Parmi les rares domaines champenois en biodynamie, on trouve celui de Benoit Marguet. Etabli à Ambonnay, celui-ci produit de grands champagnes de gastronomie, dans un esprit naturel. Zoom sur ce domaine qui fait aujourd’hui partie de l’élite champenoise et auquel nous avons eu la chance de rendre visite en novembre 2023.
Un domaine champenois historique
La création du champagne Marguet remonte à 1875, grâce à Emile Marguet, le patriarche historique de la maison. Dès 1883, il fait greffer ses meilleures parcelles de la Côte des Blancs et de la Montagne de Reims, pour anticiper l’arrivée du phylloxéra sur ses terroirs.
Aujourd’hui c’est Benoît, son descendant, qui s’efforce depuis 2008 de consolider l’image de qualité de la maison Marguet. Il a d’ailleurs presque tout refait et tout changé, des installations aux méthodes de travail (biodynamie, vin nature, vinifications parcellaires…), en passant par la philosophie du domaine. A priori et aux vues de la dégustation, le pari est plus que réussi ! La Revue du vin de France écrit d’ailleurs à son sujet : « Depuis quelques années, Benoît Marguet incarne l’une des plus fulgurantes progressions de la Champagne. » (Guide Vert de la RVF).
La biodynamie et l’équilibre de l’écosystème au cœur du vignoble
Le vignoble s’étend sur 10 hectares, dont 8 qui sont travaillés, répartis entre Ambonnay (7.30 hectares) et Bouzy (0.70 hectares), le tout exclusivement en Grand Cru, avec des plants âgés en moyenne d’une quarantaine d’années.
Les vignes sont soignées en biodynamie, avec le recours à la phytothérapie (infusion et décoction de plantes médicinales) et l’aromathérapie (pour les huiles essentielles) ; comme certains autres domaines en biodynamie, Benoît Marguet utilise le petit lait pour lutter contre l’oïdium. La certification Demeter a été obtenue en 2009. Loin de se résumer à un label tendance et vendeur, la biodynamie est ici profonde et sincère et le vigneron semble pénétré par ses principes et sa philosophie.
L’ensemble des sols est travaillé à l’aide de deux chevaux de trait, depuis 2010 : la condition d’un équilibre et d’une harmonie dans les vignes, selon Benoît Marguet. L’équilibre global de l’exploitation est un enjeu central pour le vigneron, qui a développé tout un écosystème d’animaux et de plantes sur son domaine. Il y a par exemple sept ruches, dont la propolis est utilisée pour stimuler la vie dans les vignes mais aussi, avec du miel, pour faire cicatriser les pieds de vignes. Une partie des plantes utilisées pour soigner les vignes provient directement de leur potager, en complément des herbes sauvages qu’ils cueillent et des plantes qu’ils achètent. Il y a également un poulailler, des nichoirs… Le vigneron a aussi collaboré avec Claude Bourguignon pour l’étude de ses sols et les plantations se font en sélection massale.
La démarche holistique de Benoît Marguet va encore plus loin et englobe également les hommes qui travaillent au domaine, pour qui le vigneron met en place des cours de yoga toutes les semaines. Le vigneron nous parle beaucoup d’harmonie et d’amour, d’équilibres, l’importance pour lui que le vin puisse porter des messages, qu’il touche les gens, leur amène en quelque sorte une dimension sacrée.
La production en propre est complétée d’achats de raisins à hauteur d’environ 25% pour les cuvées de crus villages.
Le vigneron met un point d’honneur à récolter à bonne maturité, assez tardivement.
Des vinifications naturelles sans aucun intrant
Le même esprit scrupuleux est en vigueur au chai, où les fermentations démarrent avec les seules levures naturelles et l’utilisation des sulfites est quasi nulle (<25 mg/l de SO2 total) : il en ajoute parfois un ou deux grammes au pressoir, mais s’en passe totalement lorsqu’il le peut. Il n’élabore que des brut nature, c’est-à-dire qu’il n’ajoute aucune liqueur de dosage et qu’il complète le volume perdu au dégorgement avec d’autres bouteilles de la cuvée (pratique couteuse et donc peu répandue en Champagne). Le vigneron insiste bien sur ce point en nous rappelant que l’ajout de la liqueur permet aux maisons de champagne d’ajouter un peu ce qu’elles veulent dans la bouteille… « J’élabore du vin, c’est-à-dire du jus de raisin fermenté et rien d’autre. » nous résume-t-il.
Le déplacement des jus est réalisé majoritairement par gravité (sans pompage donc) afin de ne pas stresser les vins. Chaque lieu-dit est vinifié séparément en tonneaux et les élevages se déroulent sur lies, avec environ 10% de bois neuf (neuf années de bois et des origines de tonneliers différentes dans chaque cuvée). Ce travail rigoureux permet à Benoit Marguet de commercialiser une gamme incroyablement diverse, alimentée par de nombreux crus (Ambonnay, Ay, Le Mesnil sur Oger, etc.), et de se positionner comme une valeur sûre et prisée de la Champagne.
Les vins du domaine Benoît Marguet
Les champagnes de Benoît Marguet sont unanimement considérés comme appartenant à l’élite des champagnes, atteignant une finesse et une personnalité rares. Nous sommes extrêmement fiers de le compter parmi nos partenaires et de pouvoir vous proposer ses cuvées.
Voici les vins que nous avons dégusté au domaine en novembre 2023. Les chiffres indiquent l’année de base (20 pour 2020).
Yuman 20 : un blanc de blancs frais et fruité, provenant de chardonnays de Villeneuve-Renneville, (Premier Cru de la Côte des Blancs) et de Villers Marmery (Premier Cru de la Montagne de Reims).
Shaman 20 : assemblage de pinot noir (81%) et chardonnay (19%), ce champagne se montre vibrant, frais, droit mais aussi gourmand, doté d’une superbe longueur et de beaux amers et de notes crayeuses.
Avize 2018 : ce champagne de négoce (raisins achetés chez un vigneron de la Côte des blancs), provient d’une parcelle plantée en 1982. Au nez, c’est un champagne riche et expressif, doté d’arômes d’agrumes et de buis. La bouche amène quant à puissance, tension et belle aromatique.
Ambonnay 2018 : assemblage de 63% de pinot noir et 37% de chardonnay, au nez riche et floral, et à la bouche ronde, offrant de beaux amers
Les Bermonts 2018 : blanc de blancs issu d’un lieu-dit situé à Ambonnay sur lequel s’épanouissent de vieilles vignes de chardonnay (plantées en 1952). C’est un champagne mûr et riche
Les Saint Remys 2018 : un pinot noir cultivé en milieu de coteaux sur une petite parcelle d’Ambonnay plantée en 1957 et 1975, donnant un champagne fruité (petits fruits rouges gourmands) et tendu, puissant et élégant à la fois, doté d’une superbe longueur.
La Grande Ruelle 2018 : ce pinot noir provient de vignes plantées en 1967 livre un nez très fruité et une bouche structurée, des saveurs de gingembre et des notes crayeuses et salines.
Sapience œnothèque 2010 : cette cuvée est produite à partir d’achats de raisins de David Leclapart, Benoît Lahaye et Georges Laval. Elle est composée à 50% de chardonnay du village de Trépail, 25% de pinot noir d’Ambonnay et 25% de pinot meunier de Cumières. En bouche, c’est un champagne riche et complexe, puissant, doté de superbes notes crayeuses, de fins amers et de subtiles notes oxydatives. Un champagne d’exception, rare.