domaine du Bouchot pouilly

Suite et fin de nos aventures au cœur de la Loire. Après avoir rendu visite aux domaines Claude RiffaultDelaporte et Vincent Gaudry (notre premier article ici) puis Gérard Boulay et Michel Redde (à découvrir ici), nous vous avons aujourd’hui rendez-vous avec les domaines du Bouchot, Dagueneau et Vincent Pinard. Pressons, nous devons y être dans 5 minutes !

Domaine du Bouchot | Découverte de Pouilly-Fumé

« Alors, vous vous êtes brossé les dents ? Vous êtes prêtes pour la première dégustation de la journée ? » nous lance Antoine Gouffier avec un air rieur, ses yeux à la couleur sombre et francs, à peine sorties de la voiture. Antoine Gouffier, vous connaissez peut-être ce nom, ô vous, amateurs avertis. Il est en effet le vigneron du domaine du Bouchot, élu découverte de l’année par La Revue du vin de France en 2022. Enfant du village, Antoine ne se prédestinait pas à reprendre cette exploitation, première de l’appellation Pouilly-Fumé à être certifiée bio, dès 2009. En effet, dès 21 ans, le jeune homme quitte la France pour parcourir le monde, et travaille à New York, en Californie, en Argentine, en Afrique du Sud, où il découvre à la fois la commercialisation mais surtout où il vinifie pour différents domaines… L’envie de rentrer, BTS viti-oeno en poche, il se lance alors à la recherche d’un domaine à reprendre en France. C’est finalement sur ses terres natales qu’il reprend en 2018 cette exploitation. Il commence d’abord à travailler avec le vigneron, afin d’apprivoiser les vignes et ses méthodes, l’idée étant de reprendre le domaine dans la continuité de ce qui avait déjà été fait. « Nous avons signé la vente des bâtiments et du matériel en décembre 2019, puis le covid nous est arrivé en pleine face » puis le vigneron de rajouter « de toutes façons, moi dès que c’est impossible, c’est là que ça m’intéresse ». Dix hectares de vignes, quatre personnes qui travaillent au domaine quotidiennement, et l’ancien vigneron qui passe presque tous les jours. La transition s’est faite naturellement, « que demander de mieux ? ». Et puis Antoine a apporté ses modifications à mesure, comme par exemple sur les vendanges : en 2018, vendanges à la machine, en 2019 c’était moitié machine moitié manuelles et en 2020 les vendanges ont été à 100% manuelles.

Garées dans la grande cour entourée de tous les bâtiments, au beau milieu des vignes, nous avons suivi Antoine dans les cuveries, apercevons le petit pressoir qui sert à presser le vin orange. Autour de nous, cela s’active, entre collage des étiquettes, rangement de matériel, … le tout au son de la radio. Antoine nous emmène voir sans tarder les vignes. « Bon, vous voyez, là, juste là, ce sont des vignes du domaine. Elles sont pleines d’herbe, et aucun plastique n’y est présent, je ne veux même pas en voir pour délimiter quoi que ce soit, tout est pensé pour avoir le moins d’impact possible. Nous faisons deux ou trois passages pour les labours. Nous sommes certifiés Demeter depuis le millésime 2020 et Biodyvin a accepté notre demande de label en 2021, nous serons donc certifiés sous peu. Vous pouvez comprendre la lune présente sur nos étiquettes… Ici, c’est un peu la petite maison dans la prairie, et c’est ce que je veux pour mes deux enfants : des arbres partout, des ruches, des chevaux, le rêve ! C’est un peu la campagne comme il y a 20 ans ».

Côté vinification, le vigneron ne réalise pas toutes les malo. S’il a utilisé le soufre en dose minime jusqu’ici, Antoine souhaite s’en passer au maximum pour la récolte de 2021, puisque ses jus ne sont jamais en contact avec l’air et ne risquent donc pas l’oxydation.

Nous revenons dans la petite cave à la lumière tamisée et commençons la dégustation sur des bouteilles pour la terminer à même les fûts. Fûts ? Pas que… Cette cave semble être un véritable laboratoire où Antoine s’amuse à faire ses expériences : telle cuvée dans des contenants différents, des fûts de différents volumes, des fûts en forme d’œuf, des cuves en inox, des cuves œuf…

Terres blanches 2020 : Cette cuvée est issue de sols kimméridgiens, et a été travaillée en tout inox, avec la gravité. Elle a été vinifiée sans soufre, à partir des levures indigènes. Un vin aux notes de fruits blancs et exotiques. La fraicheur est très nette, elle séduit toute la bouche.

