meslier, le pinot blanc et le pinot gris. Si vous souhaitez découvrir plus en profondeur cette nuance de cépage présente en Champagne, nous consacrons un article à ce sujet : « Les cépages méconnus de la Champagne »
Dernière nouveauté de cette année 2023, un huitième cépage pourrait bien s’installer dans le cahier des charges champenois, à l’initiative de grandes maisons, comme Drappier qui utilisait jusque lors les sept cépages traditionnels de la région. Ce nouveau cépage de raisin blanc, nommé « voltis » est trouve son origine dans un projet franco-allemand visant à mettre au point des variétés « PIWI », acronyme du mot allemand « Pilzwiderstandsfähig » signifiant « résistantes aux champignons ». C’est une véritable avancée pour la recherche puisque ce cépage sera le premier de cette classification particulière à rejoindre le cahier des charges d’une AOC. Encore en phase de test, sa production est cependant très limitée : sa plantation ne devra pas dépasser 5% de la propriété, et le voltis ne devra pas dépasser les 10% dans l’assemblage d’un vin.
Il faudra cependant attendre quelques années avant d’avoir la chance de goûter ces néo-champagnes, une dizaine au minimum, car, comme l’indique Hugo Drappier, le voltis ne sera apte à être utilisé pour les vins qu’en 2028, et fera donc partie des assemblages de champagne en 2030 dans le meilleur des cas. Suite à cette phase d’observation et si les résultats sont concluants, alors le voltis intégrera définitivement le panthéon des cépages champenois, son vrai couronnement.
Maisons, coopératives et vignerons
En Champagne plus qu’ailleurs, la production est bien répartie entre les vignerons, les coopératives et les maisons. Les vignerons cultivent et vinifient leurs propres raisins qu’ils vendent sous leur propre nom, tandis que les coopératives collectivisent la production provenant des raisins de plusieurs vignerons et la commercialisation. Quant aux maisons, elles vinifient et commercialisent des champagnes provenant de raisins achetés à des vignerons, tout ou partie (elles ont souvent une partie de vignoble qui leur appartient en propre). A noter que contrairement à d’autres régions, le statut de maison n’a pas une connotation moins qualitative que celui de vigneron. Les achats de raisins sont sélectifs et permettent aux maisons de produire des cuvées très prestigieuses.
Par ailleurs, en 2015, c’est une vraie consécration pour ce patrimoine champenois puisque les Coteaux, Maisons et Caves de Champagne entrent au patrimoine mondial de l’UNESCO. Une reconnaissance historique pour les vignerons et l’ensemble du travail de production, d’élaboration et de diffusion de leurs vins.
Le champagne : une vinification unique
Le champagne est vinifié selon la méthode traditionnelle, aussi appelée méthode champenoise. Si la légende raconte que ce serait Dom Pérignon, moine bénédictin de la fin du XVIIe siècle, qui l’aurait inventé, la réalité serait plus complexe. Toutefois, les historiens n’ont guère trouvé de traces précises de son invention, ni de son créateur. Certains avancent même que le champagne se serait inventé tout seul : l’effervescence est un phénomène naturel puisque, lors de la fermentation, du gaz carbonique est produit sous l’action des levures qui transforment les sucres en alcool. Cette effervescence naturelle est accentuée par la mise en bouteille en verre plutôt qu’en barrique, au sein de laquelle le vin produit une deuxième fermentation. Plusieurs écrits attestent ainsi de la présence de vins effervescents en Champagne et ailleurs bien avant la naissance de Dom Pérignon.
Concrètement, la méthode champenoise consiste à vinifier un vin tranquille, puis à procéder à l’assemblage, où l’on peut utiliser des vins de réserve (de millésimes antérieurs) dans le cadre des bruts sans année. Les vins sont ensuite mis en bouteille avec une liqueur de tirage (mélange de sucre, de levures et de vin vieux), qui enclenche une deuxième fermentation, productrice de CO2 qui sera emprisonné dans la bouteille et donnera ainsi au vin son effervescence. Le vin doit ensuite reposer et vieillir, au minimum 15 mois pour les BSA (= Brut Sans Année) et trois ans pour les champagnes millésimés. Les bouteilles doivent ensuite être remuées (inclinées progressivement vers le bas), afin de faire descendre dans le goulot les levures mortes issues de la seconde fermentation. Enfin, il ne reste plus qu’à retirer la capsule (qui constituait le bouchage provisoire de la bouteille), opération durant laquelle le dépôt qui s’est accumulé dans le goulot est également retiré. Le vin perdu est alors remplacé par une liqueur de dosage ou d’expédition (un vin plus ou moins sucré, qui déterminera le niveau de dosage du champagne). Puis, la bouteille est rebouchée avec un bouchon en liège et un muselet.