Longtemps aux mains de la famille Dulong, ce château fondé en 1873 par un jeune couple franco-anglais a été repris en 2014, et connaît aujourd’hui une vraie renaissance. Restructuration du vignoble, adoption de la biodynamie, nouvelles pratiques en cave, changement d’étiquettes… Thomas Christen et son équipe apportent un nouveau souffle à ce joli château bordelais.
Un environnement exceptionnel
Demandez à Thomas Christen, Responsable Technique, ce qui l’a séduit lorsqu’il a rejoint le domaine en 2016, il vous répondra sans l’ombre d’une hésitation : « Le cadre incroyable ». En effet, le château, belle bâtisse construite en 1873, est entouré d’un domaine de 20 hectares, comprenant 13,5 hectares de vignes, mais aussi deux hectares de forêt classée, des haies et des prairies qui créent un véritable écrin de verdure et un refuge de biodiversité, le tout à seulement 20 min à l’est de Bordeaux. Pour ce natif de Haute-Savoie formé à Bordeaux, en Espagne, dans les Côtes Catalanes où il touche à la biodynamie auprès de Cyril Fahl (Clos du Rouge Gorge) mais surtout en Argentine où il vécut huit ans, cela a été un vrai coup de foudre. Si le château a été repris par le groupe chinois GTIG, le vignerons dispose en réalité d’une grande marge de manœuvre, signant même de son nom les étiquettes des vins, chose très rare dans la région. Il laisse transparaître ainsi sa volonté de créer un vrai vin de vigneron, à rebours des pratiques bordelaises.
Une refonte du vignoble
Et les idées ne manquent pas. D’abord, une restructuration du vignoble conduite par Joy Bécard en charge des nouvelles plantations. Parallèlement à cela, une étude des sols est menée pour déterminer les cépages les mieux adaptés à chaque parcelle et permettre l’installation d’un système de drainage. Plusieurs parcelles ont été arrachées, laissées en jachères puis replantées pour laisser plus de place au cabernet-franc- « cépage du futur dans le bordelais » selon Thomas Christen- et un peu moins au merlot, qui pâtit du changement climatique et se montre sensible au mildiou. Le cabernet-sauvignon a toujours sa place et le malbec fait son retour au domaine sur un hectare, environ. Pour les blancs, le sauvignon blanc occupe 1,3 hectare et a récemment été rejoint par l’albarino, cépage de Galice très adapté au climat océanique, planté sur un hectare, lui aussi. Un travail de longue haleine, sept ans étant nécessaires pour qu’une parcelle soit de nouveau en production.
Un vin qui se fait avant tout dans les vignes
Dans les vignes, qui étaient déjà en bio depuis plusieurs années et en cours de conversion vers la biodynamie lors du rachat, l’attention se porte sur l’équilibre des plantes et du sol. Travail du sol, semi-inter-rangs de céréales et de légumineuses, mais surtout grande attention portée à la taille, qui a été reprise en interne, ont permis d’améliorer les rendements et la qualité de la vendange. La biodynamie, que Thomas Christen pratiquait déjà auparavant, permet de renforcer les vignes contre les maladies. La biodiversité, que permettent la présence des haies et de la forêt, crée un environnement propice où chaque espèce trouve sa place, même s’il faut accepter de perdre quelques grappes au profit des chevreuils ou des sangliers.
De nouvelles pratiques au chai
Au chai, le vigneron est secondé par Raphaël Cany depuis 2021 ; et, là aussi, les choses évoluent. En 2019, le changement d’étiquette, au style plus sobre orné d’un séquoia, coïncide avec un allongement des élevages qui passent de 11 à 20 mois pour les rouges, mais aussi l’adoption de barriques bourguignonnes de 500 litres, permettant une meilleure intégration du bois et un style plus fondu.
Pour le blanc (un 100% sauvignon blanc, pour l’instant), Thomas Christen s’inspire plutôt des vins de Loire, plus tendus, moins boisés, et a adopté pour la première fois en 2020 l’utilisation d’amphore de grès pour une partie de l’élevage. Bon compromis entre la cuve et les barriques, il crée un vin vif, fruité, mais auquel l’élevage sur lies apporte beaucoup de complexité.
La cuvée Joy, vrai vin de plaisir, n’est pas un second vin, mais une cuvée à part entière, portée sur le fruit et accessible dans sa jeunesse. Nommée en hommage à Joy Bécard, qui œuvre dans les vignes, cette cuvée traduit bien la philosophie du château et de son responsable, pour qui le succès du renouveau est avant tout dû au travail d’équipe et à la bonne ambiance qui règne entre les trois employés permanents.
Si le château est né de l’amour de John, marchand anglais, et de Fanny jeune bordelaise à la fin du XIXème siècle, il est aujourd’hui porté par l’amour du travail bien fait, l’envie de faire évoluer l’image des bordeaux supérieurs, mais surtout de la bonne entente de ceux qui font le vin. Une bonne humeur à partager avec les trois cuvées proposées, chacune offrant une interprétation différente de ce joli vignoble.
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Château Lavergne Dulong rouge
Le cabernet-franc et le merlot sont à parts égales dans cette cuvée, complétée également d’un quart de cabernet-sauvignon. Un vin qui pourra évoluer quelques années en cave.
Joy de Château Lavergne-Dulong
Cette cuvée de plaisir a pris le nom de la viticultrice du château, Joy Bécard, rendant ici hommage à tous ceux qui œuvrent en coulisses.
Château Lavergne Dulong blanc
1,45 hectares de sauvignon blanc sont à l’origine de cette cuvée.
Superbe article très instructif ! Bonne chance à vous et surtout Félicitations Thomas Christen !