Le château Corbin-Michotte, une des victimes du nouveau classement de Saint-Emilion en 2012 (il a perdu son rang de grand cru classé) a intenté depuis deux ans, avec deux autres châteaux dans le même cas, une action en justice contre X pour protester contre ce déclassement. Nombreux sont les professionnels ou les amateurs qui ne comprennent pas cette sanction. En particulier le célèbre critique Bernard Burtschy qui vient de publier un article dans le Figaro défendant les qualités de ce château.saint émilion

Le village de Saint-Emilion, ses tuiles, son clocher, si paisibles en apparence, et qui attirent les touristes du monde entier en quête d’un «typical village with amazing French wine », ne sont décidément qu’une image d’Epinal. Ou plutôt, si, le village est bien de chez-nous, en ce sens qu’on s’y dispute sans cesse en bons gaulois, sur fond de classement viticole et donc de sesterces à partager. Le spectacle est peu réjouissant. Depuis 2012, date de sa « mise à jour », le classement ne cesse de faire polémique.

Rappelons les faits. Depuis 1955, les grands crus de Saint-Emilion se voient classés entre « premiers grands crus classés A » (depuis 2012, ils sont au nombre de 4, avec les Châteaux Cheval Blanc et Ausone, auxquels sont venus s’ajouter les Châteaux Angélus et Pavie), « premiers grands crus classés B » (on notera par exemple Beauséjour, Figeac, La Gaffelière…), et « grands crus classés » (une grosse soixantaine de propriétés). Les règles de ce classement, pour éviter d’imiter le classement de 1855 de la rive gauche (un dinosaure, en somme), prévoyaient d’être révisé tous les 10 ans, ce qui fut à peu près respecté (classements en 1959, 1969, 1986, 1996, 2006, et… 2012). Suite à la bataille judiciaire extrêmement lourde et coûteuse, tant pour les finances que pour l’image du vignoble, qui fit suite sa la version de 2006, il a été décidé de placer ce classement sous l’autorité de l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité), institut à la neutralité supposée moins contestable.

Cela n’a pas empêché les critiques après la sortie du dernier classement en 2012. En particulier de la part des châteaux déclassés comme Croque-Michotte, La Tour du Pin Figeac et Corbin-Michotte, ce dernier qui était pourtant classé depuis 1955 à chaque réédition du fameux classement. Le cas particulier de Corbin-Michotte pose en effet quelques questions. Beaucoup de connaisseurs et de dégustateurs se sont donc, comme l’écrit Bernard Burtschy, mis au travail en dégustant une verticale de 1994 à 2010. Résultat, les vins sont tous élégants, fins, et surtout, il n’existe pas de millésime décevant, ce qui est extrêmement rare sur un nombre aussi important d’années. Même le 1984 ou le 1968, également dégustés, sont de jolis vins. Le vigneron concerné, le Professeur Jean-Noël Boidron ironise d’ailleurs : « Quelques mois plus tôt, je gagne la coupe des crus classés de Saint-Emilion devant le château Canon La Gaffelière, qui est promu premier cru classé, et je suis déclassé. Comprenne qui pourra. »

Ian D’Agata, d’International Wine Cellar a également exprimé ses doutes : « Tous ces vins sont remarquables de fraîcheur et d’élégance. La décision de la commission du classement est incompréhensible. A moins que ce ne soit l’élégance qui pose problème, car les dégustateurs de la commission de classement ont visiblement préféré les gros vins massifs, ce qui est nouveau. Jusqu’à présent, c’est l’élégance qui était le maître mot de Saint-Emilion. »

Si ce n’est dans le verre que l’on trouve le problème, est-ce donc dans les méthodes de travail ? Là encore, le bât blesse. Le terroir est excellent, très proche de Pomerol, appellation qu’aurait d’ailleurs pu choisir Jean-Noël Boidron en rachetant le château en 1959 (on se dit aujourd’hui qu’il est bien mal récompensé de son choix). Ce professeur d’œnologie cultive sa propriété avec respect pour ses terres, sans herbicides. Les vignes sont en moyenne âgées de 50 ans, avec des rendements à 40 hl/ha. L’encépagement est on ne peut plus classique pour l’appellation (65% merlot, 30% cabernet franc, 5% cabernet sauvignon). Un domaine modèle, donc, dirigé par un vigneron compétent aux pratiques respectables, là où certains crus classés osent parler de terroir en pratiquant une viticulture où la chimie est omniprésente. Pour paraphraser M. Boidron, là encore, « comprenne qui pourra ».

Bref, plus de deux ans après sa sortie, le classement de Saint-Emilion ne fait toujours pas l’unanimité… Dommage pour une cette appellation prestigieuse qui mériterait mieux que ces querelles de clocher. Querelles difficilement évitables, il faut bien le reconnaître, avec un classement fondé avant tout sur la valeur économique des châteaux et non pas, comme autrefois, sur des critères de terroir (à l’image de ce qui se fait en Bourgogne).

Retrouvez la cote iDealwine du Château Corbin-Michotte :

Millésime Cote iDealwine
Château Corbin Michotte 2008 19 €
Château Corbin Michotte 2007 27 €
Château Corbin Michotte 2006 21 €
Château Corbin Michotte 2003 16 €
Château Corbin Michotte 2001 26 €
Château Corbin Michotte 2000 23 €
Château Corbin Michotte 1990 18 €
Château Corbin Michotte 1982 25 €

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Cette publication a un commentaire

  1. Claude C

    Éternel marronnier que ce classement de St Emilion. Il y a bien longtemps que les vrais amateurs et passionnés n’en tiennent plus compte.
    Lorsque l’on voit les « turpitudes » de certains grands pour être promus, il est facile de penser qu’il existe les mêmes élucubrations pour en faire descendre d’autres !
    J’ose me demander si dans le classement il y a plus de raisin que d’ego ?

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