C’est une vie consacrée au vin qui amène Pierre-Jean Villa à créer son domaine en 2009. Avant de nous plonger dans le travail précis qu’il effectue au sein de ses vignes, accordons-nous un court retour en arrière sur le riche parcours de ce néo-vigneron, qui s’attire les grâces des critiques du fait de ses cuvées rhodaniennes majestueuses.
Une vie de vignes
Des sols espagnols aux sols français, le travail de la terre a sans cesse accompagné la famille Villa. Bercé par cette proximité des sols et de la nature, Pierre-Jean a toujours partagé une certaine inclinaison envers le vin, s’occupant de vendanges, forgeant ses connaissances et son palais au fil des caves visitées et des vins dégustés. C’est en parcourant les routes de Bourgogne, accompagné d’amis vignerons, que le premier élan de son grand saut survient.
En 1992, il s’investit dans le vignoble bourguignon et prend en main de nombreux domaines dont le nom résonne de prestige encore aujourd’hui : Mommessin, Clos de Tart… Au sein de ces propriétés, il apporte un regard expert et s’occupe des vins, de leur production à leur commercialisation. Affûtant ses compétences viticoles pendant dix ans, il décide de revenir sur la terre qui l’a vu naître, la Vallée du Rhône, en 2003. Là-bas, il rejoint l’entreprise d’Yves Cuilleron, de Pierre Gaillard et François Villard, dans l’objectif de planter un vignoble sur des coteaux escarpés situés à Seyssuel. Il y produit les vins du domaine des Vins de Vienne jusqu’en 2009.
Il décide alors de prendre son envol final, et de lancer sa propre aventure sur un terroir qu’il connaît bien : son village natal de Chavanay, logé sur la partie septentrionale de la région rhodanienne. Il y entreprend le pari fou de faire sortir de terre des vins issus de parcelles de Saint-Joseph et de Condrieu situées sur des reliefs désavantageux où l’utilisation de machines n’est pas envisageable.
Les débuts d’une ascension fulgurante
Le résultat ? Une réussite, au sens le plus large du terme. Depuis sa création, le domaine ne cesse d’impressionner amateur comme professionnel par la justesse de son travail, aussi bien dans les vignes qu’au chai. Opéré complètement en agriculture biologique depuis 2020, l’exploitation s’étend désormais sur 17 hectares, s’affirmant sur de grandes appellations de la rive droite et gauche du Rhône (Côte-Rôtie, Condrieu, Saint-Joseph ou encore Crozes-Hermitage).
De ses vignes, Pierre-Jean Villa livre des expressions uniques de la syrah (seul cépage rouge du domaine), du viognier et de la roussanne (qui représentent respectivement 70% et 30% de l’encépagement blanc). Les sols sont maniés avec soin pour conserver la plus grande authenticité du terroir, et les baies, récoltées à la main (particularité du paysage oblige), sont vinifiées selon la même logique consciencieuse. L’intervention est minimale, les levures indigènes sont préservées, et la cohérence naturelle est respectée jusqu’au calendrier lunaire, sagement consulté lors des soutirages et de la mise en bouteille.
Les cuvées font l’unanimité. Après un élevage allant de 12 à 14 mois, les vins sont texturés, soyeux. Les rouges présentent de somptueux tanins, fondus dans un fruit vivace et juteux. Les blancs sont d’une grande finesse, et présentent le caractère subtil et racé de leur terroir.
Considéré aujourd’hui comme l’une des stars montantes de la région rhodanienne, Pierre-Jean Villa fait partie de cette génération de vignerons qu’il est impératif de garder à l’œil, car il détient entre ses mains certaines clés du futur du vignoble français qui se dessine aujourd’hui.
Domaine Pierre-Jean Villa : ce qu’en disent les guides
Guide Vert de La Revue du vin de France – 2* sur 3
Les vins : Pierre-Jean Villa maîtrise toujours aussi bien son sujet, les vins possèdent un côté à la fois digeste et frais, tout en conservant de la profondeur. Les blancs sont lumineux et éclatants, tel le saint-joseph Saut de l’Ange, une cuvée 100% roussanne très bien typée, avec des notes de fruits jaunes et de fleurs, mais surtout une très belle tension qui le tient.
Le style des rouges est sans faute : on pourra se régaler du croquant et juteux Tildé, aux notes de poivre et de viande fumée, à boire sans urgence. Les cuvées de Côte-Rôtie sont évidemment taillées pour la garde. Fongeant est absolument superbe, doté d’un très sérieux potentiel. Le vin affiche une bouche profonde, tendue et concentrée, mais qui fait montre d’une belle accessibilité avec un fruit juteux et savoureux en finale. Nous adorons aussi la sincérité d’Esprit d’Antan, une belle bouteille pour les cinq années à venir.
Guide des vins Bettane + Dessseauve – 4* sur 5
Quelle progression fulgurante pour ce néo-vigneron installé seulement depuis 2009. Le soin constant apporté à ses différentes parcelles et un travail précis en cave lui permettent de produire en saint-jospeh, en condrieu et e côte-rotie des vins sur le podium de leurs appellations respectives. En 2020, le côte-rotie fongeant frôle la perfection. La gageure sera pour l’amateur de parvenir à mettre la main sur quelques bouteilles.