Caillottes 2020 : Ce vin a été mis en bouteille en septembre. Il a été légèrement filtré, et très très peu soufré.

MCMLV 2020 : Pour les pros des chiffres romains, cette cuvée signifie 1955, qui est la date de plantation de cette vigne. Le vigneron l’élève à moitié en barrique et en cuve. Un nez exotique, minéral, fin de précis, mais également floral, et de pomme. Il est encore jeune, assez minéral, et est une splendide promesse si vous avez la patience de l’attendre. Véritable coup de cœur, et pour le vigneron aussi « pour l’instant, c’est un des meilleurs que je n’ai jamais fait, ça tombe bien, c’est l’année de naissance de mon 2ème ! ».

Vin orange 2020 : La parcelle utilisée pour produire cette cuvée est la seule orientée sud-ouest, et la plus vieille du domaine. Ainsi, ses raisins sont bien concentrés au moment des vendanges, et de couleur jaune ocre. « Au début, je voulais faire cette cuvée pour le fun, en 2018. En 2019 je ne l’ai pas faite, et beaucoup de personnes me disaient qu’elle manquait à leur panier. Donc en 2020 j’en ai fait deux fois plus, 1 900 bouteilles. Et en 2021, j’en ai fait 4 000 ». Cette cuvée a réalisé une macération de six mois, puis une vinification intégrale. Le vigneron fait rouler le fût pour que le bois soit bien en contact avec les jus et les raisins. A la couleur, nous sommes un peu perdues, car le « orange » est assez léger, l’on s’y méprend avec un vin blanc. Le nez est exubérant et frais tout à la fois, une certaine sucrosité très charmeuse, et un véritable fruité. La bouche est structurée, fine et minérale. L’on sent les tanins des peaux. Un accord ? Un roquefort ou comté affiné. Sur cette cuvée, une étiquette qui laisse apparaitre un crabe, un animal qui interagit avec la lune.

Pouilly-Fumé 2021 dégusté sur fût : Ce vin est issu de vignes plantées sur des marnes kimméridgiennes. Son nez est marqué par les fruits blancs, une bouche aromatique, ronde, équilibrée et minérale. « Je ne sais pas encore dans quelle cuvée je le mets ». Nous avons également dégusté la même cuvée, élevée dans des fûts neufs de 350L (plus d’acidité et de structure) et de 600L (un vin plus intégré, moins variétal, fruité et aux notes de noisettes).

Chasselas Mon Village 2021 dégusté sur fût : Cette cuvée a macéré pendant deux semaines pour apporter plus d’arômes et de texture au vin, les baies de chasselas étant naturellement assez grosses et donc peu concentrées. Les vignes sont plantées sur du sable. L’élevage de ce vin a lieu dans des fûts en forme d’œuf, dont la forme accentue l’autolyse des lies. En rétro-olfaction, l’on perçoit quelques épices, c’est un vin frais et fruité. Nous avons dégusté le même vin dans un cuve en forme d’œuf, un vin également aromatique et vivant.

Vin orange 2021 : C’est à même le fût que nous dégustons cette cuvée, nous percevons donc très nettement les baies de raisins encore présentes dans le vin. Des notes de prunes et de fruits exotiques.

Après ce bon moment passé ensemble, Antoine nous raccompagne et nous salue, en nous tutoyant comme depuis la première seconde où nous sommes descendues de cette voiture. Un moment riche en échanges et plein de sens. Nous vous conseillons de déguster les vins du domaine sans tarder, Antoine est une étoile montante à suivre.

Les vins du domaine du Bouchot en vente

Lire notre article dédié au domaine du Bouchot

Domaine Dagueneau | La relève de Louis-Benjamin

Direction Saint-Andelain, au niveau du Belvédère, où nous arrivons au domaine Didier Dagueneau, un bel ensemble de plusieurs bâtiments. Nous entrons dans le bureau, où l’on reconnait rapidement l’affiche Terroiristes du domaine Plageoles, « Louis-Benjamin ne va pas tarder » nous répond chaleureusement Fanny, qui assiste Louis-Benjamin dans la commercialisation des vins. Au bout de quelques minutes, le fils de Didier Dagueneau fait en effet son apparition, vêtu d’une petite doudoune, et nous emmène aussitôt dans la cuverie où il nous remet à toutes deux un verre pour que la dégustation commence.

