Parmi les tendances fortes qui se dessinent dans le paysage viticole mondial, les effervescents connaissent un succès croissant. Dans une Europe qui capte encore 86% de la production, la Champagne occupe une place particulière (13% des volumes produits mais 40% de la consommation d’effervescents). Pour autant, la concurrence gronde. En provenance d’Europe bien sûr, avec l’explosion de la demande pour le prosecco et, dans une moindre mesure, pour le cava. Panorama d’un paysage en profonde mutation.
Depuis 2009, la production mondiale de vins effervescents ne cesse de croître pour atteindre près de 24 million d’hectolitre en 2016. Le leader du secteur reste le Vieux Continent qui totalise 86% de la production mondiale à lui seul, avec pour chef de file l’Italie et ses 22% de production mondiale, suivi par la France (19%), l’Allemagne (15%), l’Espagne (12%) la Russie (10%), les Etats-Unis (6%) et finalement l’Australie et l’Ukraine (2% chacun). Même s’il est important de noter que la part de vins effervescents provenant du Nouveau Monde a augmenté de 30% au cours des sept dernières années. Par ailleurs, les productions italiennes et anglaises connaissent une progression au cours de l’année 2016, contrairement à la française, qui se stabilise.
Les vins effervescents se déclinent pour 83% en blancs, 15% en rosés et 2% en rouge. La part du rosé a récemment augmenté et les rouges ne sont produits qu’en Italie. En outre, les bruts effervescents représentent 81% de la production mondiale, les demi-secs 14% et les extra-bruts 5%. La part des extra-bruts ne cesse de croître au détriment des demi-secs, ce qui s’explique par la recherche de qualité dans la consommation.
L’Italie est également le premier exportateur mondial d’effervescents avec 41% d’exportations en 2016, suivie par la France (24%) et l’Espagne (22%). Toutefois, le prix moyen d’un vin français exporté est bien plus élevé (12,60€) que l’italien (2,80€) ou l’espagnol (1,84€). La France est ainsi le premier exportateur en valeur d’effervescents, chiffre qui s’explique largement par le prix du Champagne (18,20€ par bouteille exportée, en moyenne).
Pour ce qui est de la consommation, l’Allemagne, la Russie et les Etats-Unis sont les plus grands consommateurs d’effervescents, alors que le Royaume-Uni reste le premier importateur. La consommation mondiale devrait augmenter de 10% au cours des trois prochaines années.
Le Champagne, une place à part
Bien que la Champagne ne représente que 0,4% du vignoble mondial (34 300 hectares), les vins effervescents qu’elle produit occupent 13% en volume et 40% en valeur de la consommation mondiale d’effervescents. En effet, 144,9 millions de bouteilles de champagne ont été exportées en 2014. Le Royaume-Uni et la Belgique, consommateurs historiques de champagne, laissent peu à peu la place aux Etats-Unis, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, mais aussi le Canada, le Mexique, l’Afrique du Sud, la Nouvelle Zélande et certains pays asiatiques, comme la Chine, Singapour et Taiwan. En 2013, la France et le Royaume-Uni demeurent les premiers marchés pour le champagne. Une situation que l’actualité récente (Brexit et son lot de taxations) pourrait bientôt venir chambouler.
La consommation de champagne semble se calquer sur les tendances générales, mentionnées plus haut. En résumé, les amateurs privilégient la qualité à la quantité en se tournant de plus en plus vers les bruts et les extra-bruts. Le rosé est également de plus en plus consommé par les européens. Par conséquent, le Champagne a adopté un nouveau modèle économique, en augmentant la qualité et en diversifiant son offre. Des cuvées prestiges, telles que Comtes de Champagne Taittinger, Dom Ruinart, Clos du Mesnil ou Salon Cuvée S sont considérées comme des valeurs sûres, modifiant ainsi la perception des consommateurs et des commerçants. Les enchères d’iDealwines ont souligné une augmentation du prix de ces cuvées mythiques et qualitatives. Traditionnellement consommées par les Français et les Anglais, elles séduisent de plus en plus à Hong Kong, aux pays baltes et au Moyen Orient. En parallèle de l’envolée des prix, les maisons de Champagne ont augmenté leur offre de bouteilles « prestige » au cours des dernières décennies, ce qui devrait contrebalancer durant quelques années. Les millésimés, plus recherchés, enregistrent les enchères les plus élevées.
