Palmarès iDealwine Quels sont les vins les plus chers du premier semestre dans les ventes aux enchères ?

Le marché des grands crus enregistre depuis le dernier trimestre de l’année 2022 une accalmie. L’assagissement des prix est une tendance bienvenue pour certaines signatures dont les cours s’étaient envolés depuis 18 mois. Pour autant, les acheteurs poursuivent leur quête de vins rares, prestigieux et qui, pour certains, sortent des sentiers battus.  Découvrez notre palmarès des enchères iDealwine au premier semestre 2023, et une analyse des tendances du marché, en 8 questions auxquelles Angélique de Lencquesaing apporte son éclairage.

Le TOP20 des flacons les plus chers adjugés aux enchères sur iDealwine durant le premier semestre 2023 est publié. Si les résultats portent la marque d’un réel assagissement du marché, le classement continue à octroyer une place de choix aux vins de Bourgogne. Dans ce palmarès pour lequel nous n’avons retenu qu’un flacon par domaine (le plus cher), 11 places sur 20 sont en effet consacrées aux grands crus de la Côte de Nuits (8 flacons), que viennent compléter trois grands chardonnays de la Côte de Beaune. La région de Bordeaux défend ses positions avec 5 représentants, dont Petrus, au 8ème rang du TOP20 mais toujours premier dans sa région. Notons au passage que c’est le 2019, tout dernier millésime disponible sur le marché, qui se place en tête (5 084€). Deux champagnes emblématiques ont rejoint le TOP20, le Clos du Mesnil 1979 de la maison Krug (#13), adjugé 4 092€ et l’Extra-Brut 1er cru 2008 de Jacques Selosse (#20), vendu 3 100€. Sans surprise, la vallée du Rhône nous livre un représentant, la rare cuvée Cathelin de Jean-Louis Chave, en Hermitage (#7), adjugée 6 076€ dans le millésime 1998. A signaler, la présence d’un vin issu de la Napa Valley, le fameux – et introuvable – Screaming Eagle 2019 (#16), adjugé 3 714€. Pour éclairer ce palmarès, Angélique nous livre un éclairage en huit questions, pour décrypter les dernières tendances de marché.

1 – Les amateurs ont-ils déserté les enchères de vin au cours du premier semestre 2023 ?

A. de L. : Loin de là ! Les amateurs ont réservé un bel accueil à nos ventes qui se sont succédé à un rythme soutenu : aux 24 ventes aux enchères de vin organisées en six mois sur la plateforme d’iDealwine, il faut ajouter les quatre vacations consacrées aux spiritueux, adjugés sur Fine Spirits Auction. Les volumes de vins adjugés ont progressé de 9% au cours du semestre. Les amateurs restent bel et bien présents à l’achat. Si les Français se montrent actuellement prudents et pour certains attentistes, les amateurs asiatiques et américains sont chaque jour plus nombreux à se connecter. Par ailleurs, le site iDealwine est accessible depuis quelques semaines en allemand et en italien (en plus des deux versions française et anglaise). Un atout qui séduit des amateurs transalpins et d’outre-Rhin. D’un bout à l’autre de la planète, tous nos clients se montrent attentifs à l’évolution du marché et des prix. Et tous restent en quête de belles opportunités, dans ce marché qui s’est assagi.

2 – Quel est l’impact de la conjoncture sur le marché des grands crus ?

A. de L. : Outre la situation géo-politique, trois facteurs économiques ont agi ces derniers mois sur le marché des grands crus. Le niveau de l’inflation qui vient entamer les budgets prend sa part dans l’accalmie observée depuis le début de l’année sur les achats de vin. Les taux d’intérêt, qui poursuivent une courbe haussière, font au passage émerger de nouvelles opportunités de placement, éloignant les épargnants en quête de sécurité des placements alternatifs, tels que les grands crus. Enfin, le taux de change dollar-euro, moins favorables aux acheteurs américains (ou situés dans des pays indexés sur la devise américaine) ont été désavantagés par un euro qui a repris des couleurs face au dollar. Dans ce contexte, les amateurs se montrent toujours plus attentifs au niveau des prix, à la qualité des flacons acquis, et à leur rareté aussi.

3 – Les vins de Bourgogne ont-ils atteint un plafond ?

A. de L. : La Bourgogne, on l’a vu, continue à régner en maître sur le palmarès des flacons les plus chers. Mais à des niveaux de prix qui se sont indéniablement assagis, par rapport aux records établis au cours du premier semestre 2022. Toutefois, lorsque les heureux possesseurs acceptent de se séparer de leurs flacons à des prix qui retrouvent pour certains leur niveau de cours d’avant Covid, les acheteurs répondent bel et bien présent. Un exemple éloquent nous est apporté par le musigny du domaine Leroy, étalon des records d’enchères sur iDealwine. L’an dernier, un 2006 avait atteint 34 100€. En 2021, un autre flacon de 2006 s’était vendu 28 240€. Au cours du premier semestre 2023, c’est toujours ce même grand cru du même domaine iconique qui s’est établi en tête du classement, mais à un prix revu. Dans le millésime 2011, un amateur français l’a en effet acquis pour 22 444€.

