Les caves du Clos Rougeard, à Chacé
Les caves du Clos Rougeard, à Chacé. ©iDealwine.com

Il y a quelques jours, l’équipe du Clos Rougeard présentait ses nouvelles installations techniques, en présence des représentants de la famille Bouygues, propriétaires du domaine depuis 2017. Récit de nos envoyés spéciaux – et ravis -, Cyrille Jomand et Angélique de Lencquesaing.

Le Clos Rougeard se pare d’habits neufs pour ouvrir une nouvelle page de son histoire. Après trois ans de travaux, les nouvelles installations techniques ont été présentées aux proches du domaine, assorties d’une visite et d’une dégustation des derniers millésimes désormais disponibles à la vente.

Martin et Olivier Bouygues, ainsi que quelques représentants de leur famille, ont acquis le Clos Rougeard en 2017. Ce domaine exploité par les frères Foucault est longtemps demeuré confidentiel, connu des seuls amateurs pointus, mais il s’était taillé au fil des ans une renommée planétaire, portant au pinacle le cépage cabernet franc. Le décès de l’un des frères, Charly Foucault, avait rendu la vente inéluctable. La famille Bouygues a souhaité prendre le temps d’offrir à cette exploitation iconique un outil de travail à la hauteur de sa splendide réputation, afin que poursuivre et de parfaire, dans le temps long, l’œuvre initiée par le génial vinificateur aujourd’hui disparu, et par son frère Nady.

Charlotte Bouygues-Guyot, fille de Martin Bouygues, forme aujourd’hui un tandem entreprenant avec Pierre Graffeuille pour développer un portefeuille prestigieux de propriétés, qui compte, outre le Clos Rougeard, les Châteaux Montrose et Tronquoy Lalande à Saint-Estèphe, le domaine Rebourseau, à Gevrey-Chambertin ainsi que la distillerie de La Métairie (à Cognac) et La Truffière de Cément, près de Chinon. C’est aujourd’hui Cyril Chirouze qui a pris la direction du Clos Rougeard. Après s’être taillé une solide réputation en Bourgogne, au sein de la maison Louis Jadot dont il dirigeait l’exploitation du Château des Jacques, dans le Beaujolais, où il a laissé une magnifique empreinte, Cyril Chirouze occupe désormais un poste envié… et surveillé de près par les observateurs et amoureux du Clos Rougeard. Un défi qu’il relève avec humilité et passion, rappelant dans son discours que c’est une nouvelle page qui s’ouvre pour le domaine, mais pas une nouvelle histoire.

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Martin Bouygues présente les nouvelles installations techniques du Clos Rougeard, à Chacé. ©iDealwine.com

De fait, trois années auront finalement été nécessaires pour réaliser le rêve des nouveaux propriétaires : faire en sorte que tout change, pour que rien ne change. L’ancien bâtiment a été conservé, mais il a été entièrement restructuré, tandis que le chai, réparti sur deux niveaux, compte désormais un nouveau cuvier qui tranche avec le passé : là ou les cuvées Le Bourg et Les Poyeux étaient vinifiées dans une même cuve, le chai accueille désormais une impressionnante armée d’œufs ovoïdes en béton destinés à parfaire la précision que l’équipe en place souhaite apporter aux travaux de vinification.

Les nouvelles cuves ovoïdes en béton dans le chai du Clos Rougeard n. Une prouesse technique a été nécessaire pour leur installation ! @iDealwine.com

Ces nouvelles installations favoriseront également la prise en compte des effets sur le vin des incidences du changement climatique, pour gérer notamment les décalages de maturité que ce dernier peut engendrer dans les différentes parcelles. Une fois les baies méticuleusement triées à l’étage, la récolte descend par gravité dans ces nouveaux contenants où vont se dérouler les macérations, durant cinq à six semaines. Les fermentations sont menées avec des levures indigènes, avant l’entonnage des vins, élevés en fûts (neufs pour Le Bourg, d’un vin pour les Poyeux).

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Dans les caves du Clos Rougeard, l’espace de dégustation est demeuré intact. ©iDealwine.com

Les invités ont été conviés à plonger dans l’antre du domaine, cet extraordinaire dédale de caves, soit un kilomètre de galeries taillées dans la roche, dont les caractéristiques ont convaincu à l’époque les frères Foucault de s’installer, au cœur du village de Chacé. C’est dans cette cave que patientent les cuvées du domaine, en fûts d’abord, puis en bouteille. Le saumur-champigny les Poyeux est issu d’un sol de sables de tuffeau, reposant sur une couche calcaire. Même dans le millésime 2022, solaire, marqué par le stress hydrique que la vigne a dû surmonter, les Poyeux livrent un jus délicat, soyeux, intensément juteux, déjà. Cette cuvée est élevée dans des barriques d’un vin qui proviennent… du Château Angélus. Une histoire de cabernet franc qui s’affranchit des distances et les transcende…

La cuvée Le Bourg, elle, provient de vignes implantées sur un sol argilo-limoneux. Sur ce terroir dense, le cabernet est dompté par un élevage plus musclé, mené dans des barriques neuves dont la chauffe est intentionnellement prononcée. Il en résulte, sur ce 2022, des notes lardées et fumées, gourmandes mais encore bien marquées. L’élevage de deux ans dans ces fûts permettra au vin de se fondre et se construire, avant la mise en bouteille suivie d’une nouvelle étape de vieillissement, d’environ deux années supplémentaires avant la mise sur le marché.

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Les installations techniques rénovées du Clos Rougeard, à Chacé. ©iDealwine.com

« Le culte de la tradition n’exclue pas l’amour du progrès ». C’est avec ces mots du Colonel Danloux (cavalier du Cadre noir de Saumur) que Cyril Chirouze conclue sa présentation. Une belle inspiration pour une équipe aujourd’hui armée du meilleur, et destinée à construire pas à pas les prochains épisodes qui forgeront désormais la légende du Clos Rougeard.

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