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Dans le cadre de Vinexpo, la Revue du vin de France organisait il y a quelques jours un débat, “France/Chine avons-nous le même goût ?” Animé par Denis Saverot, directeur de la rédaction de la RVF, le débat a aussi évoqué le potentiel du marché chinois et la qualité des vins produits en Chine.

Les papilles françaises et chinoises transmettent elles les mêmes goûts ? Les Chinois ont-ils un goût opportuniste pour le vin animé par l’appât du gain ? La question peut se poser au moment où les Chinois investissent dans le vin en France. Mais aussi et surtout dans leur propre pays où la production de vin local monte en flèche.

Les différences culturelles sont nombreuses, qu’elles tiennent des habitudes culinaires ou, plus simplement, de l’image que véhicule le vin. En Chine, le vin est un signe de réussite sociale et confère un statut au Chinois qui le boit, contrairement à la France où le vin n’est pas exclusivement associé à une image de luxe.

Côté cuisine, les repas traditionnels chinois mêlent viandes, poissons, légumes cuisinés de différentes manières parfois avec des nuances subtiles entre le sucré et le salé. Ce style appellerait chez nous des vins différents pour chaque plat afin d’optimiser les accords mets vins. Ce qui n’est pas du tout le cas en Chine. D’ailleurs les Chinois commandent encore très peu de vin au restaurant, préférant se contenter de thé ou de baijo, un alcool local titrant …40° !

Axel Marchal, docteur en œnologie et chercheur à la faculté de Bordeaux, explique que les palais français et chinois ne perçoivent pas les mêmes goûts ou du moins certains caractères (l’amertume à laquelle les palais chinois sont plus sensibles ou le sucre que les Français perçoivent plus vite). En dégustant une molécule contenue à la fois dans la fraise et dans l’ananas, les français sentiraient la fraise et les chinois l’ananas ce qui complique la possibilité de fédérer le goût pour un même vin.

Concernant le marché, les avis sont partagés entre les deux nationalités. Les français sont plus pessimistes que les chinois.

Olivier Poels, rédacteur en chef adjoint de la RVF, décrit les consommateurs chinois sans conviction ni spontanéité face à l’arrivée du vin. Les Chinois misent sur la production de vin locale à grande échelle. Si quelques-uns sont de bonne qualité et ont du potentiel, ils ne rattraperont pas facilement des siècles de culture vinicole. Il déclare de plus avoir gouté des vins « imbuvables » en Chine et vu des domaines où la viticulture laissait à désirer.

Stéphane Derenoncourt, conseiller de nombreux châteaux à Bordeaux et dans le monde entier est déçu par l’attitude des investisseurs chinois. Il raconte que lorsqu’il est sollicité pour des projets, ceux-ci sont motivés par une rentabilité financière rapide et non par la passion et la volonté de produire des vins de qualité. De plus, il a rencontré des « professionnels » du vin ou des collectionneurs « avertis » qui n’y connaissaient rien.

En revanche, les chinois sont beaucoup plus optimistes quant au phénomène de « vin mania » et pensent même à une synergie franco-chinoise. Mei Hong, une jeune femme polyglotte installée en Bourgogne et qui achète du vin pour le marché chinois annonce que les Chinois ont très envie d’apprendre sur le vin et qu’ils ont besoin de l’enseignement français qui est évidemment réputé dans ce domaine. « De nouveaux consommateurs de la classe moyenne commencent à s’initier au vin (…) boivent pour leur plaisir et tentent d’éduquer leur palais. Nous assistons à la naissance d’un marché émergent pour l’enseignement de la dégustation, partez aider les nouveaux consommateurs chinois ! »

A la question : les Chinois peuvent-ils être de vrais amateurs de vin ? Xieli, la rédactrice en chef de l’édition chinoise de la RVF répond qu’ils ne manquent pas de références pour apprécier les plus grands vins. Ils connaissent bien les tannins grâce au thé qui est une boisson tannique et pour lequel les terroirs constituent également une composante importante dans le goût.

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Cet article a 2 commentaires

  1. citizenjazz

    Le « baijo » que vous mentionnez comme concurrent du vin est en fait le « baijiu » (littéralement « alcool blanc ») alcool de grain qui n’a en commun avec le vin que l’alcool. Certains, comme l’erguotou, dépassent les 60° et il faut voir les convives à certains banquets faire une grimace de douleur quand ils en avalent une gorgée. Il y a quelques années on trouvait dans un supermarché Carrefour à Pékin des « bundles » vin-cola.

    Mais, comme vous le mentionnez, tout cela devrait évoluer avec l’émergence d’une classe moyenne plus curieuse de nouveautés dans tous les domaines.

  2. citizenjazz

    Le « baijo » que vous mentionnez comme concurrent du vin est en fait le « baijiu » (littéralement « alcool blanc ») alcool de grain qui n’a en commun avec le vin que l’alcool. Certains, comme l’erguotou, dépassent les 60° et il faut voir les convives à certains banquets faire une grimace de douleur quand ils en avalent une gorgée. Il y a quelques années on trouvait dans un supermarché Carrefour à Pékin des « bundles » vin-cola.

    Mais, comme vous le mentionnez, tout cela devrait évoluer avec l’émergence d’une classe moyenne plus curieuse de nouveautés dans tous les domaines.

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