Charles Hours Clos Uroulat

Charles Uroulat fait partie de ces vignerons qui ont énormément contribué au renouveau de l’appellation Jurançon, à sa reconnaissance comme une terre de grands vins auprès des amateurs. Nous avons eu la chance de nous entretenir avec le vigneron, aussi talentueux que discret et humble. Zoom sur cette grande signature de l’appellation.

Chez iDealwine, on adore les vins de Jurançon ! Et s’il semble que les amateurs pointus partagent aussi cette passion, qui n’est pas encore toujours le cas du grand public, pour qui cette appellation reste peu connue. Et justement, les vins du Clos Uroulat sont un excellent moyen de découvrir les grands vins blancs de Jurançon, en sec comme en moelleux.

Clos Uroulat vins

Un domaine au cœur du Jurançon

Situé en terres de Jurançon, à Monein, à l’ouest de Pau, le Clos Uroulat fut repris en 1983 par Charles Hours. Ancien rugbyman et œnologue, il est aussi fier de ses origines paysannes locales : « Mes grands-parents maternels avaient une pépinière viticole et un peu de vigne d’autoconsommation » nous explique-t-il. « Historiquement, le Béarn est une région de polyculture, un pays de cocagne ! ».

Depuis 2005, la fille de Charles, Marie, l’a rejoint au domaine après des études de viticulture et d’œnologie. Aujourd’hui, ils sont associés et travaillent en binôme.

Le domaine en lui-même date de 1793. Le vignoble, qui s’étendait à l’origine sur 3,5 hectares, en recouvre aujourd’hui 14 en propriété et deux en location ; en plus de la vigne, il y a aussi un hectare de prairie et deux de bois. Le vignoble s’épanouit sur de beaux coteaux à une altitude de 220m et l’encépagement est traditionnel, composé de petit manseng (exposé plein sud) et gros manseng (exposé sud-ouest), mais aussi d’un cépage local un peu oublié : le petit courbu, qui apparaît notamment dans la cuvée Marie. Le terroir, assez homogène dans l’appellation, est de type argilo-siliceux – des sols pauvres et riches en fer – et le climat est en quelque sorte pré-montagnard, avec des influences maritimes du fait de la proximité avec la côte basque.

Charles Hours est un amoureux de sa région, du Jurançon et du Béarn plus globalement. Il n’y a qu’à discuter un peu avec lui pour s’en rendre compte : « Le Béarn est un coin extraordinaire pour venir se promener, se reposer, c’est très sauvage. Chez nous on respire ! », même s’il reconnaît que cette tranquillité et cette discrétion ont un prix : celui du manque de notoriété de l’appellation. « Pour vivre heureux vivons caché, disons-nous, mais c’est vrai que nos produits souffrent d’un vrai manque de notoriété. » Pourtant, l’AOC Jurançon fût l’une des première de France : 1936 pour les vins moelleux et 1975 pour le sec. « On est loin de Paris et des zones d’influence, on est entre deux géants avec le Bordelais et le Languedoc. Et puis on est une terre de rugby et on se chamaille, on n’est pas très bons en communication ! » analyse-t-il.

Charles Hours (Clos Uroulat) vignes

Une viticulture raisonnée mais loin d’être de tout repos

Si le domaine travaille la plupart du temps selon les principes bio, il ne s’interdit pas de traiter sa vigne en dernier recours. Et il faut dire qu’avec la pluviométrie de la région, le travail est sportif ! Pour lutter contre le mildiou et l’oïdium qui sont particulièrement virulents avec la forte humidité ambiante, de nombreux passages sont nécessaires pour les traitements de contact (soufre et cuivre notamment). « Certains millésimes, un traitement tous les 15 jours suffisait, mais avec des années aussi humides que cette année où on a eu de nombreux orages, on est plus à trois traitements par mois » nous explique-t-il. Pour ces traitements, ils fonctionnent en traitant d’abord des rangées test avant de généraliser à la parcelle.

