Des vins concentrés, savoureux dès aujourd’hui et taillés pour une longue garde. Des blancs harmonieux qui marient un élevage bien intégré à la typicité du terroir dans un tout fruité et aérien ? Voici le talent de François Villard, un autodidacte rhodanien qui, en quelques décennies, est passé en raison de son succès d’une production de 400 à 400 000 bouteilles.
Les yeux en amande, presque rieurs, en disent long sur ce vigneron que La Revue du vin de France qualifie de « trublion ». Cuisinier de formation, le jeune homme d’alors s’est passionné pour le vin. Tâtonnant, il met un pied dans le milieu à vingt ans grâce à une formation de sommellerie à Tain-L’Hermitage où il y fait des rencontres déterminantes. Nous le retrouvons peu de temps après, entre 1987 et 1988, sur les bancs de l’école pour passer un brevet de viticulture et d’œnologie à Davayé, dans le Mâconnais (Bourgogne sud).
Un rêve l’anime, celui de posséder ses propres vignes. Alors qu’il effectue un stage chez Yves Cuilleron (vigneron partenaire d’iDealwine, lui aussi), François Villard acquiert un terrain en friche : le lieu-dit Poncins qui se situe à Saint-Michel-sur-Rhône, au sein de l’appellation Condrieu. Sans perdre de temps, il plante sa première vigne en 1989 et signe l’aîné de ses vins, un condrieu 1991, qu’il commercialise l’année suivante. La passion a eu définitivement raison de lui si bien que de quelques hectares, le domaine en compte huit en 1990, douze en 2005…. Et quarante deux aujourd’hui !
Respectueux de la nature et, surtout parce que le bon vin se conçoit dans la vigne, François Villard a toujours travaillé ses sols et ses ceps avec attention. Avant même de lancer les démarches d’obtention du label bio en 2019, il se gardait bien d’employer des traitements chimiques et des désherbants… Si ce n’est dans certaines parcelles qui réclamaient une attention particulière. Les terrasses rendent évidemment le labour difficile, les plants sont travaillés à la main et les vendanges réalisées de manière parcellaire, avec une petite particularité : chaque grappe est récoltée tardivement afin d’en obtenir une concentration maximale.
Star de la région, François Villard vinifie toutes les appellations septentrionales. Toutes ? Non, l’Hermitage lui résiste encore. 😊 Pendant un temps, les vinifications se faisaient dans une cave située non-loin de la structure d’Yves Cuilleron. Mais, très vite, en 1996, le vigneron construit son propre espace à Saint-Michel-sur-Rhône. A cette même époque, il décide avec Yves Cuilleron et Pierre Gaillard de rendre au terroir de Seyssuel toutes ses lettres de noblesse. Voilà donc le trio à la tête d’une maison de négoce qu’ils créent à partir de quatre hectares de vignes. Du premier millésime paru en 1998 pour la cuvée Sotanum à aujourd’hui, le succès ne faiblit pas. 2015 insuffle d’ailleurs un vent de nouveauté et d’excellence puisque sont alors et depuis signés des vins de lieux-dits. Affaire à suivre de près !
François Villard, ce qu’en disent les guides
Guide Vert de La Revue du vin de France – ⭐⭐ (2023)
Ce n’est pas parce que le trublion François Villard ne se prend pas au sérieux qu’il ne faut pas considérer son travail avec l’attention que méritent les plus grands. Cet autodidacte aime les vendanges concentrées et tardives, pour aller chercher, non pas la surmaturité, mais la parfaite maturité. En rouge, La Brocarde en Côte-Rôtie et Reflet en Saint-Joseph s’affirment souvent parmi les plus grandes réussites du secteur. Ces derniers millésimes, les blancs ont gagné en précision et en fraîcheur. Nous nous en réjouissons.
Les vins : les blancs sont dans leur ensemble scintillants, avec une belle précision en bouche, à l’image du saint-péray, net et tendu en finale malgré un joli volume de bouche. Version Longue ajoute encore de la profondeur et de la minéralité. Le quatuor de condrieu joue avec une grande justesse sa partition. Très bel éclat dans Les Terrasses du Palat qui contient parfaitement sa belle maturité ; Villa Pontciana joue quant à lui la carte de la finesse absolue. Superbe ! Les rouges ne manquent pas de fraîcheur, ni de caractère. L’Appel des Sereines est une syrah juteuse et friande, un délicieux vin de plaisir ; en Crozes, Certitude joue une belle partition entre finesse et « jutosité » en bouche, avec un joli poivré ; le saint-joseph Reflet demeure une très grande cuvée de la maison, plein, ample et moelleux en finale, il se pose admirablement. Équilibre et éclat du fruit, la côte-rôtie Gallet Blanc est bien bâtie, avec de l’ampleur et une finale juteuse et soyeuse.
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Côte-Rôtie Gallet Blanc
François Villard réalise la cuvée Le Gallet Blanc à partir de syrahs issues de vignes qui poussent depuis une vingtaine d’années sur des sols de schistes quartziteux décomposés. La dégustation nous dévoile un grand vin de la vallée du Rhône septentrionale taillé pour la longue garde. Patientez donc entre 12 et 15 ans et vous découvrirez alors un nectar doté d’une robe intense aux reflets couleur pourpre. De celle-ci s’échappent un parfum de fruits rouges et de fleurs comme la violette ainsi que des petites épices poivrées. Persistant et savoureux, ce vin structuré par des tanins fins mais bien présents témoigne d’un équilibre remarquable. Nous vous recommandons de le carafer une heure avant son service à température ambiante avec un civet de sanglier.
