, revenons sur cette année qui fait désormais figure de référence.
2005, rappelons-le, réunissait toutes les caractéristiques d’un millésime parfait. Des conditions climatiques idéales, des vins annoncés comme de très longue garde : 2005 représentait le candidat idéal pour l’investissement. Et, sans surprise, à l’occasion de la campagne primeurs, les grands crus bordelais avaient suscité un fort engouement. Malheureusement, la crise financière est passée par là. Et les vins, tout juste embouteillés, ont eu à subir un retournement de conjoncture économique sans précédent à partir de la fin 2008. Les cours se sont, pour certains vins, littéralement écroulés. A fin 2009, la moitié de notre échantillon de 40 crus n’avait pas retrouvé son niveau de prix de vente en primeurs (voir notre analyse annuelle des ventes aux enchères de vin).
Qu’en est-il aujourd’hui ? En dépit d’une conjoncture toujours fragile, les 2005 bénéficient de trois facteurs qui contribuent à l’amélioration des cours : tout d’abord, la qualité du millésime se confirme. Même si Robert Parker a été avare de 100/100, comme beaucoup l’espéraient, les vins sont réellement réussis, et les perspectives de garde demeurent excellentes ; rappelons que cela n’a pas toujours été le cas sur d’autres millésimes prétendument « du siècle », 2003 au tout premier chef. Par ailleurs, la demande de grands crus bordelais poursuit sa mondialisation. Certes, celle-ci s’applique pour l’instant à une catégorie restreinte de grands crus. Mais ceux-ci sont âprement recherchés sur le marché et suscitent des hausses de cours significatives et régulières, qui pourraient s’étendre progressivement à l’ensemble des grands crus classés et assimilés. Et enfin, le niveau de prix de sortie des primeurs 2009 a été le déclencheur d’un vaste mouvement de report sur les millésimes plus anciens. Les amateurs, lassés de devoir souscrire à des niveaux de prix qu’ils jugent extravagants pour des vins encore en devenir, se sont réfugiés sur des années qu’ils considèrent comme des valeurs sûres. 2005 devrait en bénéficier à plein, de même que 2000 et 1990.
La tentation de la Chine…
Sur le haut du podium, on trouve toujours Petrus, bien évidemment – mais combien de personnes ont accès à Petrus en primeur ? – Viennent ensuite des vins que le marché asiatique s’arrache : Lafite Rothschild et son second, les Carruades de Lafite, bien sûr, mais aussi, et c’est récent, deux autres seconds vins de premiers crus : les Forts de Latour et Pavillon Rouge de Château Margaux. On constate également, mais dans une moindre mesure, que le château Latour a vu son cours se redresser ces derniers mois. A souligner, la belle performance du Château Haut Brion, dont le prix de sortie en primeur était le plus raisonnable des premiers crus classés. Dans ce Top Ten figurent également de grands pomerols dont les prix sont mécaniquement tirés vers le haut en raison de leur rareté (et de leur note, comme pour l’Eglise Clinet, 100/100 Parker).
Des performances contrastées
Les indicateurs ne sont cependant pas encore tous au vert : la moitié des vins de l’échantillon enregistre une performance inférieure à 10%, quand elle n’est pas carrément négative. Certes, la situation s’améliore (on ne compte plus que 13 vins dont les cours sont inférieurs au prix de sortie en primeur, contre 17 en fin d’année dernière). Et les perspectives restent bonnes, à terme, pour le millésime qui devrait faire figure de grand classique. Les vins concernés paient le prix (si l’on peut dire) d’une politique trop gourmande de fixation du cours de sortie en primeur. Que faudra-t-il penser des 2009 dans ce cas ? Faut-il vraiment espérer que le marché asiatique sera en mesure d’absorber l’ensemble de la production bordelaise à n’importe quel prix ? Une chose est certaine : alors que, les yeux rivés sur la Chine, les grands producteurs bordelais ont semble-t-il définitivement et sans complexe tourné le dos à leurs marchés d’origine (France, Europe, Occident), le millésime garde, à un terme plus ou moins long, de bonnes perspectives de valorisation. Et peut être, pour certaines références, une dernière chance d’avoir quelques grands Bordeaux dans sa cave !
Vin |
Prix de sortie primeur TTC* |
Cote iDealwine | Variation / |
au 30/09/2010 | Prix primeur | ||
Petrus 2005 |
538 |
2202 |
309,29% |
Carruades de Lafite 2005 |
55 |
215 |
290,91% |
Trotanoy 2005 |
90 |
176 |
95,56% |
Lafite-Rothschild 2005 |
490 |
950 |
93,88% |
Pavie-Macquin 2005 |
70 |
128 |
82,86% |
l’Eglise-Clinet 2005 |
186 |
324 |
74,19% |
la Conseillante 2005 |
106 |
176 |
66,04% |
Haut-Brion 2005 |
340 |
525 |
54,41% |
Pavillon Rouge 2005 |
50 |
76 |
52,00% |
les Forts de Latour 2005 |
80 |
121 |
51,25% |
Troplong-Mondot 2005 |
130 |
188 |
44,62% |
la Lagune 2005 |
38 |
53 |
39,47% |
Léoville-Barton 2005 |
72 |
100 |
38,89% |
Beychevelle 2005 |
40 |
54 |
35,00% |
Domaine de Chevalier 2005 |
44 |
57 |
29,55% |
Latour 2005 |
600 |
715 |
19,17% |
Margaux 2005 |
600 |
710 |
18,33% |
Talbot 2005 |
40 |
47 |
17,50% |
Lynch Bages 2005 |
70 |
79 |
12,86% |
Angélus 2005 |
210 |
233 |
10,95% |
Brane-Cantenac 2005 |
44 |
48 |
9,09% |
Haut-Marbuzet 2005 |
37 |
40 |
8,11% |
Léoville-Poyferré 2005 |
72 |
76 |
5,56% |
Pichon-Longueville Baron 2005 |
105 |
110 |
4,76% |
Cos d’Estournel 2005 |
164 |
165 |
0,61% |
l’Evangile 2005 |
166 |
167 |
0,60% |
Sociando-Mallet 2005 |
40 |
40 |
0,00% |
Giscours 2005 |
48 |
47 |
-2,08% |
Palmer 2005 |
209 |
198 |
-5,26% |
Mouton-Rothschild 2005 |
490 |
464 |
-5,31% |
Pape Clément 2005 |
126 |
119 |
-5,56% |
Gruaud-Larose 2005 |
48 |
44 |
-8,33% |
Vieux Château Certan 2005 |
137 |
125 |
-8,76% |
Montrose 2005 |
91 |
80 |
-12,09% |
Cheval Blanc 2005 |
620 |
540 |
-12,90% |
Léoville-Las-Cases 2005 |
240 |
195 |
-18,75% |
Pichon Longueville Comtesse de Lalande 2005 |
120 |
95 |
-20,83% |
Ducru-Beaucaillou 2005 |
148 |
115 |
-22,30% |
Figeac 2005 |
98 |
73 |
-25,51% |
Clinet 2005 |
84 |
55 |
-34,52% |
* Prix de sortie primeur TTC en euros, accessibles aux acheteurs particuliers |
A lire également :
Vente aux enchères de vin : bilan 2009 et perspectives pour 2010