Vignes

Année du siècle le 2009 ? S’il est encore trop tôt pour prédire l’avenir du petit dernier, les conditions climatiques de sa naissance sont en tout cas – et là sans risque de se tromper – une indication de son profil et de son pedigrée.

Pour les vins rouges, 2009 a rassemblé toutes les conditions qui déterminent un grand millésime : une floraison et une nouaison précoces tout début juin par temps chaud et sec, une véraison précoce (fin juillet) survenue après des pluies qui stoppèrent la croissance de la vigne, une maturation complète grâce à un été chaud, des vendanges idéales par temps sec. Cela dit, sur certains terroirs, la vigne a pu souffrir de la sécheresse du mois d’août.

Pour les vins blancs secs, la chaleur et la sécheresse après la véraison furent le gage de raisins sucrés et riches en arômes. Cependant 2009 fut moins propice à l’acidité et à la puissance aromatique du sauvignon même s’il reste très satisfaisant. Le sémillon en revanche s’est révélé exceptionnel, d’une complexité inouïe.

Les vins liquoreux furent également exceptionnels, grâce aux pluies des 18-19-20 septembre suivies d’une longue période de brouillards matinaux et de chaudes après-midi.

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A Sauternes et Barsac, sécheresse et chaleur modérées durant six mois consécutifs donnèrent des raisins parfaitement mûrs, très riches en sucres (et en alcool), peut-être davantage encore que 2005. La phase végétative fut d’une rare qualité et les nuits fraîches de l’été préservèrent l’acidité et le potentiel aromatique. La botrytisation fut superbe, grâce notamment aux pluies du 19 septembre (sans les déluges annoncés !) et des trois semaines chaudes et sèches qui suivirent.

Yquem rentra ses derniers raisins le 19 octobre ; opulent comme 1990, intense comme 2003, concentré comme 2001, magique comme 1893, 2009 s’annonce grand, au moins… Attendons la suite.

Dans le Médoc, l’hiver fut un peu plus froid que d’habitude mais jusqu’au mois de mars, la région bénéficia d’un ensoleillement prolongé, supérieur à la moyenne des trente dernières années et propice à la bonne maturation du raisin. Avril fut très humide, mai souvent orageux. La floraison, rapide et homogène, intervint début juin. L’été s’installa, très ensoleillé, sans excès. Le fort stress hydrique et les bonnes conditions permirent une maturation parfaite et complète. Septembre fut idéal, alternant nuits fraîches et journées chaudes. Aux vendanges, le vignoble fut dans sa grande majorité parfaitement sain. A Mouton Rothschild, les vendanges commencèrent le 23 septembre avec les merlots et se terminèrent le 6 octobre avec les cabernets sauvignons. Les raisins furent extrêmement sains, très sucrés, colorés et fruités.

Sur la rive droite, à Saint-Émilion et Pomerol, les mêmes conditions climatiques furent propices à un très bon millésime, peut-être davantage chargé en alcool cependant pour les merlots. Cabernets francs et sauvignons trouvèrent un plus juste équilibre.

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L’hiver froid et tourmenté les deux premiers mois fut plutôt sec, ensoleillé et doux en mars pour une reprise précoce de la végétation. Ce fut le 5e hiver le plus rigoureux depuis vingt ans.

Le début de printemps fut humide, avec des orages en mai puis une installation précoce de l’été pour une belle floraison la première quinzaine de juin.

L’été fut beau et chaud, avec de faibles perturbations ; il se poursuivit en septembre et octobre et favorisa la pleine maturité.

« Des vins blancs secs puissants, de grands vins rouges et de prodigieux vins liquoreux ».

(Sources : notes des châteaux Yquem et Mouton-Rothschild ; conférence à l’Institut des sciences de la vigne et du vin de l’université de Bordeaux, de Laurence Geny, Bernard Donèche et Denis Dubourdieu).

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