Basile Tesseron dirige le château Lafon-Rochet (Saint-Estèphe) depuis 2007. Engagé dans la démarche bio depuis 2010, il fait aujourd’hui marche arrière. On vous explique pourquoi.
Décidément, le bio, à Bordeaux, n’est pas une démarche linéaire. Au moment où Château Latour annonce sa certification, Lafon Rochet, lui, y renonce. En effet, près de 10 ans après s’être lancé dans une conversion bio (premiers essais en 2010), le château Lafon-Rochet fait volteface et abandonne la conversion au bio. D’après La Revue du vin de France, Basile Tesseron, neveu d’Alfred Tesseron, propriétaire du château Pontet-Canet, lui-même très engagé dans la biodynamie, a pris la décision cet hiver. Il faut dire que déjà, en 2016, le château Lafon-Rochet avait appliqué un traitement (non autorisé en bio), par peur de perdre toute sa récolte – une bonne partie de la récolte avait déjà été perdue en 2011 et en 2013 -, ce qui avait entraîné un retour à zéro pour les démarches de certification. Il faut en effet 3 ans avant d’obtenir la certification bio.
En cause notamment, les aberrations environnementales que le bio amène les viticulteurs à mener dans leur vignoble de 41 hectares : la bio nécessite une beaucoup plus grande utilisation du cuivre dans les vignes, qui, à haute dose, pollue durablement les sols. De plus, le bio, qui implique l’utilisation de produits de contact rend nécessaire un plus grand nombre de passages pour traiter (après chaque pluie), ce qui entraîne une surconsommation de carburant (utilisé par les tracteurs et machines diverses) et donc une augmentation du rejet de C02, mais aussi un tassement accru des sols. Autant d’éléments qui semblent en effet incohérents avec les objectifs de la bio en termes de protection de l’environnement… Comme beaucoup de vignerons, Basile Tesseron déplore les conséquences trop polluantes de l’utilisation massive du cuivre et du soufre. Comme il l’indiquait à la Revue du vin de France1, il faut peut-être accepter certaines maladies et donc de perdre une certaine partie de la vendange.
En quittant le bio, le château désire créer sa propre méthode respectueuse de l’environnement, en s’inspirant notamment de ce que fait l’épouse de Basile Tesseron, Bérangère, au château Larrivaux (Haut-Médoc).
Si le cas fait parler de lui, il n’est pas le seul et nous rencontrons de plus en plus de vignerons qui nous parlent de leur rapport ambivalent au bio, entre conviction et déception, qu’il s’agisse de la difficulté d’être en bio dans certaines régions très humides ou des nombreuses incohérences de la législation bio.
1 In Béatrice Delamotte, « À Bordeaux, Lafon-Rochet stoppe le bio : trop polluant ! », larvf.com, 24/10/2018
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