Nous nous rendons d’abord dans le chai où nous dégustons sur fût les cuvées Silex et Buisson Renard vinifiés séparément. Puis les deux ensemble, qu’il assemble sous nos yeux, pour nous donner un aperçu du millésime 2021, qui n’existera pas dans chacune des cuvées mais sera un assemblage de toutes, les volumes ayant été trop petits…

Les discussions fusent à mesure des dégustations, elles se croisent. Ce sera donc aussi le cas pour vous, chers lecteurs.

Buisson Renard 2021 : Ce vin très pur a été produit cette année dans des quantités réduites, pour une consommation confidentielle. Le nom de cette cuvée ? « Avant, elle s’appelait Buisson Ménard, et un magazine connu dans le monde du vin s’est trompé et a écrit « Buisson Renard », ça nous a fait marrer, alors on a changé le nom de cette cuvée ». Ce vin présente des arômes de pierres à fusil, très minérales. La fin de bouche est très complexe, miellée.

Silex 2021 : Cette cuvée possède un nez plus rond mais encore fermé, avec une certaine sucrosité. « C’est le vin qui demande le plus de temps pour s’ouvrir ». Beaucoup de complexité et de charme dans ce vin.

Cuvée 21 : Il s’agit ici d’un assemblage de toutes les cuvées du domaine, un très bel équilibre, des notes minérales et florales. Ce vin est cristallin et exotique tout à la fois. C’est le seul vin qui sortira du domaine en 2021, en raison des intempéries : « nous avons eu de la grêle, du gel, mais pas de mildiou ».

« Chez Dagueneau, nous avons 15 permanents au domaine. Dans les vignes, nous faisons du tri à la souche, vendangeons manuellement dans ces bacs à vendanges que vous voyez là (la date de vendanges est capitale, s’il faut, nous sommes capables au domaine de vendanger en 4 ou 5 jours), éraflons à 100%. L’idée est que les baies arrivent intactes dans le pressoir, nous travaillons donc par gravité. La vinification et l’élevage sont réalisés de la même manière pour tous les vins, dans cinq types de contenants différents. Mes fûts sont à un quart neufs, et je les sélectionne minutieusement. Le tonnelier me fait une chauffe blonde, longue et douce. Et nous avons aussi d’autres contenants, un Wineglobe depuis trois ans maintenant, nous en avons d’autres à Jurançon ». Côté élevage, celui-ci dure une année sur fût. Le but de tout cela, est de faire des vins de plaisir, de gourmandise « je veux faire des vins qui se boivent, sans la moindre lourdeur ».

Pet Nat avec François Chidaine : Ce vin est issu à 100% du petit meslier – fait rare -, un ancien cépage planté en 2002 et vendangé en 2014. Il s’agit de raisins cultivés sur le plateau de Saint-Andelain, des vignes situées derrière la cave. Il a été réalisé selon la méthode traditionnelle, l’élevage a eu lieu pendant trois années sur lattes. Ce cépage apporte quelque chose de très frais alors que le climat ne cesse de se réchauffer depuis quelques années. Equilibre et fraîcheur apparaissent au nez, la bouche s’ouvre sur la noisette et présente une finale amère qui fait saliver.

« Didier [c’est ainsi que son fils l’appelle] est parti de rien du tout. Pendant trois ans, il a vendu à perte. Puis son banquier lui a dit « Si tu ne veux pas déposer le bilan, il faut vendre deux fois plus cher que les autres ». C’est ce qu’il a fait, en tentant donc de faire deux fois meilleur que les autres. Il a voyagé, a goûté ce qui se faisait ailleurs… Ici, tout, je dis bien tout, a été essayé. C’est aussi notre quête de faire différent qui nous a valu de sortir de l’appellation. »

Clos du Calvaire 2021 : Ce vin a été totalement élevé dans un Wineglobe. La parcelle en question est située sur des sols de silex, et a bénéficié de beaucoup de soleil. Le nez est chaud et aromatique. En bouche, ce nectar a beaucoup de relief.

