
Le domaine Julien Cecillon, devenu Famille Cecillon en 2023, réunit deux passionnés de vins, de gastronomie et de voyages. Zoom sur cette étoile montante du Rhône Nord.
Une histoire de changements de vies
Julien Cecillon a grandi à Tournon-sur-Rhône et a passé son enfance dans les vignes chez son oncle Jean-Louis Grippat (vigneron emblématique de Saint-Joseph). Après avoir quitté son lieu d’origine, c’est en 2007 que Julien Cecillon entreprend une reconversion professionnelle ambitieuse. Se (re)découvrant une passion pour le vin, il devient ouvrier viticole en Côte-Rôtie chez Yves Cuilleron durant une année. Puis au cours d’une expérience de vinification à San Francisco, il rencontre Nancy Kerschen. Elle aussi s’est reconvertie dans le vin avec des vinifications en Californie et en Nouvelle-Zélande. Après l’Afrique du Sud et une formation théorique en France, en viticulture et œnologie, avec l’objectif clair de s’installer en tant que vigneron, Julien Cecillon propose à Nancy de s’installer dans sa région d’origine.
La création du domaine
Porté par la solidarité sincère de ses amis vignerons, notamment Jean-Louis Chave, et la véritable cohésion entre les domaines, notamment avec le prêt de matériel, le couple signe son premier millésime en 2012, produisant 2 500 bouteilles de Saint-Joseph et de Crozes-Hermitage. En 2024, ils lancent également une activité de négoce pour leurs vins d’entrée de gamme.
Aujourd’hui, ils exploitent 7 hectares de vignes certifiées en agriculture biologique depuis 2022, représentant environ 65 000 bouteilles, et achètent en parallèle 5 hectares de raisins cultivés en bio (non certifiés).
Le domaine repose sur une équipe de six personnes à l’année, et continue de s’inspirer des conseils d’anciens, comme Jean-Louis Grippat, et de l’expérience collective de la vallée du Rhône. Le respect des traditions ne les empêche pas d’innover pour s’adapter au changement climatique.
Un vignoble vivant, tourné vers l’avenir
En plus de conduire l’ensemble du vignoble selon la certification en agriculture biologique, Julien Cecillon entreprend également des pratiques biodynamiques (préparations 500, infusions de prêle, valériane, silice, vermicompost) afin de faire « revivre » les sols des parcelles longtemps traitées en conventionnel par les anciens propriétaires. Une approche qui vise à revitaliser les sols, avec une philosophie patiente : « Les résultats viendront dans 10 ans », explique Julien. Mais déjà, « les odeurs, les vers de terre et la vie reviennent ». Le travail est manuel et intensif avec l’absence de tracteur remplacé par le motoculteur et des méthodes ancestrales comme le treuil sur les pentes escarpées. La conduite du vignoble privilégie l’enherbement naturel, la tonte, et le cheval sur 1,5 hectare. L’ébourgeonnage est réalisé à la main, et les vignes plantées en échalas sur les coteaux, à raison de 10 000 pieds par hectare, sont entrelacées pour créer une protection foliaire naturelle qui abaisse la température et protège les raisins.
En parallèle du travail en cave, de grands efforts sont faits au vignoble : rebâtir les murs de soutènement, modifier l’écoulement de l’eau, planter des arbres fruitiers dans les vignes pour favoriser la biodiversité, recréer une symbiose naturelle grâce aux mycorhizes et perforer les sols de granites permettant aux racines de s’infiltrer. Les arbres permettent également d’offrir de l’ombre aux vignes, et des fruits aux travailleurs.
En cave : respect du raisin et vinifications précises
Dans le chai, Julien Cecillon n’applique pas de « recette », il fait confiance à ses connaissances et aux observations afin de prendre des décisions. Mais chaque millésime réserve son lot de surprises, demandant une constante adaptation de la part des équipes. La date des vendanges est primordiale : les vignerons cherchent à pousser la maturité le plus loin possible, quitte à sacrifier un peu de volume.
L’éraflage des raisins rouges des appellations Saint-Joseph, Cornas, Crozes-Hermitage est ajusté selon la qualité du millésime et des prises de décisions de Julien et Nancy. Les rafles apporteront de la fraîcheur aux vins.
Pour les blancs, un débourbage à froid d’environ 12 heures précède la fermentation alcoolique, réalisée soit 100 % en fût pour le Saint-Péray et le viognier, soit à 50 % en fûts pour la marsanne. Le bâtonnage est pratiqué de manière modérée pendant les trois premiers mois avant le grand froid, uniquement pour accompagner la fin de la fermentation des sucres ou protéger les vins, qui ne reçoivent pas d’ajout de sulfites à ce stade.
Pour les fermentations alcooliques, les levures indigènes sont utilisées sur tous les vins. La fermentation malolactique est spontanée, pour les rouges, souvent réalisée encore sous marc. Julien souhaite expérimenter l’absence de fermentation malolactique sur les vins blancs dans le futur.
Pour le Crozes-Hermitage, un vin austère, monastique, puissant, de vieilles vignes en coteau granitique sur un terroir d’exception, l’élevage est en barriques de 228 litres. Pour les blancs et le Saint-Joseph, une syrah sur granite avec du fruit, l’élevage se fait en demi-muids de 600 litres. Julien s’intéresse également aux cuves béton brutes pour l’élevage de ses vins.
Les traitements sont réduits au strict minimum : les sulfites sont systématiquement en-dessous des seuils du bio, souvent proches des pratiques nature, adaptés aux besoins spécifiques de chaque vin.
Les vins de la Famille Cecillon en vente sur iDealwine avec les accords mets et vins de Julien Cecillon
- Saint-Péray, un vin de marsanne et de roussanne élevé en fûts à servir avec un plateau de fromages dont le picodon (chèvre de la région)
- Saint-Joseph, une syrah élevé en partie en vendanges entières à servir avec un agneau en cuisson longue
- Crozes-Hermitage, une syrah sur un terroir d’exception à déguster après 5 ans minimum, accompagné de plats gastronomiques
- Cornas, une syrah à servir avec un kebab — un accord insolite né d’une anecdote dans les vignes
Chez la Famille Cecillon, le mot d’ordre est simple : « Ce qui est beau est bon, quand on voit notre coteau rempli de vignes bien menées qu’il y a des fleurs, des arbres, de la vie c’est une belle récompense ! Ça nous pousse à travailler dans le détail ». Leur démarche sincère et passionnée, portée par une solidarité vigneronne forte dans le Rhône, privilégie l’essentiel : un travail quotidien précis, respectueux du vivant, avec une exigence permanente sur la qualité.
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