Mythe bourguignon et planétaire, le domaine Leroy doit son succès à une transmission familiale passionnée, un lien étroit avec le domaine de la Romanée-Conti et à une viticulture et des vinifications intransigeantes. Biodynamie, faibles rendements et vendanges entières engendrent en effet des vins d’une concentration époustouflante, recherchés aux quatre coins du monde.
Naissance d’un mythe bourguignon
1868 signe la naissance d’une maison emblématique qui, au fil des décennies, s’est bâtie une solide réputation au quatre coins du monde. C’est François Leroy qui, à cette époque, fonde une maison de négoce éponyme. L’entrepreneur ne part pas de rien comme le prouvent ses différentes acquisitions de vignes dans la région à Auxey-Duresses, Meursault, Pommard, Chambertin, Musigny, Clos Vougeot et Richebourg. A sa grande joie, l’affaire reste dans sa famille grâce à la volonté de son fils Joseph, distillateur et liquoriste.
Au cœur de la Seconde Guerre mondiale survient un événement qui contribua largement au succès de la maison. Alors que la famille Villaine était propriétaire du vignoble de la Romanée-Conti, elle a subi de plein fouet les années 1914-1918 ainsi que la crise des années 1920. Son choix est fait : il faut le vendre. Mais, Henri Leroy qui incarne la troisième génération, tente à tout prix de l’en dissuader, jusqu’à trouver un accord commun : celui de lui racheter la moitié du domaine. Affaire conclue en 1942. On le vit ainsi, pendant 40 ans, se consacrer pleinement à cette acquisition.
C’est alors, et en 1955, que sa fille entre en jeu. Connue sous le nom de Lalou Bize-Leroy, elle assure aujourd’hui la direction et la renommée de la maison familiale. Un temps co-gérante du domaine de la Romanée-Conti, de 1974 à 1992, elle est une véritable femme d’action qui décide de créer son propre domaine avec l’aide de Takashimaya, son distributeur japonais des vins de négoce. Très vite, la propriété baptisée Domaine Leroy dévoile un très beau patrimoine de vignes, grâce aux rachats de celles des prestigieux domaines Noëllat et Philippe Rémy effectués en 1988 et 1989, s’étendant sur les terroirs magiques de Chambolle-Musigny, Musigny, Volnay-Santenots, Nuits-Saint-Georges, Vosne-Romanée, Richebourg et Clos Vougeot. En tout, le domaine Leroy dispose de 22 hectares de vignes, ou, plus précisément, 21 hectares, 99 ares et 66 centiares. Parmi ceux-ci, neuf grands crus de la Côte de Nuits, deux de la Côte de Beaune, huit premiers crus, 9 appellations villages et quelques génériques (bourgogne aligoté, bourgognes rouges et blancs, coteaux bourguignons rouges et blancs).
Biodynamie, faibles rendements, vendanges entières : clés de son succès
Femme de poigne et de principes, Lalou Bize-Leroy pratique une culture sans concession. Quoique très critiquée à ses débuts, elle a su imposer une culture biodynamique dès 1988 sur toutes ses parcelles, même quand les millésimes s’avéraient compliqués. Ceci implique donc la suppression des herbicides, fongicides, pesticides et insecticides. A la place, les rythmes cosmiques sont respectés lors du travail dans les vignes et en cave et les plants sont soignés avec les préparations 500 et 501. La première permet aux racines de s’enfoncer profondément dans le sol afin de se nourrir de la roche-mère et de puiser son identité. La seconde assure aux feuilles une bonne assimilation de la lumière et donc une photosynthèse réussie. Par ailleurs, même si la demande d’amateurs se montre colossale, Lalou Bize-Leroy ne transige pas sur ses opinions : les rendements doivent rester infimes. Parallèlement à cela, elle effectue des sélections massales des vignes, des travaux de griffage, de buttage et de décavaillonnage qui ont pour mission de ne pas tasser le sol.
Dans la cuverie, le travail est tout aussi exigeant et commence par un tri sévère des raisins qui sont alors vinifiés non égrappés afin de favoriser une grande concentration. Le foulage n’est pas non plus pratiqué afin d’éviter toute oxydation et de préserver les levures indigènes. Les cuvaisons sont lentes, très lentes, les pigeages se font au pied et Lalou Bize-Leroy a l’audace de ne pas coller et de ne pas filtrer ses vins avant la mise en bouteille.
Sans surprise, le résultat est époustouflant, loués par les critiques, recherché par les passionnés du monde entier. La beauté des parfums et l’élégance de ses vins font de ce domaine bourguignon une référence absolue.