« Dans les années 1990, Didier a voulu tester de faire des moelleux ici à Sancerre. C’est la cuvée Maudit. C’est aussi la raison qui nous a menés à aller jusqu’à Jurançon pour se faire la main sur ce genre de vins ».

Blanc Etc 2020 : Un vin minéral, aromatique et tranchant. Malgré un millésime chaud, il est relativement frais et garde les caractéristiques de son cépage.

Pur Sang 2020 : De belles acidités et rondeurs dans ce vin, il est tranchant et légèrement salin en fin de bouche, coup de cœur.

Dans les années 1980, Didier était perçu comme un véritable farfelu, car il avait des étiquettes hors du commun pour l’époque. Aujourd’hui, nous les avons retravaillées, et c’est devenu plus commun.

Buisson regard 2020 : Un vin à la très belle longueur, qui a du pep’s ! Il est épicé et présente des notes de fruits mûrs.

Silex 2020 : Un vin tranchant qui a besoin d’encore un peu de temps pour s’ouvrir. Son acidité est très agréable et fraîche, sa longueur infinie.

Nous découvrons l’autre passion de Louis-Benjamin, qui en parle avec autant d’étoiles dans les yeux que de ses vins : l’équitation. « Les chevaux vous donnent de l’énergie, comme les vins. Je suis passionné de cette relation qui se noue avec un cheval, c’est pour cela que je passe l’autre clair de mon temps à monter, également en compétition ».

Blanc etc 2019 : C’est la seule cuvée d’assemblage du domaine, souvent la plus facile à boire sur la jeunesse. Son nez est flatteur, sa bouche ronde et longue.

Pur Sang 2019 : Un nez de fruits exotiques et de fleurs que ce vin. En bouche, une belle rondeur et du charme, la longueur est également impressionnante.

« Si nous avons des origines bretonnes ? Ah, vous parlez du triskèle sur la maison ? C’est plutôt d’origine scandinave que bretonne. Il représente un peu ce que l’on veut y voir : le passé, le présent et l’avenir ; le liquide, le solide, le gazeux… Quand j’ai dessiné l’étiquette de Memento Mori en hommage à Didier, avec le sablier et les deux M, j’ai réalisé après que le nom Dagueneau venait de la divinité Dagaz qui est justement représentée par un sablier. Un hasard, que j’ai trouvé sympathique. Tout est histoire de symboles, nous avons réussi à recréer un univers proche de nos origines, sans même le savoir. »

Buisson Renard 2019 : Un vin minéral, la fin de bouche est sur la noisette. De nouveau, une magnifique longueur qui semble être la signature de la maison.

Monts Damnés 2019 : Un vin tranchant, équilibré, complexe et d’une très belle longueur.

Silex 2019 : Le citron est très clair au nez et en bouche, un vin tranchant et rond, équilibré, à la longueur sensationnelle. Coup de cœur.

Astéroïde 2019 : Nous sommes ici sur le même terroir que Pur Sang, une vigne franc de pied replantée en 1989. La moitié de ce vin est vinifié en barrique, l’autre en Wineglobe. Un vin qui a de la mâche et présente des amers en fin de bouche. Ce vin promet une garde exceptionnelle. Ce vin est produit à hauteur de 200 ou 400 litres chaque année, selon le millésime.

Memento Mori 2018 : Ce vin est une sélection de raisins sur silex, « un jour, en 2018, j’ai décidé de vinifier cette partie à part, en hommage à Didier, pour les 10 ans de sa mort ». Fraîcheur, densité sont au rendez-vous, un vin qui ira loin.

« Aujourd’hui, j’aime bien faire des one shot au domaine, en fonction des terroirs qui se distinguent d’une année sur l’autre. Nous créons des étiquettes qui nous inspirent, et hop ».

Jardins de Babylone demi-sec 2017 : Ce vin est comme un moelleux, avec 77gr de sucre et 9,5% d’alcool. « Il m’a coûté l’appellation, mais cela a aussi changé la norme des vins de Jurançon ». Ce vin présente des notes de gingembre confit, de tarte tatin, de citron. Il est frais, équilibré et pétillant, un délice !

Le vigneron nous raccompagne à notre voiture pour les au-revoir. Une rencontre passionnante, pour les oreilles mais aussi le nez et les papilles. Splendide !