Les cinq maisons champenoises, dont la valeur des ventes aux enchères est la plus élevée, sont Dom Pérignon, Krug, Louis Roederer, Bollinger et Taittinger. Un magnum de Krug 1959 s’est vendu à 6 480€ aux enchères en novembre 2016, explosant ainsi les compteurs. Un aperçu des autres belles enchères de 2016 : Krug Clos du Mesnil 1985 vendu à 1 740€, Bollinger Vieilles Vignes Françaises 1990 à 1 500€ et le 1985 à 1 320€, Dom Pérignon 1976 “Réserve de l’Abbaye” à 1 020€.
L’émergence de nouvelles régions effervescentes
Méconnu au siècle dernier, le Prosecco italien est un phénomène grandissant depuis les vingt dernières années. Il s’exporte jusqu’en Chine et est devenu un bestseller aux Etats-Unis, en Allemagne et tout particulièrement au Royaume-Uni, où il a récemment détrôné le Champagne. Ce nectar explique la première place italienne d’exportateur et producteur d’effervescent, aux côtés d’Asti Spumante, Lambrusco et autres. Son succès soudain s’explique sans doute par la simplicité de ce breuvage agréable et fruité, qui est devenu en quelques années une alternative branchée et moins chère (6€ à 7€ par bouteille) au champagne. La Denominazione di Origine Controllate (DOC équivalente à l’AOC français) a été attribué au Prosecco en 1969, mais ce n’est qu’en 2009 que deux petites communes, Conegliano Valdobbiadene et Asolo , décrochent une plus prestigieuse appellation Denominazione di Origine Controllata e Garantita (DOCG). Ces deux régions produisent du Prosecco Superiore. Au Prosecco DOC, qui couvre environ 20 0000 hectares et produit 241 000 000 bouteilles, s’ajoutent les 6 600 hectares et 72 300 000 bouteilles du Prosecco DOCG. Ainsi, 35% de la production est consommée sur place, laissant le reste à l’export. Pour aller plus loin, le Franciacorta est un effervescent italien très haut de gamme, plus chère, vieilli deux ans avant sa commercialisation.
D’ici 2020, le Prosecco représentera près d’un quart des effervescents vendus dans le monde, bu principalement en Italie, suivie par le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Les quatre producteurs principaux sont Riccadonna, Martini, Villa Veroni, Luna Argenta, mais des cuvées plus pointues proviennent de petits producteurs comme Carpenè Malvolti, Nino Franco, Adami…
Le Cava espagnol est lui aussi un mousseux au succès récent, mais exponentiel, avec 10 millions de bouteilles exportées en 1980, l’Espagne exporte en 2014 près de 155 millions de bouteilles. La production de Cava couvre 32 000 hectares, surtout en Catalogne. Les exportations se focalisent principalement sur le Cava jeune, facile à boire et bon marché (3,90€ par bouteille). A ce prix, la production de Cava est parfois moins respectueuse du produit, ce que certains vignerons décrient, à l’image de Raventos i Blanc, qui a quitté l’appellation Cava pour produire un vin plus authentique. Moins connus, les vignerons tentent de redorer le blason de l’appellation à travers des Cava plus qualitatifs Cava Reserva et Cava Gran Reserva. Singapour, la Chine et le Japon sont de nouveaux amateurs de ce vin espagnol, qui est rond, fruité et généreux. Recaredo et Freixenet se divisent largement le marché du Cava.
En 2015, la célèbre maison de Champagne Taittinger a investi 4 millions de livres (environ 5,5 millions d’euros) dans le Kent, non loin de Canterbury, afin d’y produire du vin effervescent anglais. Les vins issus de ces parcelles pourront être goutés en 2022, sous le nom d’Evremond. Cet achat stratégique ne s’explique pas uniquement par le potentiel du terroir anglais, mais surtout par la volonté de se rapprocher de la demande anglaise grandissante, à la recherche de vins moins chers. Le vignoble anglais bénéficie du réchauffement climatique, bien que seules 2 000 hectares de vignes anglaises, surtout au Kent, produisent des effervescents. Un peu plus de 3 millions de bouteilles d’effervescents sont produites tous les ans en Angleterre et ce nombre devrait atteindre les 6 millions, d’ici 2023. Jenkyn Place, Nyetimber, Chapel Down, Camel Valley, Gusbourne portent les couleurs de ce vin.
Produit sur le même modèle traditionnel de la double fermentation, le champagne, le prosecco et le cava n’ont pas les mêmes caractéristiques, allant du plus droit et minéral au plus généreux et fruité. La flambée des prix et les habitudes de consommation pourraient bien favoriser de nouveaux vins effervescents au détriment du champagne.
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