Ancienne propriétaire du Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande, May-Eliane de Lencquesaing a consacré deux ans de sa vie à puiser dans ses archives et sa prodigieuse mémoire. Elle nous livre le récit d’un destin qui parcourt le monde et l’histoire du siècle.
Qui a rencontré May-Eliane de Lencquesaing s’en souviendra toute sa vie. Cette femme d’exception – ma tante, par alliance – est une personnalité hors normes. Femme d’action, femme de culture, femme de passion, elle a choisi, au soir de sa vie encore pleinement active, de se retourner sur près d’un siècle d’un destin unique. Ce témoignage passionnera les amateurs de vin, les amoureux de Bordeaux bien sûr, mais pas seulement. Car la vie de l’auteur ne s’est pas forgée à l’abri des grilles du château Pichon Longueville Comtesse de Lalande, propriété qu’elle a incarnée bien plus tard. Son succès s’est construit par la force d’une volonté de fer, d’un travail acharné et d’un esprit qui n’a jamais rien laissé au hasard. Même si c’est bel et bien le hasard a choisi de la placer à la tête de ce cru classé de Pauillac.
L’histoire de May-Eliane de Lencquesaing trouve ses racines dans une famille exceptionnelle. Pourquoi exceptionnelle ? Son ascendance compte en effet des personnalités hautes en couleur, issues de différentes cultures et nationalités. Si ses racines françaises sont solides, on croise également dans son arbre généalogique l’expression d’une culture anglo-saxonne et espagnole, tout à la fois rigoureuse et artiste, mais aussi des ascendances irlandaises et italiennes. Le gage d’une ouverture sur le monde, et plus particulièrement l’Asie. Est-ce ce grand-père Miailhe, si audacieux et pionnier pour développer ses affaires ? Est-ce cette grand-mère, femme élégante, et pianiste émérite ? May-Eliane de Lencquesaing est profondément marquée par cet héritage emprunt de gaîté, d’un certain sens de la célébration et de la fête, et de cette fibre artistique et musicale qui la suivra tout au long de sa vie. Mais attention : ce sens aigu du raffinement jusqu’au moindre détail s’accompagne d’une grande exigence, d’une capacité de travail hors normes et surtout, d’une curiosité insatiable pour la culture, la vie des autres et l’état du monde. C’est sans doute cet héritage qui va doter l’auteur d’une aptitude remarquable à s’adapter aux soubresauts et changements de cap qui ont jalonné son existence, en lui conférant une énergie phénoménale pour mener à bien ses ambitieux projets.
May-Eliane de Lencquesaing raconte ainsi les quatre saisons d’une existence finalement romanesque. Le printemps, son enfance, captivera tout particulièrement les lecteurs car on y trouve, au-delà du portrait de ses ancêtres hauts en couleurs, une description édifiante de la situation du vignoble au début du XXème siècle. Les difficultés auxquelles les propriétaires de l’époque ont dû faire face sont à peu près inimaginables aujourd’hui ! A cette époque le vin peinait à se vendre, et les vignobles représentaient souvent un gouffre financier pour leurs propriétaires. Sa famille issue du négoce et du courtage de vin, saisit les opportunités nées de la crise économique de l’entre-deux guerre, sans pour autant être épargnée par les aléas. On retrouve ainsi l’auteur dans les différentes propriétés familiales, Siran, Citran, Château Palmer (dont sa famille possède une partie), Ducru Beaucaillou, Pichon Lalande… La période du Second conflit mondial est elle aussi évoquée, douloureuse, épique, passionnante. C’est d’ailleurs l’un des aspects uniques de ce témoignage que de découvrir, derrière les façades rutilantes des grandes propriétés jalonnant aujourd’hui la fameuse route départementale D2, au sortir de Bordeaux, une réalité bien différente à l’époque, car la prospérité n’y a pas toujours été au rendez-vous, loin s’en faut.
Le lien avec l’univers du vin s’est donc invité dans le pedigree de l’auteur. Pourtant, durant ce qu’elle évoque comme l’été de ses quatre saison, May-Eliane de Lencquesaing construit sa vie familiale dans le sillage de la carrière militaire de son époux, et s’éloigne du monde viticole. Ce n’est qu’en 1978 qu’elle reprend la direction du Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande. A plus de 50 ans, donc, sans formation réelle au métier. Elle va y remédier, et s’atteler à l’ouvrage avec le succès que l’on sait. Son récit, « Les vendanges d’un destin », a été patiemment écrit durant plus de deux longues années, au prix d’une plongée dans les archives familiales et professionnelles, tenues avec une précision minutieuse. Tout y a été consigné année après année, des notes de vendanges aux commentaires de dégustation, en passant par les menus des innombrables diners de gala auxquels May-Eliane de Lencquesaing a participé à travers le monde !
Cette vie professionnelle riche et intense ne s’est pas interrompue à l’heure où sonne pour le plus grand nombre le temps d’une paisible retraite. Car au moment où elle se séparait du Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande, en 2007, May-Eliane de Lencquesaing avait en effet déjà posé les fondements de son nouveau projet. Il s’agissait ni plus ni moins que de bâtir une propriété viticole, assortie d’une ambition sociale et humanitaire. Le tout, à 12 000 kilomètres de la France, au cœur du vignoble de Stellenbosch, en Afrique du Sud. Après avoir su faire rayonner dans le monde les vins de Pichon et, au-delà, les grands crus de Bordeaux, ce nouveau défi a brillamment été relevé. Les vins de Glenelly sont aujourd’hui appréciés à leur tour par les amateurs des quatre coins du globe.
On tirera de ce livre une extraordinaire leçon d’exigence, d’optimisme, de courage et de culture. C’est le parcours d’une femme éminemment moderne, proche de son temps, visionnaire aussi qu’il nous est donné d’approcher. En creux, transparaissent les épreuves qui ont jalonné sa vie. Elles sont évoquées en filigrane, avec pudeur et délicatesse. L’élégance, jusqu’au bout d’un destin hors normes.
Les vendanges d’un destin – Editions Tallandier
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