Champagne investir

A l’approche des fêtes de Noël, il est temps de se pencher sur les produits qui vont accompagner nos agapes familiales, dont le champagne fait indéniablement partie. L’occasion de dresser un état des lieux sur ce segment bien spécifique de la production de vin, dans une perspective patrimoniale.
Il y a quelques jours, Angélique de Lencquesaing, co-fondatrice d’iDealwine, répondait aux questions de Cédric Decoeur sur BFM Patrimoine.

Cédric Decoeur : Fin d’année oblige, nous allons parler des ventes de Champagne, mais auparavant, dites-nous un mot de la conjoncture, comment se comporte le marché actuellement, en lien avec le contexte défavorable : constatez-vous des signes de faiblesse ?

A de L. : L’intérêt des amateurs reste très présent, qu’il s’agisse de grands vins ou de spiritueux. Un whisky japonais Yamazaki, un single cask 1979 vieilli dans un fût de Mizunara, une espèce de bois japonais rare et difficile à travailler, à atteint plus de 36K€ (frais compris) la semaine dernière sur la plateforme d’enchères Fine Spirits Auction.

Mais outre ces produits de grande rareté, nous constatons tout de même une stabilisation des prix sur l’ensemble du marché, une respiration bienvenue après des mois de hausse effrénée.

Revenons à des sujets plus festifs, et parlons du Champagne maintenant. Si on l’achète avant tout pour le boire, peut-il aussi être considéré comme un vecteur de placement ? Autrement dit, l’amateur en quête de la constitution d’un patrimoine-vin doit-il s’intéresser à ce marché très spécifique ?

Oui absolument, mais attention, c’est un prisme français que d’envisager l’achat de Champagne uniquement à cette période de l’année. Dans le reste du monde le Champagne véhicule une image festive, tout en finesse et en volupté, qui n’est pas réservée à une consommation au moment des fêtes de fin d’année.

Il faut savoir que dans les ventes aux enchères, qui reflètent bien l’état de la demande émanant des grands amateurs, le Champagne représente une part minime des échanges : 2,6% en volume (pour l’année 2021) et 3,4% en valeur.

Une part minime, mais une part précieuse, car la Champagne recèle le prix moyen adjugé le plus élevé, derrière les vins de Bourgogne (242€), à 182€ le flacon adjugé aux enchères en 2021. Loin devant le prix moyen, toutes régions confondues, qui s’établissait l’année dernière à 139€. Ce qui d’ailleurs confirme un point : le marché secondaire voit passer essentiellement la crème de la crème de la Champagne, à savoir les flacons millésimés, et non pas les BSA (pourtant majoritaires en termes de production). C’est donc une vision inversée du marché que nous observons dans les ventes enchères.  

Consultez l’interview en vidéo

Champagne investir bfm

Les amateurs recherchent avant tout les champagnes des grandes maisons ? Ou des signatures plus confidentielles ?

Les deux typologies de producteurs sont recherchées. Il s’agit là d’un phénomène qui a considérablement évolué au fil du temps. Un nom dominait entièrement le marché secondaire il y a 10 ans, celui de Dom Pérignon. Cette signature reste très présente, et même la plus échangée, en volume. Notamment les cuvées 3eme Plénitude (P3) tel ce 1988 adjugé en septembre 3720€.

En revanche, en valeur, elle a été supplantée par une maison infiniment plus petite, Selosse, n°1 des ventes en valeur l’année dernière, et vraisemblablement encore depuis le début de l’année.

Donc finalement, les deux typologies de producteurs sont au coude à coude…

Oui, tout à fait. Volumes obligent, les grandes maisons conservent un avantage sur les champagnes de producteurs plus confidentiels. Ces maisons, Dom Pérignon, Krug, Bollinger, ou encore Roederer occupent 15 des vins premières places du classement des ventes aux enchères (en valeur). 

Avec d’ailleurs, de belles valorisations à la clé. Un exemple : Cristal Roederer 2008, un superbe millésime qui se vendait autour de 130€ lors de sa mise sur le marché il y a 3-4 ans. Et qui atteint déjà 381€ aux enchères.

On peut savoir qui sont les 5 producteurs confidentiels ? J’imagine qu’il faut les suivre de près…

Certes ! Il s’agit donc de Selosse, qui continue à faire des étincelles sur le marché des enchères. Un magnum de Blanc de Blancs 1998 a été adjugé 3 596€ fin octobre (+39%). Les autres noms à suivre sont Egly-Ouriet (une bouteille de Vieilles Vignes Brut Millésimé Egly-Ouriet 2008 s’est vendu 806€, +44%) ; Cédric Bouchard et ses fameuses Roses de Jeanne (La Bolorée 2005, vendue 557€, +336%) ; Aurélien Lurquin, qui produit des cuvées de terroir (Pinot noir Les Forcières produit à 1400 exemplaires environ, le 2017 a été adjugé à 310€) ; ou encore Ulysse Collin (Les Roises Blanc de Blancs Extra Brut : 500€, +26%).

Mais encore une fois, à des niveaux de cours moins spéculatifs, de belles maisons comme Jacquesson, Drappier, Philipponnat ou encore Larmandier Bernier offrent des vins remarquables, qui se valorisent dans le temps.

On entend un peu partout que les amateurs vont manquer de Champagne en fin d’année, constatez-vous de votre côté une augmentation de la demande ?

C’est très net sur le marché primaire, tant dans notre activité de caviste, que sur le marché secondaire des enchères. Mais ce n’est pas uniquement la perspective de la fin d’année qui dope le marché. Les ventes ont repris très fortement après la pandémie, en 2021 (+32%). Les expéditions, qui avaient bondi de 15% à l’export en 2021 par rapport à 2019, ont conservé un rythme soutenu depuis le début de l’année (+13% à fin août 2022).

Les amateurs font des réserves ?

On a dit ça des professionnels et des revendeurs. Chez iDealwine nous avons surtout constaté que les maisons et les producteurs restreignaient leurs ventes, pour éviter de manquer de champagne en fin d’année. Donc oui, un phénomène de rareté se développe et s’entretient aussi peut-être, le Champagne est un produit qui doit continuer à faire rêver. Sur le marché secondaire, la situation est identique, les prix s’envolent et les amateurs américains sont bien présents, même s’ils ne sont pas les seuls, l’Asie et l’Europe du Nord ne se laissent pas faire.

Quid des prix sur le marché primaire ?

Plusieurs facteurs risquent de se conjuguer pour faire monter les prix.

Tout d’abord, l’inflation du coût des matières premières (verre, énergie, emballage) et des coûts salariaux influe sur le coût de production et se répercutera sur le prix de vente, tout particulièrement pour les BSA. Ce qui fait le lit des effervescents concurrents, produits avec talents dans d’autres régions françaises (Loire, Savoie, Bourgogne…) et aussi à l’étranger bien sûr (Prosecco, Cava). Mais il s’agit là d’une concurrence sur les vins à ouvrir rapidement.
Autre facteur de hausse des cours, la faible production de ces dernières années, heureusement contrebalancée par la superbe récolte 2022. Toutefois, cette dernière ne portera ses fruits que d’ici quelques années. C’est donc une bonne idée de prévoir quelques réserves d’ici là.

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