vte MATIGNON

La vente des trésors des caves de la République se poursuit : vendredi 6 décembre c’était donc au tour de Matignon de proposer à la vente 1400 bouteilles, soit, comme pour l’Elysée en mai, 10% de ses stocks. Si l’opération n’a pas suscité les mêmes records d’enchères que lors de la dispersion de la cave présidentielle, quelques flacons d’exception figuraient pourtant au catalogue, remportant de beaux scores… et suscitant plusieurs interrogations.

Après l’Elysée en mai dernier, Matignon se livrait à son tour le 6 décembre à la mise aux enchères de 1400 bouteilles réparties en un peu plus de 300 lots. Vendu sous le marteau de la maison de vente Cornette de Saint-Cyr, le catalogue proposait un ensemble divers de grands crus. On y trouvait, comme il avait été annoncé initialement, des vins vendus à l’unité ne pouvant plus être servis à la table du Premier ministre, mais également plusieurs séries vins issus de grands millésimes récents, et aussi quelques flacons rarissimes. Posant inévitablement la question des raisons et des principes selon lesquels le choix des vins mis en vente a été opéré.

Trésors de Bourgogne

Parmi les vins qui ont enregistré les plus belles enchères lors de la dispersion des vins de la cave de Matignon, la Bourgogne s’est distinguée. Une bouteille de Romanée Conti 2004 a sans surprise été acquise par un acheteur Chinois, au prix de 10533€, en hausse de 61% sur la cote iDealwine. Du même domaine, on trouvait également un rare grand cru La-Tâche 1990, vendu 3718€ (+54%), et plusieurs flacons de richebourg 2003 et 2004, adjugés respectivement 1549€ (+66,67%) et 1177€ (+75%). Le grands-échézeaux de 2004 atteignait quant à lui 1053€ (+100%) et un romanée-saint-vivant 2004 867€ (+56%). En Bourgogne toujours, jolie enchère pour un clos-de-tart 1989, adjugé 347€ (+60%).

Bordeaux formait le plus gros contingent de vins mis en vente. Parmi la sélection, on notait la présence de flacons vendus à l’unité ou par lots de deux, parfois dans des millésimes anciens.  Pour certains, l’état de conservation des bouteilles (niveau du vin, état de l’étiquette) ne permettait sans doute plus de les servir à la table du Premier ministre. D’ailleurs, quelques-unes de ces bouteilles n’ont pas trouvé preneur. On a pu noter de belles enchères sur des bouteilles isolées telles que Château Haut Brion 1978 (347€, +121%), Château Cheval Blanc 1970 (471€, +97%), Château Mouton Rothschild 1995 (496€, +64%), Château Margaux 1997 (434€, +133%) ou Château Lafite 1997 (682€, +100%). Deux bouteilles de Petrus 1982 ont été vendues à l’unité à un niveau proche de la cote iDealwine, soit respectivement 3222€ (+4%) et 2974€ pour une bouteille en moins bon état (-4%), loin du niveau atteint par le même vin, dans le millésime 1990, lors de la vente de l’Elysée (rappelons que cette bouteille avait atteint 7625€, +189% par rapport à la cote).

A Bordeaux, de grands millésimes récents

Plus étonnant, on trouvait au catalogue nombre de grands crus issus de millésimes récents. Une caisse contenant 12 bouteilles de Château Mouton Rothschild 2000, le lot le plus cher du catalogue, a été adjugée 14870€, soit 1239€ la bouteille (+38%). De très grands flacons, dont on se demande pourquoi ils n’ont pas été jugés dignes de rester dans la cave de Matignon, figuraient aussi au catalogue : une impériale (l’équivalent de 8 bouteilles) de Château Branaire Ducru 2009, adjugée 805€ et un double-magnum de Château Léoville Poyferré 2000, qui a fait le bonheur d’un acquéreur à 719€ (+22%). Le Château Beychevelle, fort prisé des amateurs asiatiques, était aussi proposé à la vente dans des millésimes récents. Selon les millésimes, il a connu des fortunes diverses : le 2000, présenté en double-magnum, s’est vendu 620€ (+55%). Le 2005 était disponible en bouteilles (vendues 75€, au niveau de la cote), ou en magnum (vendus 310€ pièce, soit +82% par rapport à la cote). On trouvait aussi du 2009, adjugé 145€ le magnum (-9%). Pourquoi avoir décidé de vendre ces millésimes récents, de qualité et de longue garde ?

Dans les autres régions, plus que le souhait de gérer il a manifestement été décidé de se délester de certaines signatures, puisque ce ne sont ni l’ancienneté des vins, ni les faibles quantités qui pouvaient en justifier la vente. Ainsi, on pouvait acquérir, en nombre, les tout derniers (grands) millésimes produits pas la maison Delas en Hermitage (Les Bessards) et en Côte-Rôtie (La Landonne). Les vins, disponibles en bouteilles ou en magnums, ont été adjugés à des niveaux de prix en baisse, jusqu’à -30% par rapport à la cote iDealwine pour le côte-rôtie La Landonne 2009 : pourquoi avoir choisi, et accepté de les vendre avec une telle décote ?

