« Seuls les châteaux qui voient la Rivière produisent des grands vins ». Peut-être que Jean Gautreau avait cette maxime médocaine en tête lorsqu’il acheta Sociando-Mallet en 1969. La propriété était en lambeaux et, à part sa proximité avec la Gironde, peu d’éléments laissaient présager du potentiel de ce domaine. Près de 50 ans plus tard, le château produit des vins dont la régularité impressionne et, sans complexe, il talonne des Seconds Crus Classés. Retour sur la formidable histoire d’un cru bourgeois pas comme les autres.
Le vin et l’eau
Dans le Médoc, quatre appellations communales sont parvenues à se hisser parmi les plus recherchées au monde : Saint-Estèphe, Pauillac, Saint-Julien et Margaux. Ces quatre appellations voisines de la Gironde concentrent d’ailleurs 55 crus classés sur 61. Comme pour de nombreuses régions viticoles, l’eau joue un rôle majeur dans l’élaboration d’un grand vin. A Bordeaux, plus on se rapproche du fleuve, plus le sol est pauvre, généralement composé des graves qui constituaient l’ancien lit du cours d’eau. D’autre part, celui-ci régule la température : il y fait plus frais l’été et plus chaud l’hiver. Ce régulateur naturel aide à produire de meilleurs vins dans des millésimes extrêmes (canicule, ou gel hivernal).
Mais cette proximité géographique fut également un atout d’un point de vue commercial. Avoir un accès direct au fleuve permettait à l’époque d’expédier plus facilement les vins par bateau.
Jean Gautreau, le défricheur
Jean Gautreau naît en 1927 à Lesparre. Bien que médocaine, sa famille ne travaille pas du tout dans le monde du vin. Jean se passionne davantage pour le tennis où il brille en atteignant les demi-finales de Roland Garros en junior. Après son service militaire, il retourne à Lesparre en 1948 pour travailler dans la société de courtage Miailhe. Deux ans après, il décide de se mettre à son compte et de créer sa propre société de négoce.
La fibre entrepreneuriale ne le quittera jamais. En 1969, à la recherche d’une propriété à acquérir pour l’un de ses clients, il découvre Sociando-Mallet. Le domaine n’est pourtant pas en bon état et ne couvre que cinq hectares de vignes. Il l’acquiert pour 250 000 francs. Sa conviction que ce terroir peut donner un grand vin ne le quittera jamais, et ce, jusqu’à sa disparition en novembre 2019. Sous son impulsion, les bâtiments sont rénovés, et des parcelles voisines sont acquises. La propriété ne cesse de gagner en notoriété, aidée en cela par quelques vins sublimes : 1975, 1982, 1990 ou encore 1996. Petit à petit, l’investissement de Jean Gautreau pour la propriété devient total : il revend son activité de négoce pour se consacrer entièrement à Sociando-Mallet. Il fut donc ainsi l’un des rares propriétaires à s’impliquer aussi directement dans les vinifications.
Le terroir de Sociando-Mallet
Le sol de la propriété est principalement composé de graves (de l’époque guntzienne) qui ne sont pas sans rappeler celles des châteaux Latour et Montrose. Le sous-sol est argilo-calcaire, à la manière de Saint-Estèphe. Il faut dire que le château se situe juste au nord de Calon-Ségur et de cette dernière appellation.
L’appellation Haut-Médoc comprend plus de 4 500 hectares de vignes répartis sur vingt-neuf communes. Difficile de relever des traits communs tant elle présente des sols et des terroirs différents du nord (avec Sociando-Mallet au nord de Saint-Estèphe) au sud (Cantemerle au sud de Margaux). Une chose est sûre : les vins de Sociando-Mallet évoquent davantage les saint-estèphe. La propriété est d’ailleurs souvent comparée à Montrose par la nature de son sol. Les conditions climatiques y sont également assez similaires avec davantage de précipitations que dans le reste du Médoc. Avec des sols argileux qui retiennent l’eau, les crus les plus septentrionaux brillent dans les années chaudes (récemment 2003, 2005, 2009 ou 2010). A Sociando-Mallet, l’encépagement est constitué à 54% de merlot, à 42% de cabernet sauvignon et à 4% de cabernet franc. La proportion élevée de merlot apporte un superbe toucher de bouche au vin et le rend accessible plus jeune que certains crus voisins. Pour autant, la dégustation de millésimes anciens nous prouve l’énorme capacité de vieillissement de ces crus qui égalent de nombreux seconds crus classés.
Les vins du château Sociando-Mallet
Vêtu d’une robe remarquablement sombre, le vin de Château Sociando-Mallet présente de puissants arômes de framboise et de pain grillé.
Demoiselle de Sociando-Mallet Second Vin :
Demoiselle de Sociando Mallet est le Second Vin de Château Sociando-Mallet.
Sociando-Mallet, ce qu’en disent les guides
Guide RVF (une étoile sur trois) :
Figure de Bordeaux, Jean Gautreau a fait Sociando Mallet. Homme visionnaire, il a bousculé tous les codes et a hissé le cru en une cinquantaine d’années au sommet des vins du Médoc.
Guide Bettane+Desseauve (trois étoiles sur cinq) :
Figure incontournable du Médoc, Jean Gautreau était l’un des artisans du renouveau de ses crus. Médocains dans l’âme, ils ont toujours beaucoup de finesse.
Voir Les vins du château Sociando-Mallet
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Quelle chance ai-je ! J’ai deux magnums de 90 et 24 bouteilles de 96, entre autres…
Oui, ce sont des vins de très belle garde ! Et 1990 et 1996 sont de superbes millésimes, bravo à vous !
La rédaction
Un cru exceptionnel d’un homme exceptionnel. Pour ceux qui ne la connaissent pas, tentez de dénicher la « cuvée Jean Gautreau » qui, depuis 1995, est élevée spécialement et plus longtemps (18 mois) en fûts de chêne. Le millésime 2010 est 100% Cabernet Sauvignon et vraiment bluffant.