
Comment résumer le millésime 2024 ? Il s’agit, encore une fois, d’une année qui a été éprouvante pour les vignerons (gel, humidité et pluie, développement du mildiou…), particulièrement aux moments clés du cycle de la vigne. Un millésime de vigneron, dont la variation de qualité est due aux décisions des domaines et châteaux, dans leurs observations, leur choix de dates de vendanges, leur tri des raisins… Le résultat ? Vous l’attendez tous, et le voici, détaillé dans cet article. Des blancs secs et liquoreux de très bonne facture, véritable réussite ; des rouges différents des grands bordeaux des plus grands millésimes (souvent très solaires et puissants) mais pourtant au cœur des attentes des consommateurs d’aujourd’hui, puisqu’ils sont à la fois frais, fruités et accessibles jeunes. En bref, cher lecteur, 2024 mérite que chaque amateur s’y penche avec attention, et se tourne vers les vins qui correspondent à ses goûts et attentes, aucun doute qu’il y trouvera son compte.
Météo du millésime 2024 à Bordeaux : une année compliquée
Un hiver pluvieux et doux
Commençons par le commencement. L’hiver du millésime 2024 a été caractérisé par de fortes précipitations, tant en quantité qu’en régularité. En octobre, celles-ci empêchent même parfois les vignerons de travailler dans leurs vignes, tant ces dernières sont inondées. Excepté entre le 6 et le 14 janvier, toute la saison aura également été particulièrement douce côté températures.
Un printemps entre gel et développement du mildiou
Dans ces conditions, le débourrement, réveil végétatif de la vigne, n’advient finalement pas si tôt que cela, puisqu’il a lieu autour de début avril. Le début du mois se montre ensoleillé, ce qui en accélère le cycle, avant que brutalement la température ne chute, laissant place aux redoutées gelées printanières. Dans certains secteurs, les dégâts sont bien présents. Autre mauvaise nouvelle : dès la troisième semaine du mois d’avril, les premiers symptômes de mildiou sont observés, la maladie se propage encore au cours du mois de mai. La floraison a lieu tardivement, dans des conditions humides : le cumul des pluies d’octobre à mai est largement supérieur à la moyenne, 1 095mm contre 750 mm normalement.
Un été synonyme d’espoir
En début d’été, le temps s’améliore légèrement, même si les orages fréquents encouragent le développement du mildiou. Fin juillet, bonne nouvelle : un climat sec et chaud s’installe au moment de la véraison. Fin août, les bonnes nouvelles reviennent : la pression mildiou redescend, le beau temps est de retour. Toutefois, le mois de septembre s’ouvre, pluvieux et frais.
Un automne qui impose aux vignerons d’être attentifs et réactifs
Les premiers coups de sécateur sont donnés pour les blancs secs début septembre, alors que les raisins ont gardé leur aromatique et leur acidité (grâce à la faible contrainte hydrique), puis autour du 20 septembre pour les merlots, alors que la météo est encore assez variable. Même si certaines parcelles voient apparaître la pourriture grise, les vignerons ont souvent été observateurs et réactifs pour envoyer leurs équipes à la vigne, et ont drastiquement trié les raisins. C’est cela qui a conditionné la réussite du millésime dans certains domaines et châteaux. La deuxième partie des vendanges, avec les cabernets, a été le théâtre d’une météo plus clémente. Côté liquoreux, septembre et octobre ont alterné les périodes humides et sèches, propices au développement du fameux champignon botrytis cinerea. L’acidité, la pureté et l’aromatique étaient bien présentes au moment de leur récolte, en trois tries.
iDealwine présent à la campagne des Primeurs 2024
Comme tous les ans, iDealwine s’est rendu sur place, et a déployé un important dispositif pour se faire un avis sur le millésime. Six membres de l’équipe étaient ainsi présents lors de la semaine de campagne du 14 avril 2025, en dehors de dégustations préalables sur certains crus et châteaux. En tout, ils ont pu déguster plus de 110 vins à travers les différents vignobles, pour vous confier leurs ressentis et leurs coups de cœur.
