Domaine des Rois Mages vendanges iDealwine 2023

Les derniers coups de sécateur sont donnés dans les vignobles français. Même si tout n’est pas encore joué, nous pouvons commencer à dresser un bilan du millésime 2023. Contrasté. C’est l’adjectif qui le caractérise au mieux. La série noire des millésimes en 3 a donc un nouvel épisode à son volume.

L’année 2023 aura été, pour la plupart de nos vignerons, une tâche compliquée à mener, entre la sécheresse (début juillet, « mois de juillet le plus chaud jamais enregistré »), les fortes pluies (fin juillet), les coups de chaud (pour ne pas dire « canicule » d’août), la grêle et la prolifération du mildiou qui a ravagé certains vignobles en s’attaquant aux feuilles, mais aussi au pied de vigne, aux rameaux et aux baies. Tout cela dans un contexte d’inflation, de tensions géopolitiques qui pèsent sur les exportations et la hausse des matières premières.

Si l’on regarde une carte de France, très schématiquement, le sud a subi de plein fouet les intempéries, l’ouest- hormis la Loire- a pâti du mildiou. La Champagne, l’Alsace et la Bourgogne s’en sont bien sorti. Et pourtant, la quantité est là, permettant à la France de repasser 1er producteur mondial du vin devant l’Italie. Selon Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture, et les estimations réalisées au 1er septembre 2023, la production viticole cette année pourrait s’élever à près de 45 millions d’hectolitres, un niveau dans la moyenne des millésimes 2018-2022 (+1%). La qualité, elle aussi, semble au rendez-vous.

Petit tour des régions françaises.

Sommaire

Bordeaux

C’est bien simple, près de 90% des vignes de toute la Nouvelle-Aquitaine ont été touchées par le mildiou, impactant la quantité de raisin. Ce parasite s’est développé au printemps à cause d’un mélange de températures élevées et de fortes pluies. Tous les dés ne sont pas encore jetés car les vendanges ne sont pas terminées… Malgré tout, la qualité est là.

Bourgogne

Si la grêle s’est abattue localement sur plusieurs des vignobles bourguignons et si le mildiou a été présent, les dégâts sont minimes et n’empêchent pas une belle récolte, avec de très beaux volumes. Le pinot noir, dans sa maturité et sa qualité, est plus hétérogène que le chardonnay, beau et sain en général.

Vallée du Rhône

Si l’année s’annonçait très prometteuse, les jours de sécheresse ont tout de même fait du mal, bousculant les équilibres (plus d’alcool et moins d’acidité, sans pour autant que le mûrissement ne se fasse), un défi qu’il faudra relever pendant les vinifications, notamment par le moyen de l’assemblage des cépages en Rhône sud. Les pluies printanières ont tout de même fait du bien et la région s’en sort avec de belles conditions, tant en quantité qu’en qualité.

Vallée de la Loire

Tout le long du fleuve, le millésime s’annonce généreux malgré une météo capricieuse, selon l’observatoire des rendements piloté par InterLoire (Interprofession des vins du Val de Loire), un volume bienvenu après des années plus maigres. Certaines appellations ont davantage pâti, comme Quincy et Reuilly.

Champagne

Selon Agreste, en Champagne, « les grappes sont bien fournies » et les maladies (oïdium qui a sévi en juillet, mildiou) « contenues ». Le résultat est mitigé : beaucoup de pourriture grise, de faibles degrés de maturité alors même que le réchauffement climatique est censé être bénéfique pour la région. Les pinots noirs et les chardonnays sont particulièrement sains, les meuniers ont peiné avec les intempéries. Si la qualité finale est au rendez-vous, ce sera sans doute grâce au nombreux tris réalisés en vigne, en cave, et grâce à l’assemblage avec des vins de réserve.

Languedoc-Roussillon

La région est coupée en deux, une partie du vignoble avec un bilan classique là où la partie littorale qui arrive jusqu’aux Pyrénées, l’équivalent des Pyrénées-Orientales, a subit de plein fouet la sécheresse, avec près de 30 à 60% de rendements en moins par rapport à un millésime moyen, une récolte « historiquement faible » selon Julien Thiery, chef de service viticulture de la chambre locale d’agriculture, autour de 400 000 hectolitres (contre 569 000 en 2022 et 756 000 en 2013). Côté Languedoc (Aude, Gard et Hérault), « la production devrait ne pas trop s’éloigner de la moyenne » selon Agreste, même si le mildiou et les fortes températures estivales ont secoué les vignes, donnant des raisins secs et peu acides. La qualité est là, à condition que les vinifications se fassent intelligemment, de façon à retrouver de l’équilibre dans les vins.

Alsace

Si les vignerons alsaciens ont eu très peur de retrouver en 2023 la catastrophe de 2021 (mildiou notamment) en raison des fortes pluies du début de l’été, il n’en est rien. Avec la météo capricieuse, les vignerons ont travaillé d’arrache-pied pour arriver à un résultat prometteur, qualitativement (avec un profil intéressant) et quantitativement.

Jura

Dans le Jura, l’année a été également fatigante pour les vignerons, à œuvrer malgré les orages, une véraison tardive à cause de températures basses et de la quantité de raisin, la présence d’oïdium… La quantité est donc au rendez-vous, et la qualité également, avec des raisins très sains.

Beaujolais

Citons les mots du président d’Inter Beaujolais (Interprofession des vins du Beaujolais) : « du nord au sud, le Beaujolais a tous les atouts pour donner naissance à un grand millésime 2023… En goûtant les raisins qui finissent tranquillement de mûrir, je suis agréablement surpris par un fruité bien prononcé, une peau craquante, des pépins au petit goût de noisette, une chair qui fond dans la bouche. » De bonnes nouvelles pour la qualité comme la quantité, qui s’annonce supérieure à celle des cinq derniers millésimes, malgré des épisodes de grêle qui ont été localement violents et d’autres contraintes climatologiques qui ont sévit tout au long de l’année.

Corse

Des rendements exceptionnels sur toute l’Île de Beauté. L’altitude, les vents et les embruns ont en effet protégé les vignobles contre toutes les formes de maladies. Seule un peu de grêle a sévi très localement. On parle même d’un très beau millésime 2023 côté qualité.

Provence

Le portrait est tout autre du côté de la Provence, touchée par la grêle, le mildiou, la sécheresse et la pourriture noire. L’épisode caniculaire du mois d’août s’est solvé par une récolte plutôt maigre, mais de qualité.

Sud-Ouest

Mildiou. Les vignerons que nous avons croisés n’avaient que ce mot là à la bouche. Les rendements ont été massivement impactés par cette maladie, malgré tout le travail des viticulteurs pour lutter contre. Certains ont perdu jusqu’à 80 ou 90% de leur récolte. Ce qui est dans les cuves, sera tout de même de qualité.

Savoie

Soleil au mois d’août, pluies en septembre, de quoi satisfaire des vignerons marqués par des intempéries au cours de l’année : gel tardif de printemps, grêle (certains domaines ont eu des dégâts considérables, c’est la plus grande peine de l’année) et canicule. Au final, la récolte est saine, avec des raisins qui se sont réhydratés avant d’être vendangés. Les maladies, elles, ont été endiguées par le soleil et le vent.

Nos notes des millésimes précédents

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