
Voir le replay de l’émission du 1er octobre 2025 ici.
Aujourd’hui, nous allons parler vin, à l’heure où les vignerons font rentrer dans les cuves le produit de la vendange 2025. Qu’en est-il de ce millésime, faut-il s’y intéresser dans une perspective patrimoniale ? Sur BFM Patrimoine, Antoine Larigauderie interrogeait il y a peu Angélique de Lencquesaing, Directrice Générale déléguée d’iDealwine.
Bonjour Angélique, qu’en est-il cette année dans les vignes à l’issue de la vendange ?
Les premières impressions sont positives ! Pas de catastrophe climatique majeure à déplorer mais tout de même des marqueurs du réchauffement qui impriment leur patte sur le millésime.
Comme dans de nombreuses régions, à Bordeaux, 2025 est l’un des millésimes les plus précoces, et des plus chauds observés depuis 30 ans. La concentration et l’intensité aromatique placent les vins au niveau des 2022, superbe millésime. Cependant, en 2025, l’exubérance est compensée par une fin d’été un peu plus fraîche, et même quelques gouttes de pluie, bienvenues avant les vendanges.
Toutefois, la surprise est dans les cuves : de ce que nous entendons de la part de nos amis vignerons, les rendements sont faibles, très faibles. Les baies étaient magnifiques, mais les rendements, minuscules.

A Bordeaux – mais attention de ne pas généraliser – il semblerait que le merlot, cépage plus fragile, ait souffert des épisodes de stress hydrique et de chaleur observés durant l’été. Ce cépage a d’ailleurs globalement plus enduré ces conditions que les cabernets.
Si l’on considère une région où 8 000 hectares de vignes ont été arrachés, c’est un millésime de petits volumes qui entre dans les chais en 2025. Comparable à 2024 (3,7M hl selon l’Agreste) mais en retrait de 15% par rapport à la moyenne des 5 dernières années.
Cette situation est-elle générale ?
D’une manière générale, la récolte est, d’après le ministère de l’Agriculture, attendue en légère hausse dans le vignoble français par rapport à 2024. Le modeste rebond s’établit à +3% en volume par rapport à l’année dernière. Mais si l’on considère la moyenne quinquennale, la vendange 2025 reste en retrait de 13%. Le volume attendu s’établit légèrement au-dessus de 37M hl (37,4).
Certaines régions progressent tout de même par rapport à l’an dernier ? La Bourgogne, par exemple, avait beaucoup souffert en 2024.
Oui, la Bourgogne, dans certains secteurs comme la Côte de Nuits, ne pouvait pas descendre tellement plus bas, après les épisodes de grêle et les maladies qui ont lourdement affecté la récolte, venant même obérer celle de l’année suivante.
L’été très chaud, sec, a eu pour effet de bloquer les maturités dans certains secteurs. La vendange, elle, s’est déroulée sous une météo pluvieuse qui a permis de regonfler légèrement les raisins. Les vignerons constatent actuellement que dans de nombreux secteurs, la qualité est présente mais les volumes limités. En cause, à nouveau, des baies de belle qualité, saines, superbes, mais peu productives.
La Champagne et la vallée de la Loire devraient elles aussi voir leur production augmenter légèrement, même si le même phénomène est observé dans de nombreuses régions. Au Clos de la Coulée de Serrant, la vendange est superbe, mais également caractérisée par des baies petites et concentrées dans les cuves… Ce 2025 va indéniablement se mériter !
Dans les autres régions, en Alsace, par exemple, ou dans le Languedoc ?
L’Alsace a elle aussi connu un été contrasté, entre sécheresse et chaleurs intenses de juillet et épisodes orageux fin août au moment de la récolte. Les vendanges y sont de plus en plus précoces – pour les crémants, les baies ont été récoltées à compter du 19 août – une situation en lien avec le réchauffement climatique, à laquelle les vignerons doivent s’adapter. Cette récolte, entre deux averses, a été acrobatique, marquée aussi par des volumes réduits.
Dans le Languedoc, les températures ont enregistré des records assimilables aux extrêmes de 2022 et 2003. Heureusement, le printemps pluvieux avait permis de constituer des réserves d’eau. Les feux ont dévasté une partie du vignoble … l’année a donc été difficile mais d’une manière générale, les vignerons ont rentré un joli millésime.

Les millésimes en « 5 », comme 2025, ont plutôt une bonne image en termes de qualité. C’est donc le cas cette année ?
Les vignerons avec lesquels nous avons échangé n’ont aucun doute sur la qualité des vins qu’ils s’apprêtent à produire. A cet égard, 2025 devrait tenir ses promesses, avec un petit supplément de fraîcheur qui peut surprendre, eu égard aux pics de températures observés durant l’été. Cette fraîcheur sera bienvenue pour apporter une touche de délicatesse aux vins, et les rendre aimables dès leurs jeunes années.
L’amateur a-t-il intérêt à se pencher sur le millésime 2025, d’un point de vue patrimonial ?
Il est encore prématuré de l’affirmer, quoique les indicateurs soient plutôt au vert : une qualité qui semble se confirmer, et des volumes relativement limités. De quoi construire la rareté des vins acquis cette année, et donc favoriser non seulement leur épanouissement dans le temps, mais aussi leur valorisation d’ici quelques années.
Le marché est-il favorable aux grands crus, est-il à l’achat ?
Les indicateurs du marché sont contrastés : nous observons une reprise timide des achats en Asie – et particulièrement à Hong Kong – pour reconstituer les stocks dans la perspective de la fin de l’année.
D’un autre côté, l’instabilité créée aux USA depuis plusieurs mois au sujet de l’instauration des taxes pèse sur les exportations. La décision de taxer de 15% les importations de vins a des conséquences lourdes pour de nombreux domaines, dont les Etats-Unis représentent le premier débouché commercial.
En France, l’instabilité politique a des effets sur tous les secteurs de consommation, et notamment la restauration. Les amateurs sont à juste titre à l’affut de toutes les bonnes affaires, et à cet égard les Foires aux vins enregistrent de beaux résultats, en tout cas ce fut le cas chez iDealwine avec une progression de 50% du nombre de clients par rapport à l’an dernier !
Pour conclure, le moment est venu de faire preuve de patriotisme économique en soutenant les vignerons français … pour consommer leurs vins avec modération, et les apprécier ainsi pleinement.
Acheter du vin sur iDealwine
Lire également sur le Journal iDealwine
Vendanges 2025 : l’expérience de l’équipe d’iDealwine
Interview BFM – Vendanges 2024 : un millésime pour l’investissement ?
