Vous voyez à peu près comment faire du vin, mais vous êtes complétement perdu en matière de spiritueux et notamment de whisky ? Pas de panique, nous étions un peu dans le même cas il y a quelques années et nous avons donc travaillé la question. Voici un petit résumé clair et complet du processus de production d’un whisky.
Les mondes des vins et des spiritueux ont beau être proches, ils n’en sont pas moins très différents, comme c’est le cas pour le procédé de fabrication. Aujourd’hui, cap sur la manière dont est produit le whisky.
I – Révisons les bases : spiritueux, distillation…
Pour commencer, rappelons que le whisky fait partie des spiritueux, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une boisson alcoolisée élaborée par distillation de matières premières agricoles, et non pas par fermentation comme c’est le cas pour le vin et la bière. Mais qu’est-ce donc précisément que la distillation vous direz-nous ? Il s’agit simplement d’un procédé de séparation de mélange de liquides – ici, l’eau et l’alcool – dont les températures d’ébullition sont différentes. L’idée est donc de chauffer ce mélange pour permettre aux substances de se vaporiser successivement (et donc de les séparer), puis la vapeur obtenue est liquéfiée pour donner le distillat. On obtient donc deux liquides séparés, après les avoir vaporisés.
II – La matière première
Ça, vous le savez sans doute : on ne fait pas de whisky avec du raisin, puisqu’il s’agit d’un alcool de grain. Il peut être élaboré à partir de différentes céréales comme l’orge, le seigle, le blé ou le maïs, suivant les traditions et la législation locales et les choix des producteurs. En cela, le whisky peut se rapprocher de la bière, on dit d’ailleurs qu’il est de la bière distillée ; mais la distillation lui confère bien sûr un degré alcoolique bien plus élevé.
Si le terroir a ici moins d’importance que dans le vin, dans le sens où il va être un élément moins différenciant que la technique de production ou le type d’élevage, il n’est pas non plus un concept inepte à appliquer au whisky. En effet, le choix de l’eau de source utilisée ou de l’éventuelle tourbe (souvent locale) a par exemple son importance.
III – Le processus de production du whisky
Une fois les céréales récoltées, il faut procéder à leur maltage, afin de transformer leur amidon insoluble en amidon soluble. Le maltage consiste à faire germer les grains pour déclencher les transformations biochimiques naturelles de la plante, puis à interrompre cette transformation à différents stades selon les types de malts souhaités. Le maltage est composé de plusieurs étapes :
- La trempe: hydratation des grains par trempage ou aspersion durant un à deux jours, pour que leur taux d’humidité atteigne 45% et que les germes apparaissent.
- La germination: placer les grains dans un environnement chaud et humide pour favoriser leur germination, durant une petite semaine. Cette germination fait secréter aux grains des enzymes qui modifient l’amidon : les amylases (enzymes) transforment une partie de l’amidon en sucres fermentescibles (essentiel pour permettre la fermentation).
- Le touraillage: séchage du malt par ventilation d’air chaud ou à l’air chaud provenant de la combustion de la tourbe – d’une terre très humide et riche en végétaux – qui alimente le four, dans le cas des whisky tourbés (le fumage de la tourbe transmet des arômes puissants fumés au malt). Cela permet de déshumidifier les grains et d’accélérer la production enzymatique jusqu’à bloquer le processus de germination.
- Le dégermage: tamisage des grains pour les débarrasser des radicelles.
On appelle donc malt la céréale germée puis cuite. Il faut ensuite brasser ce malt, pour dissoudre l’amidon soluble dans l’eau et permettre aux enzymes de le transformer en sucre. On broie donc les grains dans un moulin, ce qui donne le grist (sorte de farine), puis on le brasse avec de l’eau chaude. C’est à ce moment-là que les enzymes convertissent l’amidon en sucre.
Le moût obtenu est désormais prêt à fermenter (souvent en cuves bois ou inox), grâce à l’ajout de levures qui transforment les sucres simples en alcool éthylique. Après fermentation, on obtient une bière, titrant entre 6% et 8%.
Vient enfin le moment de la fameuse distillation. Celle-ci peut être simple, double ou même triple. La distillation se fait dans des alambics aux formes variées. Le but est ici de séparer l’eau et l’éthanol du moût fermenté. La température d’ébullition du moût fermenté est comprise entre celle de l’éthanol pur (78,3°C) et celle de l’eau pure (100°C), les deux principaux composants du moût. On chauffe donc progressivement le liquide, ce qui conduit à une évaporation de l’éthanol (et en même temps de composés volatiles, aromatiques et d’autres alcools). Cette vapeur est ensuite refroidie pour se condenser et obtenir le distillat. Le liquide condensé est donc bien plus concentré en arômes et en alcool (entre 60 et 96% d’alcool) que le moût d’origine qui contenait aussi beaucoup d’eau. La partie la plus qualitative de ce distillat est le futur whisky, prêt à être élevé.
L’élevage se fait généralement en fût (souvent d’anciens fûts de xérès ou de bourbon), avant assemblage (sauf si c’est un spiritueux millésimé). L’élevage dure au minimum trois ans dans le cas des whiskies écossais (par exemple The Macallan ou Lagavulin) et une part de l’alcool s’évapore (environ 1 à 2%), c’est ce qu’on nomme la « part des anges ». Le whisky peut être assemblé dans le cas des blended, ou millésimé. Une fois l’assemblage terminé, il faut généralement ramener le spiritueux au degré d’alcool d’embouteillage (environ 40%), avec l’ajout d’eau déminéralisée, du caramel peut être ajouté pour ajuster la couleur. Enfin, le spiritueux est la plupart du temps filtré et on y rajoute de l’eau pour diminuer le niveau d’alcool.
Et voilà, la fabrication du whisky n’a plus aucun secret pour vous ! Il ne vous reste plus qu’à en déguster à table (oui oui, vous pouvez l’accorder avec des mets raffinés) ou bien en digestif afin d’affuter votre palais.