Situé à Arbois dans le Jura, le domaine de la Pinte est un vignoble resté longtemps discret mais qui commence de plus en plus à faire parler de lui, surtout chez les amateurs de vin bio, biodynamiques et proches de la mouvance nature. Zoom sur ce domaine qui mérite d’être davantage connu.
Le domaine de la Pinte fut créé en 1953 à Arbois, par Roger Martin. Le vignoble, situé sur le lieu-dit « La Pinte à la Capitaine », au cœur d’Arbois s’étendait sur 14 hectares que le vigneron planta en savagnin. Il s’agissait d’ailleurs à l’époque du plus vaste domaine planté en savagnin. Dès 1955, le vigneron se lança dans d’importants travaux pour construire trois caves voutées, réalisées en pierres de taille (chaque cave mesurant 70m de long !), un investissement nécessaire pour être en mesure d’accueillir au moins sept récoltes successives de vin jaune, puisque le temps de vieillissement est d’au moins 7 ans.
Aujourd’hui, c’est le fils de Roger, Pierre Martin, qui est aux commandes et qui a confié la gestion du domaine à Bruno Ciofi entre 2009 et 2015, avant que Samuel Berger ne lui succède, épaulé par Emmanuelle Goydavin en charge des vinifications, de l’élevage et de l’export. Pierre Martin a agrandi le domaine jusqu’à 34 hectares quasi d’un seul tenant, composés de 17 hectares de savagnin, mais aussi 6 de chardonnay, 7 de poulsard, 2 de trousseau et 2 de pinot noir, à Arbois et Pupillin.
Le vignoble est planté sur un sol principalement marneux. Le savagnin a été placé sur un sol de marnes bleues du Lias ; les cépages rouges (poulsard, trousseau et pinot noir) sont, quant à eux plantés sur des marnes rouges du Trias et le chardonnay et le melon à queue rouge planté sur les sols plus légers et argilo-calcaires de Pupillin.
Une longue tradition de travail “écologique”
Depuis 1999, le domaine est travaillé en bio (certifié) et depuis 2009 en biodynamie. Les sols sont labourés de manière superficielle pour ne pas les déstructurer ; compost, bouse de corne et silice de corne sont utilisés pour contribuer à l’harmonie entre les différents éléments composant le sol (micro-organismes, minéraux oligoéléments, micro-faune) en accroissant l’activité microbienne, levurienne ainsi que la formation d’humus dans les vignes. Les vendanges sont bien entendu manuelles. La biodynamie aide à décompacter les sols en les rendant plus vivants, les marnes étant particulièrement dures. Elle permet aussi d’accroître la diversité des levures naturellement présentes sur les raisins, qui vont servir pour les fermentations.
Côté chais, les vinifications sont aujourd’hui très proches des vins nature, même si un peu de soufre peu être ajouté sur les jus avant le début des fermentations et parfois (plutôt rarement) en cours d’élevage ; en revanche, les quantités sont très limitées et l’utilisation du soufre n’est pas systématique. Certains vins ne sont pas du tout sulfités, d’autres seulement à la mise en bouteille (0.5 g. ou 1 gr maxi). Pour le transfert des jus, le travail par gravité est privilégié autant que possible.
Ce domaine produit tous les types de vins du Jura, représentant les différents cépages locaux ainsi que la spécialité du vin jaune. Si la qualité a pu être inégale à certaines périodes, les vins de ce domaine atteignent désormais un très joli niveau, tout en conservant des prix extrêmement doux…
Les vins du domaine actuellement en vente
Cette cuvée provient d’une parcelle complantée de cépages rouges jurassiens (60% pinot noir, 40% poulsard), vinifiés et élevés ensembles. Le sol de cette parcelle est composé de marnes rouges du Trias. La récolte, vendangée manuellement, est totalement éraflée. La cuvaison dure environ un mois et les fermentations se font avec les seules levures indigènes, dont la diversité est stimulée par la viticulture biodynamique. Il n’y a pas de remontage : l’extraction est très douce, de type infusion et la fermentation malolactique est faite. L’élevage dure 6 mois en foudres de 52 hl et la mise en bouteille se fait sans filtration. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un vin naturel (car un peu de soufre peut être ajouté avant la mise en bouteille), mais les taux de SO2 total restent très faibles, d’environ 26 mg/l. A la dégustation, la robe est bien sombre. C’est un vin gourmand, aux arômes de petits fruits rouges, de violette et des notes d’épices douces comme la muscade. La bouche est bien équilibrée, avec du volume, de la concentration, une certaine structure tannique mais aussi de la finesse et une très jolie matière. Cette cuvée peut patienter quelques années en cave (5 à 8 ans).
Cette cuvée provient de raisins cultivés en biodynamie et récoltés manuellement. Le pressurage est pneumatique. La fermentation alcoolique se fait en cuve, avec les seules levures indigènes (fermentations spontanées) et avec maîtrise des températures. La fermentation malolactique est faite. Levin est ensuite élevé durant 13 mois en foudres de 52hl et en pièces de 228 l. La mise en bouteille se fait avec une légère filtration sur terre de silice. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un vin naturel (car un peu de soufre peut être ajouté avant la mise en bouteille), mais les taux de SO2 total restent très faibles, d’environ 22 mg/l. A la dégustation, le vin arbore une robe jaune clair. Son nez est intense, aux arômes de fruits blancs bien mûrs et d’agrumes, tandis que la bouche amène un bel équilibre, entre le fruité, le gras et le volume. La finale montre de l’intensité et amène des arômes de noisettes et des notes grillées et minérales. Ce vin, qui est plutôt destiné à être bu jeune, peut tout de même se conserver 5-6 ans sans problème. A table, il est l’allié parfait des noix de Saint-Jacques ou encore des fromages de chèvre.