Une équipe agréablement surprise face à une presse peu élogieuse
Des surprises. C’est le mot qui est revenu aux lèvres de nos dégustateurs envoyés sur place. La presse était peu élogieuse sur la qualité des vins et de ce millésime 2024, surtout sur les rouges. Ainsi, notre équipe de 6 dégustateurs a été délicieusement surprise de trouver des vins gourmands, fruités, très agréables alors même qu’ils n’ont pas terminé leur élevage. L’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin de l’Université de Bordeaux a eu la même réaction que nous : « Il apparaîtrait surprenant, dans un contexte où les amateurs semblent apprécier les vins rouges fruités, frais, et rapidement accessibles, de bouder a priori les Bordeaux 2024 sur le prétexte qu’ils ne correspondent pas aux canons des plus grands millésimes ». Un cabinet de courtage va même plus loin : « 2024, et si c’était une chance pour Bordeaux ? ». Nous avons analysé depuis quelques années, tout comme le marché global, une tendance de consommation vers des vins moins alcooleux, pour lesquels la structure et les tanins puissants laissent place à plus de fruit et de fraîcheur, des vins plus digestes et accessibles jeunes. La plupart des amateurs se tournent aussi davantage vers des vins blancs, issus de régions fraîches. Sans demander aux grands crus rouges de Bordeaux de se mettre au vert ou de se délocaliser dans un autre vignoble, le millésime 2024 répond donc EXACTEMENT aux tendances du marché et au désiderata « Drink Bordeaux Young », et est une véritable opportunité pour séduire ceux qui se sont éloignés de Bordeaux ou les plus jeunes qui doivent découvrir la région girondine. Que ceux qui cherchent un bordeaux plus « classique », à n’ouvrir qu’après plusieurs années de garde s’abstiennent, quoique… les résultats dans le verre sont hétérogènes, certains vins sont plutôt dans ce type de profil.
Plus que jamais, une année de vignerons…
C’est une expression qui est souvent employée… Et pourtant, c’est la première fois que notre équipe la comprend aussi bien, à travers les échanges qu’elle a pu avoir avec les châteaux.
La qualité des vins : une réussite en blanc, de bonnes surprises en rouge
Les blancs, secs et liquoreux, ont été de très belles réussites en 2024 : à la fois équilibrés et frais, à la belle acidité (en raison du millésime pluvieux), aromatiques et complexes. Vous ne pouvez passer à côté.
Du côté des rouges, le résultat a finalement été une très belle surprise : si certains millésimes pluvieux du passé n’ont pas donné de bons vins, ce n’est absolument pas le cas de 2024, au profil frais et fruité, accessible jeune (et c’est ce qu’attendent aujourd’hui les amateurs). Nous saluons le travail de nombre de propriétés (date de vendanges, tri, assemblage) qui s’est avéré payant, et peuvent être fières de présenter des vins qui raviront assurément le palais de passionnés.
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Source : Le millésime 2024 à Bordeaux (Geny, Guittard, Lavigne, Marchal)
Incroyable… Même dans les pires météos des pires années vous arrivez à trouver des qualités tellement excitantes (frais, fruités, accessibles jeunes..) Les prix des GCC 2024 ont plutôt intérêt à baisser de manière très sensible sinon ce sera un autre millésime qui restera dans les chais.
Bonjour,
Nous pensons que 2024 est en effet un millésime plus accessible dans sa jeunesse que d’autres millésimes de Bordeaux qu’il faut savoir attendre. Il est également important de préciser que les connaissances et les avancées technologiques dans le monde viticole se sont grandement améliorées en quelques décennies. Il est donc difficile de parler de « mauvais millésime », même quand la météo est capricieuse. La dégustation des primeurs l’a d’ailleurs démontré cette semaine !
Merci de votre intérêt pour notre journal,
Cordialement,
La rédaction