Les vins de chez Dagueneau en vente

Vincent Pinard | Le cœur de Bué

Pour la dernière visite de notre séjour à Sancerre, nous avons rendez-vous à Sancerre avec Florent Pinard. Nous arrivons dans la cour, et le vigneron nous accueille chaleureusement. En quelques minutes, nous avons l’impression de connaître depuis bien longtemps ce grand gaillard, aux yeux rieurs et toujours prêt à égayer les commentaires de dégustation. Direction la cave, nous n’avons pas de temps à perdre ! « J’espère que votre train n’est pas trop tôt, car je vous ai prévu une sacrée dégustation ! ». Les bouteilles sont alignées, et certaines sont encore au frais et s’attroupent à mesure des minutes sur la table. Que le festival commence !  

« Nous avons 17 hectares de vignes, en bio depuis 2004 ce qui fait de nous l’un des premiers domaines à travailler avec ces méthodes. Avec Clément, nous ne voulions pas spécialement revendiquer un label, mais notre père le souhaitait, et ce que père veut… » termine Florent en riant. « Pour nous, c’est une façon de respecter d’abord l’homme qui travaille, et bien sûr le raisin. Nous travaillons également avec les méthodes biodynamiques depuis cinq ans, cette fois sans label. La mise en bouteille ou les soutirages se font en fonction des lunes. » Florent est arrivé au domaine en 2001 à 21 ans, et Clément l’a rejoint en 2007. A entendre le vigneron, la collaboration à trois se passe plus que bien, « Nous passons le plus clair de notre temps ensemble, et cela nous plait. Les décisions à quatre, avec notre second d’exploitation, se déroulent pour le mieux » finit Florent. « L’on fait du vin du côté de mon père et de ma mère. Le nom Pinard, dans le vin, existe depuis au moins Henri IV, nous ne remontons pas avant, mais c’est déjà pas mal je trouve ! A mesure des années, les vins ont changé, selon nos goûts également. Nous faisons de toutes façons des vins que nous avons envie de boire, même si la patte du domaine se dessine quand même ».

Les vendanges sont réalisées manuellement, dans des petites cagettes, puis s’en suit un travail de tri. Pour reprendre l’expression de Pierre-Olivier Clouet, de Cheval Blanc, qui plait à Florent : « On aime bien vendanger al dente ». Aucun soufre n’est utilisé à réception de la vendange, uniquement au moment de l’assemblage. L’idée est tout de même s’en utiliser le moins possible, pas du tout étant l’idéal, ainsi certains vins sont presque considérés comme nature. « Cela leur apporte beaucoup de précision ».  

« Commençons par les rouges si vous le voulez bien ! »

Pinot noir 2020 : Cette cuvée a été égrappée, élevée dans des pièces de bois. Le nez s’ouvre sur des fruits rouges, des épices.

Charlouise 2019 : Les vignes ont une moyenne d’âge de 50 ans, ce vin a été travaillé à 20% en grappes entières et en fût (à 15% neufs). Le nez est sur la fleur, un vin charmeur et velouté en bouche, ultra-complexe, profond et salin. « Il y a le Petit Chemarin dedans, qui est très tranchant ».

Vendanges entières 2011 : Un vin qui n’est pas encore complètement sur le tertiaire, il y a encore des tanins.

Vendanges entières 2017 : Ce millésime prouve que ce vin peut être gardé longtemps. Un très beau millésime, le nectar est frais, fruité et élégant.

Charlouise 2010 : Le nez est très élégant, plein de fleurs et de fruits rouges. « Aujourd’hui, nous réalisons des élevages plus courts pour nos rouges. En fait c’est simple : nous essayons de nous adapter au vin, c’est lui qui décide. Quand nous le dégustons et qu’il nous plait, nous le mettons en bouteille et le vendons. » La trame est encore bien tannique, l’on peut encore attendre cette cuvée.

Charlouise 2009 : Un vin atypique, puisque le domaine a subi par quatre fois la grêle. Un style plus costaud, du cuir et des épices. « C’est vrai que les pinots noirs de Sancerre sont plus sauvages et épicés que ceux de Bourgogne, davantage fruités ».

« En 2021, nous avons eu une moins bonne récolte que 2020, vous n’êtes pas sans le savoir, mais la qualité est au rendez-vous ».