On note aussi que si les amateurs sont toujours actifs à l’achat, les surenchères sont plus rares sur les vins les plus chers du classement. Les cinq premiers vins du TOP20 ont été adjugés à des niveaux de prix proches de leur mise à prix. De notables progressions ont en revanche été constatées sur les grands crus de la Côte de Beaune, en blanc, ou sur certains millésimes plus anciens, tels le richebourg 1989 de Méo-Camuzet, adjugé 3 756€ (+50% par rapport au prix de départ des enchères). Certains domaines suscitent un réel engouement de la part des enchérisseurs. Hubert Lamy, Mugneret Gibourg ou encore un collector comme Chopin Groffier en fournissent quelques exemples.

4 – Certains vins sont-ils devenus invendables ?

A. de L. : Aucun vin n’est invendable sur un marché mû par la confrontation de l’offre et de la demande ! Au contraire, les amateurs restent nombreux et ardents, assoiffés de découvrir chaque semaine les nouveaux flacons livrés aux enchères. En revanche, les niveaux de prix records atteints au premier semestre 2023 n’ont plus cours depuis le début de l’année. Ce retour aux prix des années d’avant Covid (2020-2021) s’applique tout particulièrement aux « BIG 8 », ces domaines qui comptent les signatures de Leroy comme on l’a indiqué, et d’Auvenay, avant tout. Mais aussi la Romanée Conti, et les domaines Rousseau et Roumier ; deux signatures de poids, qui avaient suscité des enchères enfiévrées en 2022, Arnoux-Lachaux et Bizot, ont disparu des radars durant quelques semaines, le temps, pour le marché, de retrouver un équilibre entre le prix accepté par le vendeur, et les attentes des acquéreurs. C’est ainsi que l’échézeaux 2006 du domaine Bizot (#10 dans le palmarès), s’est vendu 4 464€, contre 5 208€ en septembre 2022 (-14%). Le dernier des BIG 8 ne vient pas de Bourgogne, mais du Rhône : il s’agit du Château Rayas. Sa cote connaît aussi une accalmie : le 1990, par exemple, s’était envolé l’année dernière, franchissant le seuil des 4 000€ la bouteille. Son prix d’équilibre s’établit aujourd’hui à 2 817€, un cours encore très supérieur toutefois à celui de fin 2021 (1 964€). La rareté des flacons disponibles continue à exercer un attrait irrésistible sur les amateurs désireux de compléter leur collection.

Palmarès iDealwine Quels sont les vins les plus chers du premier semestre dans les ventes aux enchères Bizot

5 – Le marché a-t-il atteint un creux, va-t-il repartir prochainement à la hausse ?

A. de L. : Il n’est pas nécessaire de disposer d’une boule de cristal pour affirmer que le marché ne retrouvera sans doute pas de sitôt les niveaux de prix records enregistrés en 2022. Toutefois, un indicateur intéressant est celui de la fréquentation du site et des enchères, qui demeure soutenue, en progression même, de 14% par rapport à l’année dernière. Les amateurs sont donc bel et bien présents ! Mais beaucoup plus attentifs aux niveaux de prix pratiqués. Par ailleurs, il faut souligner que la baisse de prix enregistrée sur ces fameux BIG 8 ne représente pas l’ensemble du marché, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Ces vins avaient vu leurs cours s’envoler, les prix reviennent au niveau d’avant-Covid, ils demeurent élevés. Pour les autres signatures qui n’avaient pas connu une telle frénésie, la situation est différente, et l’engouement intact.

6 – Quid des vins nature ?

A. de L. : Certaines signatures issues de la tendance biodynamique et nature figurent parmi les vins qui ont enregistré les plus fortes hausses de cours au premier semestre. On les retrouve dans la plupart des vignobles, mais notamment ceux qui sont connus et bien identifiés pour leur production nature comme le Jura (Allante Boulanger, Thomas Popy, Morgane Turlier), le Beaujolais (Lapierre, Jambon, Foillard, Julie Balagny, Chamonard…), la vallée de la Loire (Nicolas Barbou, Olivier Lejeune, Pierre Ménard) et particulièrement l’Auvergne (Saurigny, Pierre Beauger, l’Arbre blanc, Benoît Rosenberger, François Dhumes…). La mouvance nature est aussi présente en Bourgogne (Les Horées, Pavelot), dans le Roussillon (Clos du Rouge Gorge), à Bordeaux (Château Le Puy)…

7 – Les grands crus de Bordeaux constituent-ils encore un choix patrimonial ?

