Le gel de printemps a fait des ravages dans une bonne partie du vignoble de l’Est de la France, en Champagne, Bourgogne, vallée de la Loire, Alsace, Jura et même dans le Languedoc-Roussillon et le Sud-Ouest.
La semaine dernière – plus précisément dans la nuit de mercredi à jeudi 20 avril -, le gel a touché plusieurs régions du vignoble français. Cet épisode a fait d’autant plus de dégâts que le cycle végétatif de la vigne était en avance, du fait du beau temps et des températures élevées enregistrées les semaines précédentes.
De nombreuses régions concernées par le gel, certains vignerons mieux préparés que d’autres
S’il est encore trop tôt pour évaluer l’impact sur la récolte, on peut d’ores et déjà voir que les dégâts sont non négligeables et d’intensité variée selon les régions.
Dans la vallée de la Loire, où l’Anjou, Bourgueil, Saint Nicolas de Bourgueil et Montlouis avaient été sévèrement attaqués par le gel l’an passé, le bilan de ce gel du 20 avril reste assez contrasté, avec de plus gros dégâts à l’est (notamment à Chinon). Certains vignerons s’étaient prémunis de ce risque en investissant dans des tours éoliennes qui brassent l’air en altitude (plus chaud), et le ramènent vers le sol pour le réchauffer, tout en asséchant l’atmosphère. L’objectif : rendre les bourgeons moins sensibles au froid. Sur le même principe, à Montlouis, d’autres vignerons ont recouru à des hélicoptères pour réchauffer l’air (sept hélicoptères pour 300 hectares de vignes) jeudi matin à 6h30 (-3°C) et pendant environ 1h30. Si le procédé peut sembler peu écologique (il est en réalité à peu près similaire à une dépense en carburant de tour anti-gel), il a en tous cas prouvé son efficacité et a permis de sauver les précieux bourgeons. En effet, cette opération a permis des gains de température de 0,5 à 1,2 °au sol, tout en aspirant l’humidité ; le tout pour un prix d’environ 200 euros/ha. Cette solution a d’ailleurs été testée également dans d’autres vignobles comme à Puligny.
En Bourgogne, c’est une nouvelle fois Chablis qui a payé le plus lourd tribut au gel (plus d’un tiers de récolte perdue l’an dernier pour cette même raison). Ici, de nombreux vignerons ont passé la nuit dehors pour allumer les chaufferettes au fuel ou les bougies de paraffine, afin de réchauffer les pieds de vigne. Ils ont également activé des systèmes d’aspersion d’eau sur les zones les plus sensibles, les gouttelettes d’eau formant une coque de glace qui protège le bourgeon. D’autres solutions ont également été testées, la bioprotection par exemple, qui stimule les défenses naturelles de la plante par application préventive.
En Champagne, dans la nuit du mercredi au jeudi, les températures sont descendues jusqu’à -6°C dans la Marne. A de tels niveaux, les bourgeons ont été brûlés par le froid sur de nombreuses parcelles, même si certains ont résisté. Les conséquences du gel sont en effet assez aléatoires, sur un même pied, certains bourgeons peuvent avoir gelé et d’autres non.
Dans le Jura, c’est dans la nuit du mardi au mercredi que le gel a été le plus rude, avec des températures allant jusqu’à -5°C. Près de 45% du vignoble serait touché selon le Comité interprofessionnel des vins du Jura (CIVJ), avec la aussi des situations très variées, certaines parcelles restant totalement indemnes, quand d’autres sont sinistrées à 100%. Ici, la situation semble assez dramatique.
A Cognac également, certains terroirs ont subi le gel, mais les dégâts semblent assez limités. En Alsace aussi, une large zone a été touchée par le gel, aux alentours de Colmar, de Scherwiller ou de Munster ; « Les viticulteurs nous donnent des fourchettes de dégâts élevées, de 60 à 90 %, c’est préoccupant, mais il faut voir si les bourgeons ont été pris en totalité ou seulement à l’extérieur » explique le conseilleur en viticulture Jérôme Attard (Chambre d’Agriculture du Haut-Rhin).
Plus étonnant, le gel n’a pas affecté que les régions septentrionales du vignoble français, il s’est aussi attaqué au Languedoc-Roussillon. En effet, dans l’Aude, le Minervois et les Corbières, les températures ont atteint les -1°C à -5°C, la nuit du 20. Du jamais vu depuis plusieurs décennies dans cette région. Seule la partie littorale semble avoir été épargnée. Certaines parcelles sont très atteintes alors que d’autres ne le sont que partiellement ; dans l’Aude, on estime qu’environ 20 000 hectares ont été brûlés par le gel.
La situation est préoccupante car de nouveaux épisodes de gel pourraient encore se produire jusqu’à environ la mi-mai (Saints de glace).
Une véritable problématique pour les vignerons
Le problème des aléas climatiques et plus particulièrement du gel, dont les dégâts peuvent être énormes, est d’autant plus lourd pour les vignerons qu’un grand nombre de domaines viticoles ne sont pas assurés contre ces incidents : « Sur quelque 800.000 hectares de vigne, seulement 15% sont assurés » contre les intempéries, a indiqué Jérôme Despey, président de la Commission viticole du syndicat FNSEA. Cela est d’autant plus problématique que la fréquence des aléas climatiques augmente et que le fonds de calamité agricole de l’Etat ne peut être activé qu’en cas de destruction totale des plantes et de la récolte par une intempérie, et non pas en cas de perte partielle.
Malheureusement, les intempéries impactant fortement la vigne (et l’arboriculture) – principalement le gel-, semblent devenir un problème chronique, un désastre qui se produit de plus en plus régulièrement chaque année. Le réchauffement climatique est probablement l’un des principaux responsables, du fait du décalage progressif du cycle de croissance végétatif. La vigne étant de plus en plus précoce (pour le débourrement), elle est d’autant plus désarmée face au gel printanier. L’an dernier déjà, des épisodes de gel printanier avaient touché la Loire et la Bourgogne.
L’équipe d’iDealwine se sent solidaire de tous les vignerons qui ont subi ces dégâts et leur adresse tous ses encouragements, en espérant de tout cœur que le bilan ne sera pas trop lourd.
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