Jeudi dernier, Angélique intervenait dans l’émission Intégrale Placements sur BFM Business. Retrouvez son analyse des tendances observées sur cette vente, et, plus généralement, de son impact sur le prix des grands vins de Bourgogne.
Pour iDealwine, cette vente représentait la 13e année de participation en tant qu’acheteur. Mais rappelons que cette vente est beaucoup, beaucoup plus ancienne. Elle se tient traditionnellement le 3e dimanche de novembre, depuis 1859. 2018 représentait sa 158e édition.
Le moins que l’on puisse dire est que les manifestants n’ont en rien refroidi l’ardeur des enchérisseurs.
La vente s’est achevée sur un record, oui, à plusieurs niveaux.
- Un record en termes de volume:
828 pièces étaient proposées à la vente, ce volume n’a jamais été atteint.
Pour mémoire, le vin de la récolte de l’année est proposé à la vente, non pas en bouteilles (l’élevage n’est pas encore effectué) mais sous la forme de pièces (ou de barriques) de 228 Litres. Ce qui correspond à 288 bouteilles.
- Un record en termes de prix
Le produit de la vente a atteint 13 950 000€, et même 14,2M€ si l’on inclue la pièce adjugée au profit de belles œuvres caritatives. Là encore, ce montant total n’avait jamais été atteint. Il s’inscrit en hausse de 25% par rapport à 2017. Rappelons, au passage que 2017 était déjà une année qui alliait qualité et volume, cette hausse est donc d’autant plus remarquable.
Ces résultats marquent-ils une hausse régulière, ou au contraire une accélération du phénomène haussier ?
On note une très nette accélération des cours depuis le début des années 2010, et tout particulièrement depuis 2012.
C’est d’ailleurs à compter de cette année – 2012 – que le prix moyen de la pièce de vin aux Hospices de Beaune a franchi le seuil des 10 000€. Pour n’en jamais redescendre !
Pourquoi 2012 ?
La qualité des vins produit sur les quelque 60 hectares exploités par le domaine des Hospices de Beaune, fruit de donations effectuées dans le temps, ne cesse de croître.
Ce domaine est aujourd’hui mené selon les principes de la viticulture raisonnée, sous la houlette de la talentueuse Ludivine Griveau, régisseur des Hospices depuis 2014.
Pour trouver une explication à cette accélération il faut sans aucun doute tourner son regard vers l’Asie.
Cette zone du globe qui s’est passionnée pour les grands crus de Bordeaux à compter de 2008-2009 a mis fin à la spéculation sur les grands crus classés de cette région à compter de… 2011. Parallèlement s’est développé un attrait croissant pour les vins de Bourgogne. La rareté aidant, et le déséquilibre entre l’offre et la demande ont fait exploser la demande pour les grands crus de cette région.
Un point est révélateur : cette année les amateurs asiatiques ont acheté plus de 50% des lots dispersés lors de la vente des Hospices de Beaune.
On parle d’un prix moyen élevé, donc, mais avez-vous constaté des disparités entre les vins, les rouges, les blancs, les grands crus, et les autres ? Quelles sont les tendances qui se dégagent ? Autant de points important à connaître pour l’amateur désireux d’investir dans le vin.
Le prix moyen s’est donc établi à 16 848€ la pièce. Ce n’est pas son plus haut niveau. Il a même baissé de 5% par rapport à 2015.
A cet égard, l’année 2015 offre un point de comparaison intéressant, car il s’agit aussi d’un superbe millésime. A une nuance près – et de taille – la vente des vins s’est tenue 3 jours après les attaques terroristes du 13 novembre 2015, l’émotion procurée par ces évènements a boosté la générosité des enchérisseurs.
Les vins dont les prix ont le plus augmenté en 2018 sont les grands crus avant tout, tout particulièrement en rouge.
A noter que les premiers crus et les appellations villages s’inscrivent en baisse par rapport à 2015.
Donc ces résultats doivent être nuancés selon la typologie des vins.
