Alain Graillot. Cette figure emblématique qui a redoré le blason de l’appellation rhodanienne Crozes-Hermitage grâce à un travail de titan et de pionnier vient de nous quitter, le 4 mars 2022, à l’âge de 77 ans. Notre équipe qui a eu le privilège de visiter la propriété en mars 2021 présente donc ses sincères condoléances à ses deux fils Antoine et Maxime qui ont repris le flambeau, ainsi qu’à l’ensemble de sa famille. Zoom sur cet homme au parcours remarquable.

Qui aurait pu croire un jour qu’Alain Graillot, né à Lyon en 1944, se tournerait à 40 ans vers le monde du vin ? Le début de sa carrière était effectivement consacré à l’industrie chimique et pharmaceutique qui l’a d’ailleurs conduit à vivre quelques années en Amérique Centrale où ses enfants sont nés ; Maxime au Costa Rica et Antoine au Guatemala.

C’est Jacques Seysses, un ami d’enfance avec qui il skiait et, surtout, qui a créé le domaine bourguignon Dujac, qui l’a initié au vin et largement conseillé à suivre une formation viticole à Beaune. Après quelques dégustations de crus bourguignons marquantes à ses côtés et ceux d’Aubert de Villaine, il se lance alors dans l’aventure en 1985 avec la location d’une quinzaine d’hectares à Pont-de-l’Isère (Drôme), sur les terres d’alluvions de Crozes-Hermitage, une appellation alors peu reconnue. La vigne rapportait peu, moins que d’autres cultures agricoles, et souffrait du prestige de ses voisines situées sur les pentes vertigineuses d’Hermitage ou de Côte-Rôtie.

Le succès ne s’est pas fait attendre avec les coups de cœur de figures comme Patrick Bize (Domaine Simon Bize & Fils) et Christophe Roumier (Domaine Georges Roumier) pour les vins d’Alain Graillot. Ce dernier devait notamment son succès à sa cuvée La Guiraude positionnée à trois reprises au sein du classement des 100 meilleurs vins du monde établi par le magazine américain Wine Spectator. Une récompense qu’il méritait sans aucun doute par son travail de pionnier dans la région. S’il figurait ainsi parmi les premiers à s’adonner à une culture bio et à prohiber les désherbants chimiques, il pratiquait aussi des vendanges entières, méthode adoptée par hasard et qui, à condition que la rafle soit bien mûre, offre une certaine fraîcheur, une belle structure et de l’équilibre au vin dans le temps. A cela s’ajoute des élevages longs dans des fûts usagés qui préservent le fruit ainsi qu’un faible apport de soufre lors de la mise en bouteille seulement, l’objectif étant en effet de réaliser des vins « qui se boivent, entre amis ».

C’est donc ainsi qu’Alain Graillot a participé au renouveau de l’appellation qui s’est largement étendue par la suite. Actif, après avoir pris sa retraite en 2008, il s’est lancé dans une carrière de consultants pour d’autres domaines français et étrangers (Luberon, Maroc, Espagne, Italie, Australie…) et endossait même le rôle de président de l’Académie du vin de France depuis 2016. Nous avouons notre grand coup de cœur pour les vins soyeux et délicats du domaine de Fa qu’il a créé en 2013 avec ses fils par passion pour le gamay… et sans aucun doute par attachement natal !

Il nous incombe aujourd’hui d’honorer l’homme et les vins de ce domaine phare en continuant de les ouvrir « entre amis ». Amateurs, cachez votre tristesse, Alain Graillot avait pleinement confiance dans le travail de ses fils, la relève est donc dignement assurée !

Domaine de Fa Alain Graillot Mort vin iDealwine
Vins du domaine de Fa dégustés lors de notre visite dans la Drôme, en mars 2021

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Retrouvez le récit de notre visite du domaine Graillot dans le Journal d’iDealwine

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