Cyrille Jomand, Président d’iDealwine, nous livre son analyse du marché aujourd’hui.
Comment se porte le marché des enchères de grands vins aujourd’hui ? Les prix se sont-ils enfin stabilisés ?
Le marché a vécu une phase de réajustement des prix tout au long de l’année 2023, s’illustrant par une baisse globale du prix moyen du vin de 22% en un an chez iDealwine. Cette baisse avait été initiée au début du dernier trimestre 2022 et après les records enregistrés durant les premiers mois de l’année, les prix se sont nettement assagis et ce, de manière plus marquée pour les vins dont les cours s’étaient envolés dans les mois précédents.
Nous n’avons eu de cesse, depuis un an et demi, d’ajuster continuellement les prix de nos estimations pour coller au plus près de la réalité du marché, même si ce dernier s’est avéré assez fluctuant. Ce travail semble avoir porté ses fruits, puisque désormais, les prix semblent enfin ajustés et l’équilibre entre l’offre et la demande s’établit de nouveau.
Depuis le début de l’année, les échanges sont répartis à la hausse et sont même très nourris. Depuis le printemps, chaque lot présenté aux enchères obtient plus de trois enchères en moyenne, un chiffre qui monte parfois même jusqu’à une bonne trentaine sur certains lots les plus prisés (en excluant les lots mis à prix à un euro, qui engendrent évidemment un grand nombre d’enchères). Ce sont des signaux positifs, et le rapide démarrage de l’année aux enchères (+13,5% de valeur adjugée par rapport à 2023) nous permet d’envisager cette année avec confiance.
En cette phase baissière du marché depuis un an et demi, est-ce une bonne idée de vendre ses vins ?
La question est en effet légitime et nous ne pouvons évidemment pas prévoir l’avenir du marché. Le contexte international et notamment la situation géopolitique demeurent extrêmement instables et nous savons qu’ils peuvent avoir un impact crucial sur notre marché mondialisé. Pour autant, il demeure difficile de prévoir dans quelle mesure cette instabilité pourra impacter les différentes zones d’achats – iDealwine comptant près de 70 nationalités d’acheteurs. Voici pour les incertitudes, mais voyons également les points positifs et signaux « au vert ».
L’une des forces d’iDealwine tient justement à la grande diversité de sa clientèle, répartie aux quatre coins du monde, mais également appuyée sur un solide socle de clients français. Cette diversité permet d’amortir les risques liés à la conjoncture mondiale. Par exemple, depuis le début de l’année, c’est l’Asie qui marque une grande vigueur dans ses achats. L’Europe est également très dynamique en ce moment – depuis le lancement de notre site en allemand et en italien notamment -, tout comme les Etats-Unis, où nous étions un peu moins présents historiquement mais où nous progressons rapidement ces dernières années. Le nombre de clients d’iDealwine continue d’augmenter dans chaque pays.
De plus, la diversité d’origines de nos clients implique une grande diversité de goûts et donc des vins susceptibles d’intéresser les amateurs. Par exemple, Hong Kong est plus orienté sur les grands crus de Bourgogne, alors que Singapour marque un intérêt solide pour les grands crus de Bordeaux ; les USA sont friands de signatures pointues, notamment parmi les vins naturels ; l’Europe du Nord privilégie quant à elle les vins bio, biodynamiques, et aussi nature. En somme, la demande à la fois variée et complémentaire, nous permet de valoriser tous types de vins, sans nous concentrer exclusivement sur les grands crus les plus classiques.
Cet accroissement de la diversité des vins prisés dans les enchères iDealwine s’est encore accrue ces dernières années du fait de l’augmentation constante du prix des vins de Bordeaux et de Bourgogne sur le marché primaire. Certains clients historiques, mais aussi les nouveaux entrants sur le marché se sont détournés de ces régions, sur le marché primaire, mais aussi sur le marché secondaire. Ou, plus précisément, ils ont élargi le spectre de leurs achats, sans plus se limiter à ces deux régions historiquement renommées pour leur production de grands crus. Les amateurs se tournent plus volontiers vers les autres régions viticoles pour y dénicher de beaux vins, qu’ils finissent par rechercher aux enchères également.
Pour autant, il faut relativiser ce constat, puisque les régions classiques que sont Bordeaux, la Bourgogne et le Rhône représentent tout de même 73% des volumes, et même 81,5% de la valeur échangée aux enchères sur iDealwine. Ces trois régions pèsent donc lourd dans les achats des collectionneurs, même si effectivement, la tendance est à une plus grande diversification d’année en année ; l’intérêt continue de s’élargir, les amateurs étant toujours à l’affut de grands vins, quelle que soit leur région de production.
Pour résumer, les incertitudes sur la conjoncture mondiale sont réelles, mais notre couverture mondiale et la diversité de nos acheteurs nous permettent de répartir et d’atténuer les risques. L’année a bien débuté pour nos enchères et les différents indicateurs que nous suivons de près nous permettent d’imaginer que cette tendance va perdurer dans les prochains mois.