A. de L. : Dans les grands millésimes de garde, oui. A condition d’accepter un horizon de « placement » assez long. Les enchères du premier semestre 2023 ont mis en lumière les grands millésimes et les années de collection, produites dans la première moitié du XXème siècle. Certaines se sont hissées dans le TOP20 des flacons plus chers. Le Château Mouton Rothschild se distingue avec le millésime 1905, le plus ancien, adjugé 3 380€ (#18). On trouve aussi dans le classement plusieurs années « du siècle », comme 1929 au Château La Mission Haut-Brion (4 132€, #11), ou 1982 au Château Lafite Rothschild (3 130€, #19). Il ne faut toutefois pas toujours attendre le verdict du temps long pour valoriser un vin de Bordeaux. Petrus en a apporté à la preuve avec son 2019, mais aussi le Château Le Pin, 12ème du classement, dont le 2016 a atteint 4 092€. Château Figeac quant à lui voit les cours de l’ensemble des millésimes progresser. Une conséquence de l’accession de la propriété au rang de 1er grand cru de Saint-Emilion « A ». Le choix d’une belle année de garde, la quête de la rareté (sur la rive droite souvent) mais aussi la recherche de grandes signatures qui continuent à faire rêver les amateurs, notamment à Singapour : tous ces ingrédients continuent à placer Bordeaux dans la catégorie des valeurs sûres.

Palmarès iDealwine Quels sont les vins les plus chers du premier semestre dans les ventes aux enchères grands crus de Bordeaux

6 – Quelles sont les régions qui montent ?

A. de L. : La Champagne reste un vignoble plébiscité par les amateurs du monde entier (Europe, USA, et désormais également l’Asie). La vallée du Rhône regorge d’opportunités, non seulement dans ses appellations les plus prestigieuses (Hermitage, Côte-Rôtie, Châteauneuf-du-Pape), mais aussi dans les appellations plus accessibles comme Saint-Joseph, Gigondas… La vallée de la Loire demeure un eldorado, par la variété des vins qu’elle propose, du Muscadet à Sancerre, en allant même jusqu’aux confins du fleuve, en Auvergne. Le Beaujolais, terre d’expérience, de même que le Languedoc ou le Roussillon sont des régions désormais bien établies dans les enchères d’iDealwine, les amateurs se régalent car ils y trouvent des millésimes matures de domaines longtemps demeurés accessibles aux seuls initiés. L’Alsace reste un vignoble confidentiel dans les enchères, mais les amateurs ne s’y trompent pas, qui plébiscitent les grands crus issus de terroirs d’exception, les vendanges tardives ou SGN, mais aussi les pinots noirs qui suscitent un engouement croissant. Sans oublier la Corse, la Provence, le Sud-Ouest et particulièrement le Jurançon…

Quid des vins étrangers ?

A. de L. : C’est un fait, les vignobles étrangers suscitent un engouement croissant de la part des amateurs désireux d’élargir l’horizon de leur quête. De beaux résultats ont été constatés dans les ventes pour les vins italiens bien sûr, premier vignoble étranger présent aux enchères sur iDealwine. Qu’il s’agisse des grands toscans (Masseto, Ornellaia, Sassicaia, Case Basse) ou de domaines piémontais emblématiques (Roagna, Conterno, Giacosa), les amateurs répondent à l’appel, avec un fort intérêt de la part des clients asiatiques et américains. Les vins espagnols ont eux aussi remporté tous les suffrages, qu’il s’agisse d’icônes comme Vega Sicilia, d’étoiles plus récentes comme Pingus, ou de signatures sortant des sentiers battus telles que Commando G. Les Etats-Unis aussi se distinguent, Napa Screaming Eagle s’invitant même dans le TOP20 des enchères du semestre. Oui, les vins étrangers méritent une attention particulière au cours des prochains mois.

Quels vins faut-il vendre actuellement ?

A. de L. : Vous l’aurez compris, toutes les régions, et tous les profils de vin intéressent les amateurs. Si vous devez alléger votre cave, privilégiez les années qui ont atteint leur apogée (ou qui en sont proches) pour bénéficier au mieux de leur valorisation. Vous pouvez aussi choisir de beaux millésimes de garde, y compris parmi les plus récents, ils constituent des valeurs sûres à Bordeaux, et en Bourgogne, compte tenu de la rareté des vins, ils se valorisent rapidement. Dans les millésimes matures, voire anciens, soyez particulièrement attentifs à l’état des bouteilles et de leur capsule. Un bouchon faible, qui risque de tomber dans la bouteille, fera l’objet d’un refus au Lab’ iDealwine de la part de nos équipes d’expertise, le flacon ne pouvant être expédié aux acheteurs sans risque de coulure. Nos équipes suivent le marché au jour le jour, faites confiance à leur expertise et à leurs estimations, même si les prix proposés n’atteignent plus les prix records enregistrés l’an dernier. Au contraire, une mise à prix attractive aura toutes les chances d’attirer l’attention des enchérisseurs et, in fine, de faire monter les enchères. N’hésitez pas à consulter notre équipe pour un avis, un conseil concernant votre cave, pour la gérer au mieux et affiner au fil du temps votre collection d’or liquide.

