Situés au cœur de la Côte de Nuits, l’un des paysages viticoles les plus prestigieux du monde, les clos de Tart et des Lambrays tutoient l’excellence, côtoyant les autres plus beaux clos de la région : ceux de La Roche et de Saint-Denis. Situés à Morey-Saint-Denis, ils ont vu leur succès s’internationaliser et ont suscité l’appétit des asiatiques en quête de rareté. Un phénomène qui s’est d’ailleurs intensifié avec l’inscription des climats de Bourgogne au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2015. Pourtant voisins, ces deux mythes révèlent des différences fondamentales, aussi bien historiques, géographiques, géologiques et gustatives.
Clos de Tart
Des cinq monopoles bourguignons, le Clos de Tart est le plus grand (7,5 hectares) dévoilant un triple visage. Celui d’appellation, de grand cru et de monopole. Il nous faut remonter les siècles jusqu’en 1141 pour découvrir son origine. Depuis lors, seulement quatre familles propriétaires en ont assuré – et assurent encore – sa gestion. Sa dernière et récente transaction remonte à 2018, date à laquelle Artémis, la société d’investissement de la famille Pinault, aurait investit 280 millions d’euros. Un achat qui a fait grand bruit à l’époque… et encore aujourd’hui !
Sylvain Pitiot n’est pas non plus étranger au succès du Clos de Tart. Celui qui a été son régisseur de 1995 à 2015 s’avère être non seulement un vigneron talentueux mais aussi un ingénieur topographe. Il a donc apporté son expertise en favorisant une approche parcellaire, voire micro-parcellaire, et en prodiguant un soin particulier à la vigne et au vin. Profitant d’un terroir magnifique fait de cailloux et de calcaire qui apporte finesse et complexité aux vins, et d’une exposition idéale à l’est et au sud-est, il a été salué pour avoir mis fin à une certaine indolence dans laquelle le domaine était tombé. Sous son impulsion, des essais biologiques ont été entérinés, perpétrés par son successeurs Jacques Devauge qui obtint même une certification et pourra la philosophie un peu plus loin, vers la biodynamie. Aujourd’hui, le domaine produit près de 25 000 flacons par ans, vendus entre 200€ et 500€, prix qui justifient à eux-seuls leur caractère rare et précieux.
Clos des Lambrays
Contrairement au Clos de Tart, celui des Lambrays a eu une histoire bien plus agitée, rythmée par de nombreux changements de main. Son nom apparut pour la première fois au XIVe siècle sous l’orthographe suivante « Cloux des Lambrays ». La Révolution française entreprit de démanteler le vignoble, le partageant entre soixante-quatorze propriétés avant que celui-ci ne soit réunifié au 19ème siècle. Le clos connut son heure de gloire pendant quelques décennies précédant la Seconde Guerre mondiale. Malheureusement, après celle-ci, celui qui fut sournoisement surnommé « le clos délabré » tomba en désuétude jusqu’à son rachat, en 1979, par les frères Saier qui eurent l’ambition de le faire renaître de ses cendres. Restructuration du sol et replantation lui s’imposèrent donc. A force de travail, la récompense ne s’est pas fait attendre et le clos obtint la classification en grand cru deux ans plus tard, en 1981. Elle ne l’a pas été avant, lors de la création du système en 1930, car les propriétaires actuels ne souhaitaient pas déposer de dossier afin d’éviter de payer d’avantage d’impôts fonciers. Avec l’arrivée de nouveaux propriétaires allemands, le domaine ne s’est pas dépourvu de sa perfection. Bien au contraire. Ceci a sans aucun doute attisé les convoitises de nombreux potentiels acquéreurs lors de sa vente en avril 2014, justifiant ainsi la somme que LVMH a été prête à débourser. Un montant toujours mystérieux que la rumeur évalue à 101 millions d’euros !
Il faut dire que ce domaine dévoile un certain attrait : ses 10,71 hectares disposent en son cœur ce fameux clos éponyme, classé grand cru et étendu sur 8 hectares, 66 ares et 18 centiares, que LVMH détient en quasi-monopole. En effet, seulement une ouvrée, soit 430 m², appartient au domaine Taupenot-Merme. Les deux propriétaires jouissent d’un terroir admirable : le clos ondule vers le sud, ce qui offre une infinité de micro-climats et d’expositions. Le sol très mince, pauvre, calcaire en altitude et argileux vers le bas, permet la production d’un vin soyeux. C’est Jacques Devauge qui en assure la direction après les 35 ans d’exercice de Thierry Brouin. Avant cela, Jacques Devauge avait travaillé aux côtés de Sylvain Pitiot au Clos de Tart et participe à la production de trois cuvées différentes, dont le fameux grand cru.
Clos de Tart, Clos des Lambrays : deux voisins, mais alors, quelles différences gustatives ?
Plus solaire que le clos-des-lambrays, le clos-de-tart révèle une puissance naturelle, une texture soyeuse, une finale épicée et une profondeur hors-norme. De son côté, le clos-des-lambrays dévoile une finesse et une souplesse saisissantes lui permettant de révéler tous ses charmes à chacune des périodes de sa vie.
Mais comment comparer l’incomparable ? Nous vous laissons le soin de vous forger votre propre opinion en découvrant les vins du Clos de Tart et du domaine des Lambrays en vente sur iDealwine.
Clos de Tart, ce qu’en disent les guides
Guide Vert de la Revue du vin de France – 3* sur 3
François Pinault a racheté la propriété au printemps 2018 à la famille Mommessin. Jusqu’en 2014, les vins de l’ancien régisseur Sylvain Pithiot étaient massifs, concentrés et puissants, souvent marqués par l’empreinte de l’élevage.
Bettane+Desseauve 2020 – 5* sur 5
Frédéric Engerer, en charge des propriétés de la famille Pinault (dont bien sûr le célèbre château Latour) a mis en place un ambitieux programme de rénovation des installations techniques.
Domaine des Lambrays, ce qu’en disent les guides
Guide Vert de la Revue du vin de France – 3* sur 3
Cette propriété de renom possède la quasi-totalité du grand cru Clos des Lambrays, d’où elle produit des vins exceptionnels.
Bettane+Desseauve 2020 – 4* sur 5
Domaine phare de Morey Saint-Denis, avec son clos de 8.7 hectares, quasi-monopole, coincé entre le clos Saint-Denis t le clos de Tart : on a vu un voisinage moins prestigieux.