Champagne et alcools historiques mis à l’index

Parmi les vins déstockés lors de cette vente, on trouvait aussi plusieurs séries de belles cuvées de Champagne, telles que Krug Grande cuvée (adjugé 103€ la bouteille), Grand Siècle Brut” de Laurent Perrier (83€), Comtes de Champagne 1998 de Taittinger (93€), La Grande Dame 1998 de chez Veuve Clicquot (116€) ou Amour de Deutz 2000 (81€). Le Champagne n’aurait-il ainsi plus la cote à Matignon ? Dans les vins des autres régions mis en vente, plusieurs lots de riesling et pinots gris du domaine Weinbach étaient proposés à la vente, dans leur version vendanges tardives. Issus de beaux millésimes tels que 1989 ou 1990, tous ont enregistré de belles enchères.

Mais le clou de la vente était un flacon rarissime et historique, l’un des trésors de cette cave : une bouteille de Cognac “Fine Champagne Impériale“ de 1811, estimée 2500/3000€. Ce lot a été adjugé 4461€, frais compris.

Ce catalogue associait ainsi des flacons d’une extrême rareté tels que ce Cognac, ou un rare magnum de Château Palmer 1945, et d’autres, acquis récemment, qui ont manifestement été jugés persona non grata à Matignon. Qu’il fallait donc céder, même en acceptant une décote. Le message est ainsi clair : du Champagne de l’apéritif aux vieux alcools de collection, certaines de ces bouteilles, qui constituent pourtant une part de notre patrimoine viticole, n’ont plus leur place ni à la table de l’Elysée, ni à celle du Premier ministre. Au nom de quels principes ?

Vente de la cave de Matignon : le TOP 20 des lots les plus chers

 VinPrix d’adjudication
TTC (lot)
Prix d’adjudication
TTC unitaire
Cote iDealwineVariation / Cote iDw

1

1 bt Mouton Rothschild 2000

14 870 €

1 239 €

880 €

40,82%

2

1 bt Romanée Conti GC 2004  – DRC

10 533 €

10 533 €

6 837 €

54,00%

3

1 bt Cognac “Fine Champagne Impériale“ 1811

4 461 €

4 461 €

  

4

1 bt La Tâche GC 1990 – DRC

3 718 €

3 718 €

3 395 €

9,50%

5

1 bt Petrus 1982

3 222 €

3 222 €

3 086 €

4,40%

6

12 Bouteilles Clos de Tart, Mommessin [3 de 2001, 3 de 2002, 3 de 1999 et 3 de 1995]

2 354 €

 

2 403 €

-2,04%

7

1 magnum Château Palmer 1945

1 983 €

1 983 €

1 650 €

20,16%

8

 4 bouteilles Château Lafite Rothschild 1993

1 983 €

496 €

506 €

-2,04%

9

 3 bouteilles Château Lafite Rothschild 2004

1 859 €

620 €

514 €

20,54%

10

6 magnums Château Beychevelle 2005

1 859 €

310 €

170 €

82,24%

11

12 bouteilles Meursault “Perrières“, Comtes Lafon 2006

1 797 €

150 €

161 €

-7,00%

12

 3 bouteilles Château Lafite Rothschild 1999

1 735 €

578 €

514 €

12,51%

13

 6 bouteilles Château Cheval Blanc 1993

1 611 €

268 €

210 €

27,85%

14

6 Magnums Romanée Saint-Vivant, « Les Quatre Journaux », L. Latour 2002

1 611 €

268 €

280 €

-4,11%

15

12 bouteilles MEURSAULT “Genevrières“, Comtes Lafon 2006

1 611 €

134 €

139 €

-3,42%

16

1 bt Richebourg GC2003 – DRC

1 549 €

1 549 €

991 €

56,31%

17

1 bt Armagnac Saint Vivant 1893

1 487 €

1 487 €

  

18

6 magnums Château Lynch Bages 2009

1 487 €

248 €

260 €

-4,68%

19

3 bouteilles Château Ausone 1999

1 363 €

454 €

354 €

28,35%

20

6 magnums Hermitage “Les Bessards“, Delas 2009

1 363 €

227 €

260 €

-12,62%

NB – Nous avons exclu de ce palmarès les lots proposés en plusieurs exemplaires (ex. Petrus 1982, Château Lafite 2004) ou présentés en trop mauvais état, ce qui ne permet pas une comparaison équitable avec la cote iDealwine (Ex. Petrus 1961).

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