Palmarès des plus belles enchères 2023 – Premier semestre

#Vin Prix Adjudication Lot Prix Adjudication Unitaire% / Mise à prixAcheteur
11 bt Musigny Grand Cru Leroy  2011 (11/01/2023)           22 444 €          22 444 € –Amateur – FRANCE
21 bt Romanée-Conti GC Domaine de la Romanée-Conti 2010 (29/03/2023)           21 204 €          21 204 € –Amateur – FRANCE
31 bt Chevalier-Montrachet Grand Cru d’Auvenay  2005 (08/03/2023)           18 848 €          18 848 € –Amateur – FRANCE
41 bt Musigny Grand Cru Georges Roumier  2010 (15/03/2023)           16 740 €          16 740 € –Amateur – FRANCE
51 bt Vosne-Romanée 1er Cru Cros Parantoux Henri Jayer 1990 (01/02/2023)           13 764 €          13 764 € –Amateur – ROYAUME-UNI
61 bt Corton-Charlemagne Grand Cru Coche Dury  1999 (15/02/2023)              6 324 €             6 324 €13%Pro – FRANCE
71 bt Hermitage Ermitage Cuvée Cathelin Jean-Louis Chave 1998 (23/02/2023)              6 076 €             6 076 €36%Amateur – FRANCE
81 bt Petrus 2019 (19/01/2023)              5 580 €             5 580 €29%Amateur – FRANCE
91 bt Musigny Grand Cru Faiveley 2010 (15/03/2023)              4 526 €             4 526 €12%Amateur – FRANCE
101 bt Echezeaux Grand Cru Bizot  2006 (11/01/2023)              4 464 €             4 464 € –Amateur – FRANCE
111 bt Château La Mission Haut-Brion Cru Classé de Graves 1929 (06/06/2023)              4 132 €             4 132 €38%Pro – HONG KONG
121 bt Château Le Pin 2016 (02/02/2023)              4 092 €             4 092 €10%Amateur – FRANCE
131 bt Clos du Mesnil Krug 1979 (22/03/2023)              4 092 €             4 092 €10%Amateur – ETATS-UNIS
141 bt Richebourg GC Méo Camuzet 1989 (14/06/2023)              3 756 €             3 756 €50%Amateur – HONG KONG
151 bt Clos de la Roche Grand Cru Jacky Truchot 2005 (24/05/2023)              3 756 €             3 756 € –Pro – HONG KONG
161 bt Napa Screaming Eagle 2019 (25/01/2023)              3 714 €             3 714 € –Amateur – FRANCE
171 bt Montrachet Grand Cru Ramonet  2020 (16/05/2023)              3 506 €             3 506 €12%Amateur – HONG KONG
181 bt Château Mouton Rothschild 1905 (06/06/2023)              3 380 €             3 380 €100%Pro – ITALIE
191 bt Château Lafite Rothschild 1982 (11/05/2023)              3 130 €             3 130 €4%Amateur – FRANCE
201 bt Extra-Brut 1er Cru Millésimé Jacques Selosse 2008 (11/01/2023)              3 100 €             3 100 € –Pro – HONG KONG

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Cet article a 5 commentaires

  1. Richard

    Bonjour,

    Merci mais erreur dans le texte concernant le prix atteint par Le Pin 2016 (4092 et non 5580).
    Ce qui fait (hors frais vendeur) un prix de « vente » de 3273 euros.
    Si le vendeur a négocié des frais très bas, cela peut-être un peu intéressant.
    Si non, mieux vaut ne pas acheter…

    1. iDealwine

      En effet ! Nous nous excusons pour cette erreur et remercions votre œil attentif pour la correction.
      Cordialement, l’équipe iDealwine.

  2. BAUDOUIN Philippe

    Très bel article. Merci.
    Dans l’attente de vous lire prochainement, soyez assurés de mes meilleurs sentiments.
    Ph.baudouin

    1. iDealwine

      Nous avons noté vos nouvelles coordonnées et vous remercions pour votre chaleureux commentaire.
      Cordialement, l’équipe iDealwine.

  3. BAUDOUIN Philippe

    A bientôt.

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