Pour autant, le vigneron réalise aussi les avantages de ce climat : « Je suis heureux d’avoir de la pluie car il n’y a pas de vie sans eau et que je vois des collègues dans d’autres régions pour qui c’est un gros problème… Il faut de l’eau pour la vigne, pas trop non plus, bien sûr, mais je ne crois pas que la vigne doive souffrir et manquer d’eau pour faire du bon vin. »

Aucun engrais n’est utilisé et les sols sont enherbés et travaillés un rang sur deux ; un gros travail en vert est effectué. Il y aussi un important chantier de palissage puisque la vigne est palissée en hautain (spécialité régionale), c’est-à-dire qu’elle est palissée très haut, de 80cm à plus de 2m. « La vigne est une liane ! » rappelle-t-il. Cette technique permet d’offrir un ensoleillement maximal, tant pour les feuilles que pour les grappes ; même s’il est vrai que cette problématique en est de moins en moins présente avec le réchauffement climatique qui rend les raisins presque trop riches certaines années. Tout ce travail manuel est parfois un peu rock’n roll, nous confie M Hours, du fait de la pente des parcelles.

Les vins doux sont produits par passerillage : les raisins restent jusqu’au mois d’octobre sur les pieds de vigne jusqu’à ce qu’ils se dessèchent grâce au soleil et au vent. Ils sont alors très concentrés en sucre et en arômes.

Des vinifications soignées

Charles Hours (Clos Uroulat) famille

Le domaine produit du jurançon moelleux et du jurançon sec ; le premier représentant 1/3 de la production et le second les 2/3. Charles Hours avait aussi essayé de faire du vin rouge à ses débuts, mais n’était pas satisfait de la qualité et a fini par arracher les vignes en 1992.

Les vendanges sont évidemment manuelles et au chai, chaque millésime peut être vinifié différemment. Le pressurage est lent et doux. Les vieilles vignes sont vinifiées en fûts avec peu de bois neuf (10 à 20% selon les cuvées), d’autres en cuves inox avec élevages sur lies fines pour enrichir le vin et le protéger de l’oxydation. L’utilisation du soufre est très raisonnée : les jus n’en voient pas du tout jusqu’à la mise en bouteilles. Les taux de SO2 sont de l’ordre de 20 à 30 mg/l pour les secs et de 40 à 50 pour les vins moelleux. Si le vigneron ne veut prendre aucun risque pour que ses vins puissent vieillir dans les meilleures conditions, il rappelle que les moelleux n’étant pas produits via des raisins botrytisés, ils nécessitent un peu de SO2 et qu’également, les très bonnes acidités protègent naturellement le vin et aident également à diminuer les doses de soufre. Les vins vieillissent 10 mois en fûts puis 6 mois en cuves.

Charles Hours (Clos Uroulat) vendanges

« Je veux faire des vins démocratiques, accessibles »

« Moi je suis fils de paysan, je veux que mes vins soient des vins démocratiques, accessibles. Des vins spéculatifs, il y en a déjà assez ! Il faut que tout le monde s’y retrouve bien sûr et que les vignerons puissent vivre de leur travail, mais le consommateur aussi doit s’y retrouver. Le vin n’est pas une fin en soit, c’est un produit de partage comme le bon fromage. Selon moi il ne faut pas trop intellectualiser les vins, il faut que ça reste accessible et que ça reste une « simple » boisson désaltérante. Certains jeunes disent qu’ils préfèrent boire de la bière pour ne pas se prendre la tête et c’est vrai que c’est parfois le problème du vin, de vouloir trop intellectualiser une boisson, même si bien sûr, le vin reste un produit culturel, sur lequel on peut apprendre plein de choses si on a envie de creuser le sujet. »

Une belle philosophie qui nous semble bien coller avec la personnalité du vigneron, qui fait preuve d’une grande humilité, qui semble très accessible.

Charles Hours (Clos Uroulat) vignerons

« Le jurançon a une vie en dehors du foie gras ! »

En dehors des accords traditionnels et bien connus comme le foie gras, le vin moelleux de Jurançon peut être très polyvalent à table. M Hours préconise par exemple des accords avec la cuisine asiatique, que ce soit en version épicée ou sucrée-salée, mais aussi des fromages de caractère comme la mimolette ou l’ossau-iraty, ou les bleus. Nous pouvons aussi ajouter des accords avec la cuisine sucrée-salée maghrébine comme le couscous tfaya (aux oignons caramélisés et raisins secs) ou les tajines aux abricots secs.

Les vins du Clos Uroulat

Les vins de ce domaine sont appréciés pour leur équilibre, leur finesse et leur belle matière digeste. Ils vieillissent également à merveille, en sec comme en moelleux. Les vins moelleux atteignent environ 60 à 85g de sucre, ce qui est assez peu et surtout, ils sont parfaitement équilibrés par de superbes acidités et le fruité. Les secs atteignent eux aussi un très joli niveau.

Voir tous les vins du domaine en vente

Laisser un commentaire