champagne Dire d’un vin qu’il est vineux est tout de même un peu paradoxal… Et pourtant c’est une expression qui revient souvent à propos des champagnes. Car le champagne est un vin, au cas où on l’oublierait ! Alors pourquoi est-on parfois obligé de le rappeler ?

Il faut l’avouer : si les consommateurs oublient parfois que le champagne est un vin presque comme les autres, c’est qu’il y a peut-être quelques bonnes raisons ! Tous ceux qui ont eu à subir le pot de départ à la retraite du collègue de bureau de l’étage au-dessus ou le vin d’honneur offert par la mairie lors de la fête annuelle de son village, comprendront que la boisson pétillante, très acidulée et vaguement sucrée servie dans ces occasions ressemble d’assez loin à du vin… Pour tout dire on a même du mal à croire qu’elle a le droit de s’appeler “champagne”.

Si le champagne a parfois du mal à assumer son statut dans ces bouteilles achetées à prix cassés dans la grande distribution (mais aussi dans certaines maisons ayant pignon sur rue…), il faut lui reconnaître quelques excuses.

Pour commencer, la Champagne n’offre pas toutes les garanties climatiques pour assurer tous les ans une maturité acceptable aux raisins qui y poussent. Les fruits sont donc parfois d’une verdeur difficile à masquer… Pour ne rien arranger, le prix de vente moyen du champagne conduit les vignerons peu scrupuleux à tout faire (taille généreuse et engrais qui ne le sont pas moins) pour obtenir des rendements dignes des céréaliers de la Beauce. Ce qui affaiblit encore plus la maigre maturité et le potentiel aromatique de ces raisins.

Pour compenser cette tendance naturelle (le climat), renforcée trop souvent par des pratiques laxistes, les champenois ont inventé deux palliatifs : le “sans année” et le dosage. La possibilité de mélanger plusieurs millésimes dans les champagnes non millésimés permet en effet de lisser les effets de certaines années particulièrement difficiles en leur ajoutant des vins de millésimes plus riches. Par ailleurs, le dosage (ajout d’une liqueur sucrée à la mise en bouteille) peut permettre de masquer une acidité un peu trop marquée. Quand ces deux spécificités champenoises sont maniées avec doigté, à partir de vendanges aux rendements raisonnables, cela peut donner des champagnes parfois sans grand caractère mais tout à fait acceptables. Sinon on retombe sur cette boisson à la fois acidulée et sucrée qui fait illusion quelques dixièmes de seconde en bouche mais qui n’arrive pas à tromper nos estomacs qui se révoltent et déclenchent ensuite un bon vieux mal de crâne…

Maintenant, imaginez un champagne produit à partir de raisins à la maturité quasi parfaite, vinifié aux petits oignons, avec un minimum d’artifices, dosé au strict minimum. Là, tout d’un coup, quand vous dégustez ce champagne, vous avez l’impression d’avoir un vrai vin en bouche, certes pétillant, mais qu’on peut parfaitement imaginer tenir son rôle de vin même s’il n’avait pas l’habillage aérien d’une bulle fine et élégante. Réfléchissez un peu et rappelez-vous les derniers champagnes que vous avez bus. Sincèrement, combien auraient pu exister en tant que vin tranquille, sans l’enrobage un peu flatteur de l’effervescence ?

C’est dans ces circonstances qu’on peut dire qu’un champagne est vineux. Parce qu’il dégage au nez des notes de fruits et des touches briochées, qu’il offre en bouche une densité de matière, une expression aromatique complexe, une longueur et une finale salivante légèrement saline qui témoigne d’un vrai terroir, bref qu’il se comporte comme tous les vins qu’on aime !

Et, trop souvent victime de champagnes sans intérêt, on est tellement surpris de retrouver des sensations olfactives et gustatives normales qu’on ne peut s’empêcher de s’exclamer : « Qu’est ce qu’il est vineux ce champagne, on dirait du vin ! »

Car figurez-vous que le champagne est effectivement un vin… Si, si !

Un autre sujet la semaine prochaine sur iDealwine pour déguster toujours sans complexes…

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Cet article a 2 commentaires

  1. GERARD

    Je voulais ajouter que s’il n’y avait pas de chaptalisation, le Champagne ne titrerait que 10° environ !
    Le raisain est cueilli régulièrement avec moins de 10° d’alcool potentiel !!!
    Etonnant pour le breuvage des Rois !
    Meilleures salutations,
    D.G.

  2. GERARD

    Je voulais ajouter que s’il n’y avait pas de chaptalisation, le Champagne ne titrerait que 10° environ !
    Le raisain est cueilli régulièrement avec moins de 10° d’alcool potentiel !!!
    Etonnant pour le breuvage des Rois !
    Meilleures salutations,
    D.G.

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