Cornas Jouvet de François Villard
Taillé pour une garde d’une quinzaine d’années environ, le cornas Jouvet de l’emblématique François Villard provient du lieu-dit Saint de cette appellation éponyme. La dégustation dévoile un vin doté d’une robe intense couleur grenat. De celle-ci s’échappent des notes de fruits rouges qui évoluent vers celles de fruits compotés, de cuir et d’humus. Sa matière veloutée persiste longuement et promet de beaux accords avec des mets de caractère comme une viande rouge braisée, par exemple.
Saint-Joseph Reflet
La syrah, unique cépage de ce saint-joseph, est issu de sols de granit quartziteux décomposé. Les rendements de ces jeunes vignes (20 ans) sont maîtrisés à 40 hl/ha et sont particulièrement qualitatifs. En effet, François Villard est attaché à une culture saine, en cours de conversion biologique, de ces ceps. Chaque année, il réalise environ 11 000 bouteilles de ce vin concentré aux arômes de fruits noirs confits. Une attaque soyeuse, des notes épicées et une bouche ronde et complexe lui permettent d’être dégusté avec un magret de canard au poivre, un civet de lièvre ou une pièce de bœuf grillée.
Saint-Joseph Poivre et Sol
Après un travail minutieux et respectueux de la nature, François Villard s’attèle à une vinification précise. Celle-ci se fait avec 65% des grappes entières. La fermentation dure 10 jours environ dans des cuves ouvertes en inox et en bois. Le vin est enfin élevé dans des fûts usagés (trois à six vins) et en cuves tronconiques pendant 17 mois. Voici un vin qui s’appréciera volontiers après une douzaine d’années de repos en cave.
Saint-Joseph Fruit d’Avilleran
Fruit d’Avilleran, le saint-joseph blanc de François Villard, est un monocépage de marsanne qui se livre à travers des arômes gourmands de miel et de fruits exotiques. En bouche, il nous séduit par sa texture veloutée, son grain fin et sa finale longue et fraîche aux notes d’agrumes.
Condrieu Les Terrasses du Palat
Le condrieu Terrasses du Palat est une des références du domaine de François Villard. Dans la cave, les raisins fermentent à basse température avec les levures indigènes. François Villard effectue des batonnages hebdomadaires pendant six mois et élève son vin en fûts (15% de bois neuf) pendant 11 mois, sur lies et sans sous-tirage.Si ce vin s’apprécie volontiers dès aujourd’hui, il se gardera aisément en cave pendant 10 ans. Il développera alors un gras subtil conjugué à de délicieux arômes de fruits à noyaux et de fleurs. Nous vous recommandons de le marier à un risotto aux langoustines, par exemple.
Condrieu Deponcins
Après les vendanges, qu’il choisit volontairement tardives afin d’obtenir des raisins concentrés, le vigneron effectue un pressurage direct. Il laisse ensuite les baies fermenter à basse température, avec leurs propres levures, et procède à des bâtonnages hebdomadaires durant six mois. Le condrieu est enfin élevé pendant 11 mois sur lies fines, sans soutirage, afin de gagner en onctuosité et en saveurs. Le résultat est saisissant : douceur, gras, ampleur, générosité, acidité, arômes d’agrumes confits, de miel et de fruits exotiques se conjuguent à merveille pour donner un grand vin, complexe et équilibré. Merveilleux avec du foie gras sur un toast de pain d’épices ou un risotto aux asperges !
Saint-Péray Version
Le saint-péray Version de François Villard est un vin blanc rhodanien composé de marsanne (majoritaire à 65%) et de roussanne (35%). En cave, la vendange subit un pressurage direct. La fermentation est enclenchée par les levures indigènes dans des fûts et à basse température. Des batonnages hebdomadaires sont effectués pendant six mois. Enfin, le vin est élevé pendant onze mois, en fûts et sur ses lies.
La dégustation nous dévoile un vin doté d’une robe jaune pâle et de reflets couleur or. De celle-ci s’échappent des notes florales, d’agrumes et de fruits blancs. Energique, car minéral, il est équilibré par une rondeur gourmande.
Saint-Péray Version Longue
La fermentation est enclenchée par les levures indigènes et des batonnages hebdomadaires sont effectués pendant six mois. Le vin est enfin élevé sur ses lies, sans soutirage, pendant 18 mois, en fûts (20% bois neuf). Taillé pour une garde d’une quinzaine d’années, le saint-péray Version Longue de François Villard s’exprime à travers des notes florales, de la finesse et une finale légèrement saline. Voici un joli vin à accompagner de mets délicats comme un poisson noble ou une viande blanche tendre.
IGP Collines Rhodaniennes L’appel des Sereines
Clin d’œil à la cuvée « Les Serines » de son ami vigneron Yves Cuilleron (Domaine Cuilleron), L’Appel des Sereines est une jolie syrah qui délivre des notes de fruits rouges et noirs, et d’épices. Absolument délicieux, et véritable vin de plaisir, celui-ci est élaboré avec des méthodes de culture raisonnée.
IGP Collines Rhodaniennes Seul en Scène
Au nez, le nectar exhale des notes florales, de violette, typique de la syrah. La bouche est tendre et le vin laisse apparaitre de magnifiques arômes de fruits murs, de cerise et de fraise écrasée. Les tanins veloutés caressent le palais. Cette cuvée peut se boire dans sa jeunesse, mais peut aussi être laissée en cave quelques années.