Les grands crus qui ont obtenu les prix les plus élevés lors de la vente sont le Clos de la Roche – Cyrot-Chaudron, adjugé 110 000€. Mais attention, la hausse de cours n’est que de +3% par rapport à 2015.
C’est au sein de la Côte de Nuits que les prix ont le plus progressé, à l’instar du Mazis-Chambertin Cuvée Madeleine Collignon, vendu en moyenne 71 238€ la pièce. Une hausse de +28% par rapport aux cours de 2015, révélatrice de l’attrait qu’exercent ces vins en Asie.
Cette hausse de cours est donc liée à l’Asie, on le comprend. Mais aussi à la qualité des vins, quand même ?
Oui, bien sûr, d’où la comparaison avec l’édition 2015 de cette vente.
Pour les vins rouges, la qualité du millésime 2018 est établie. Les vins présentent un profil très pur, complexe, de belle garde en perspective.
En revanche, les blancs se distinguent par une belle fraîcheur mais c’est une année plus « classique », et même, pour certains crus, marquée par des épisodes de pluie qui ont pu diluer les vins. C’est donc moins la qualité que le facteur rareté qui a joué sur les cours des grands crus comme le Bâtard Montrachet (adjugé 132 000€ la pièce, +62% par rapport à 2005).
Pourquoi suivez-vous d’aussi près cette vente chez iDealwine, et ses résultats ? Faut-il encore acheter des vins de Bourgogne ?
Nous sommes effectivement plus observateurs qu’acteurs de cette vente, même si nous y achetons chaque année quelques pièces. La vente des vins reste dominée par les grandes maisons de négoce qui y jouent un rôle toujours très actif.
Deux exemples viennent illustrer ce propos :
- La maison Albert Bichot, l’un de nos proches partenaires, s’affirme comme le premier acheteur de la vente. Elle a acquis cette année 164 pièces, réalisant 20% du chiffre d’affaires de la vente.
- La maison Louis Latour, partenaire historique d’iDealwine également, chez qui nous faisons élever les pièces que nous achetons, a vu son carnet de commandes (et ses achats) bondir de 47% par rapport à 2017 !
Mais la vente des Hospices de Beaune, ce n’est plus du tout un évènement B2B comme ça l’était encore jusqu’à il y a une dizaine d’années. La vente servait d’étalon pour fixer les cours d’achat des raisins entre les maisons de négoce et les viticulteurs.
Aujourd’hui, la médiatisation est telle que les prix ne sont plus LA référence pour ces négociations.
En revanche elle fournit des indications importantes sur l’état de la demande mondiale pour les vins de Bourgogne, et l’on constate aujourd’hui que la fièvre est loin de se calmer.
Donc oui, les vins de Bourgogne conservent encore une marge de progression.
Quelles incidences sur le marché des enchères que vous suivez de près chez IDealwine ? Cette vente augure-t-elle d’une fin d’année en fanfare ?
Avions-nous besoin de cette vente pour mesurer l’engouement mondial que suscitent les grands crus bourguignons ? Dans un marché très actif – iDealwine enregistre à ce jour 30% de croissance par rapport à 2017, les vins de Bourgogne continuent à s’arracher dans les ventes aux enchères. En rouge, comme en blanc, d’ailleurs.
Lors de nos dernières enchères, un corton-charlemagne 2010 signé Coche Dury a été adjugé 4864€, en hausse de 38% par rapport à sa mise à prix.
Je vous confirme, nous n’attendons aucun répit des enchères à venir d’ici la fin de l’année, d’autant que nous proposons à la vente des collections entières, réunies par de grands amateurs, qui devraient réjouir nos enchérisseurs. Retrouvez tous les vins de Bourgogne actuellement en vente sur iDealwine.
228 Litres, c’est le contenant d’une pièce, mais aussi le nom d’un bar … à vins ?
On en reparle bientôt … Oui, le premier bar à vins connecté à iDealwine ouvre ces jours-ci au cœur de Paris, au pied de Montmartre. A suivre !