Cette cuvée est un assemblage de chardonnay et de savagnin, cultivés en biodynamie avec de faibles rendements (30 hl/ha) sur un sol argilo-calcaire comportant des veines de marnes bleues pour le chardonnay et de marnes bleues du Lias pour le savagnin. Les vendanges sont manuelles et la vinification est traditionnelle (et ouillée) : le pressurage est pneumatique et la fermentation alcoolique se fait en cuve avec des températures maîtrisées et à l’aide des seules levures indigènes. La fermentation malo lactique est faite. Les vins sont ensuite élevés en fûts et/ou foudres qui sont ouillés, à l’exception d’une faible proportion de savagnin qui sont eux, élevés sous voile (non ouillé, élevage oxydatif comme pour le vin jaune). A la mise en bouteille, le vin est légèrement filtré sur sur terre de silice. A la dégustation, ce vin se montre assez typé. Il livre des arômes de fruits frais, mais aussi confits et secs. En bouche, l’attaque est douce et évolue sur un bel équilibre, se terminant par une finale dotée d’une belle acidité. Ce vin peut s’apprécier dès aujourd’hui et durant encore 5 à 6 ans. A table, réservez-le pour de beaux accords à base de produits de la mer ou des tartes aux légumes.
Il s’agit là d’une cuvée parcellaire sur laquelle poussent de vieilles vignes de poulsard, sur un sol de marnes rouges du Trias. Les raisins, cultivés en biodynamie, sont vendangés manuellement et totalement éraflés. La cuvaison dure environ un mois et les fermentations démarrent avec les seules levures indigènes. Quelques légers remontages sont faits et la fermentation malolactique est réalisée. L’élevage se fait en cuves et dure environ 6 mois. Ce vin est non filtré et contient environ 22 mg/l de So2 total. Dans le verre, le vin arbore une jolie robe rouge grenat et livre des arômes très gourmands de fruits rouges acidulés, typiques de ce cépage, ainsi que des notes de réglisse. La bouche est fruitée, fraîche et acidulée, élégante, dévoilant de subtils tanins. Ce vin accompagnera très bien les plats simples comme les charcuteries ou les grillades. On vous recommande de déguster cette cuvée sans plus attendre, sur la fraîcheur du fruit, mais il peut aussi se garder jusqu’à huit ans.
Cette cuvée de trousseau provient de raisins cultivés en biodynamie sur un sol de marnes rouges, avec quelques veines de marnes bleues. Les vendanges sont manuelles et totalement égrappées. Les fermentations sont spontanées et la cuvaison dure environ un mois. L’élevage dure environ 6 mois 1/2 et se fait en foudre de 50 hl. Ce vin n’est pas filtré et très peu sulfité (so2 total = 20 mg/l). Le vin offre des arômes très fruités et des notes fumées et épicées et en bouche, il est bien équilibré entre la structure tannique et la fraîcheur, la jolie matière. Ce vin s’accorde particulièrement bien avec les viandes rouges (grâce à ses tanins) comme l’agneau ou le canard. Appréciable dès aujourd’hui, il peut aussi patienter quelques années en cave.
Le vin jaune du domaine provient de vignes (de savagnin) cultivées en biodynamie sur un sol de marnes bleues du Lias. Les rendements sont très faibles, de l’ordre de 20 hl/ha et les vendanges sont bien entendu manuelles. Au chai, les fermentations se font avec les levures indigènes en cuve avec maîtrise des températures. La fermentation malolactique est faite puis l’élevage dure six ans et trois mois, sous voile de levures en fûts de 228 litres. Comme tous les vins jaunes, il s’agit bien d’un vin oxydatif. Son nez livre les notes typiques de fruits à coques (noix, noisettes et amandes) et d’épices douces comme le curry. La bouche montre une grande puissance, mais aussi de la fraîcheur, de la salinité, de l’élégance, de l’ampleur, un beau gras et une longueur impressionnante. Comme la plupart des vins jaunes, ce vin s’accordera à merveille avec le comté, le morbier ou le mont d’or, ainsi que la volaille de Bresse aux morilles et au vin jaune ou encore la cuisine exotique, épicée. Son potentiel de garde est immense.
Arbois Pupillin chardonnay Fonteneille
Cette cuvée est produite à partir de chardonnay produit sur le lieu-dit “Fonteneille”, qui est un plateau argilo-calcaire, avec quelques veines de marnes bleues, sur les hauteurs de Pupillin. Les raisins, cultivés en biodynamie, sont vendangés manuellement et les rendements sont de 40hl/ha. Au chai, les vinifications sont traditionnelles, avec pressurage pneumatique, débourbage, fermentations spontanées et longues, en cuves avec maîtrise des températures ; la fermentation malolactique est également faite. L’élevage se fait en foudres de 52 hl durant 20 mois. Les vins sont légèrement filtrés sur terre de silice avant la mise en bouteille. Le taux de SO2 total à s’élève à 45 mg/L. A la dégustation, ce vin arbore une robe jaune pâle et offre un bouquet intense aux arômes de fruits jaunes et d’agrumes. La bouche se montre puissante, offrant du gras et beaucoup de matière, des saveurs fruits bien mûrs et une finale aux notes minérales, apportant une agréable fraîcheur. Ce vin s’appréciera surtout sur la fraîcheur du fruit, dans ses cinq premières années. Il est très polyvalent à table et peut s’accorder avec des mets iodés (type rillettes de thon, œufs de poisson, fruits de mer) ou des viandes blanches comme les volailles en sauce.
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