Domaine Leroy, ce qu’en pensent les guides
La Revue du vin de France – 3* sur 3
La grande histoire des Leroy en Bourgogne débute en 1868, lorsque François Leroy, vigneron de son état, fonde la maison de négoce Leroy. Un de ses descendants, Henri, rachète en 1942 la moitié du vignoble de la Romanée-Conti, dont les vins sont déjà célèbres dans le monde entier. Sa fille Lalou Bize-Leroy prend sa suite à la tête de la maison de négoce, et sera cogérante du domaine de la Romanée-Conti de 1974 à 1992. Avec l’aide de Takashimaya, le distributeur des vins de sa maison de négoce au Japon, elle créera le domaine Leroy en appellation Côtes-de Nuit, en rachetant des vignes du domaine Noëllat et du domaine Philippe Rémy en 1988 et 1989. Le domaine Leroy possède des parcelles dans une série de terroirs prestigieux tels que Chambolle-Musigny, Musigny grand cru, Volnays-Santenots, Nuits-Saint-Georges, Vosnes-Romanée, Richebourg, ou encore Clos-Vougeot, qui sont intégralement travaillés en biodynamie. Fort de son histoire, de l’exigence de la famille Leroy et de son terroir exceptionnel, le domaine produit aujourd’hui certains des vins de Bourgogne les plus recherchés au monde.
Guide Vert de la Revue du vin de France
Les vins produits par Lalou Bize-Leroy ne cessent d’enthousiasmer et de fasciner. Cette dégustatrice hors-pair possède l’une des visions les plus personnelles de toute la Bourgogne. La conduite de ses vignes en biodynamie ne souffre, à ses yeux, d’aucun compromis, quoi qu’il lui en coûte. Qu’importe si la nature lui fait parfois payer cher ses choix, comme en 1993, millésime marqué par une météo désastreuse : cette grande dame ne change rien au cap fixé. À cela s’ajoute une expérience unique de la vinification, là encore dans le respect de principes stricts, comme le non-égrappage des raisins. Tout cela a permis à Lalou Bize-Leroy, dont le domaine est à la tête d’une collection unique de grands terroirs, de produire quelques-uns des plus grands vins au monde. Les rendements infimes donnent ici des raisins d’une concentration inégalée de parfums et de saveurs.
Les vins : les 2017 sont dignes de tous les éloges. Difficile de choisir parmi les 21 vins d’exception de la gamme. Le chambolle Les Fremières évoque la rose, avec une bouche pulpeuse et tactile, tout en fraîcheur et énergie pénétrante. Végétal noble et acidité aiguisée agrémentent le savigny Les Narbantons, élancé et séveux, aux tanins moelleux. Les Boudots est sérieux, tendu et dense, avec envergure, allonge florale et grain de tanins millimétré et sapide : une magnifique sensation de velours profond. Très grande pureté et éclat dans Aux Brûlées, vin racé, floral et intense, dont les saveurs calcaires infusent un fruit délicat jusque dans la finale en queue de paon. Nez de violette et de pétales de fleurs dans le sublime Les Charmes, vin ravissant et distingué d’une grande subtilité de texture, dans lequel la grande maturité du fruit est portée par une fraîcheur incomparable. Aérienne et moelleuse, la si gracieuse romanée-saint-vivant semble danser en bouche tant elle est ciselée, véritable essence de pinot, d’une distinction inouïe. Vin envoûtant au souffle majestueux, le limpide musigny présente un élan et une persistance incroyable, avec la plénitude et l’intégrité idéales du raisin. Touche de cannelle dans le soyeux et charnel Clos de la Roche, éclatant vin d’orfèvre dont les saveurs aériennes se font taffetas en bouche. Menthe sauvage et ronces contribuent à la fraîcheur exceptionnelle du très racé latricières, dont la précision et la définition d’une rare intensité laissent pantois. Inspiré, régénérant, le chambertin pousse encore les curseurs : sa vibration, son harmonie et son allonge vigoureuse sont inoubliables.
Bettane+Desseauve 2020 – 5* sur 5
Chaque bouteille de ce domaine légendaire, comme celui de son jumeau d’Auvenay, est un événement gustatif, donnant la pleine mesure des plus beaux terroirs de la Bourgogne, du génie de ses cépages et du caractère individuel de chaque millésime. La viticulture biodynamique pratiquée ici est la plus instinctive mais aussi la plus aboutie que nous connaissons, produisant des raisins d’un équilibre formidable en saveur et en acidité naturelle qui, vinifiés avec une simplicité biblique, donnent des émotions inoubliables. Bien sûr, cette qualité, unique au monde, a son prix, justifié par les tout petits volumes, par le nombre d’heures passées sur chaque pied de vigne et par une demande mondiale très au-delà des capacités de production du domaine. Les fins d’apogée que nous indiquons pour chacun des vins sont certainement très prudentes. Une récente dégustation des vins du domaine de 1990 à 1937 a montré que ces vins bien nés sont capables de défier le temps.