« Nous passons aux blancs maintenant. »

Harmonie 2019 : Un nez de fruits jaunes et exotiques. Il s’agit d’un assemblage de deux vignes, la Plante des Prés et La Pélerine, plantées il y a plus de 50 ans. « Nous avons élevage la moitié de cette cuvée en demi-muids et l’autre en fûts de bois. Pas de filtration, et hop ! ». En bouche, ce vin est précis, rond, élégant et sensuel. Belle longueur.

« Au domaine, nous avons une cinquantaine de parcelles en tout ».

Petit Chemarin 2019 : Une vigne plantée en 1968, orientée ouest, située sur de belles dalles calcaires. « Les cailloux sur le sol sont fins et plats, le vin l’est donc aussi. C’est toujours la première vigne à être vendangée pour la première partie, puis le côte Moulin à Vent est vendangé quatre jours après. On n’invente rien ! Ce vin a été élevage en demi-muids non neufs. »

Grand Chemarin 2019 : Nous sommes ici sur des calcaires de l’Oxfordien et du Kimméridgien. Un vin épicé, sur la pêche et la mirabelle.

Le Château 2019 : « Nous sommes les seuls à revendiquer le nom de cette parcelle. C’était en fait la vigne préférée de notre Grand-Père. » Du menthol et de la chlorophylle au nez, un vin élégant en bouche, tranchant, à la finale salivante.

Le Chêne Marchand 2019 : « La légende dit qu’il y avait ici un immense chêne, sous lequel les gens venaient faire leur marché ». Cette vigne présente trois expositions différentes, « C’est le plus beau terroir de Bué ». Un vin qui a du peps, salin et à la très belle longueur.

Flores 2020 : Un vin élevé sous bois non neuf, avec une petite partie inox. C’est un nectar frais et floral. « La cuvée est une référence à mon prénom, petite dédicace de mes parents ».

Nuances 2020 : Un vin issu de vignes plus âgées, c’est un assemblage de Flores et Harmonie. Un nez de fruits exotiques, un peu végétal. La bouche est légèrement épicée.

Petit Chemarin 2020 : « Ce vin a été mis en bouteille il y a 10 jours, donc il n’est pas encore en place, et nous le gardons un peu avant de le vendre ». Un nez assez variétal, un bébé qui demande à grandir un peu !

Grand Chemarin 2020 : Un nez un peu citronné, frais.

Le Château 2020 : Un nez citronné également, ce vin a beaucoup de charme et de rondeur. Sa longueur est immense.

Chêne Marchand 2020 : Beaucoup de puissance, de la rondeur et une belle longueur.

Harmonie 2016 : Précis, un nez d’agrumes, un peu pétrolé (comme un riesling)… A l’aveugle, nous serions perdus ! Coup de cœur !

Chêne Marchand 2016 : Également un peu de pétrole au nez, « C’est une caractéristique du millésime ! Et parfois, cet arôme se transforme en truffe blanche quand nous arrivons sur le tertiaire ! ». Un peu de vanille, la fin de bouche est très complexe, belle longueur. Nouveau coup de cœur.

Le Château 2014 : Un peu de miel, de pierre à fusil, joli !

Grand Chemarin 2012 : Du miel d’acacias, un vin plus mûr, du fenouil. La finale est splendide.

Petit Chemarin 2010 : De la pierre à fusil, du citron, du miel. Un vin très digeste, qui encourage à être patient en cave.

L’heure du train approche, la fin de la dégustation aussi. Nous repartons en direction de la sortie et croisons Gérard Pinard, père de Florent et Clément. Nous avons en tête cette jolie phrase prononcée par Florent quelques minutes avant « Mon père, c’est un Rolling Stones de la vigne, à 70 ans, il ne lâche pas ». Le vigneron, les yeux pétillants, ne met pas longtemps à nous raconter ses souvenirs dans les vignes, « En 1959, avec mon père, je me souviens des hivers où nous taillions sans gants ». Après quelques souvenirs qui nous font penser que la prochaine fois, il faudra venir encore plus longuement, nous saluons tout ce monde, attablé pour le verre du vendredi soir, et repartons direction la gare.

Les vins de chez Vincent Pinard en vente

Merci à tous les vignerons pour leur accueil, pour ces merveilleuses dégustations. Un conseil à tous ? Redécouvrez Sancerre et Pouilly-Fumé à travers la sélection que nous vous proposons, et gardez quelques flacons dans votre cave, pour avoir la chance de déguster des vins avec un peu de garde, une expérience inoubliable.

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