Le domaine Rafael López de Heredia, c’est 170 hectares qui s’étendent sur toute la Rioja, un véritable pilier de la viticulture espagnole d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Mais c’est aussi, et surtout, un nom qui fait frémir tout amateur de vin, celui de « Viña Tondonia ». Derrière ce nom à la consonance chaude et musicale se cache un vignoble et des vins qui marquent l’histoire des plus grands vins d’Europe. Pleins feux sur la péninsule ibérique.

À la croisée des influences françaises et espagnoles

Tout commence en 1877, lorsque des négociants français visitent la Rioja espagnole dans l’espoir d’y trouver des éléments de réponse pour contrer la crise du phylloxéra qui fait alors rage au sein des vignobles de France (lire notre article : La crise du phylloxéra : destruction et renouveau). Au même moment, Rafael López de Heredia y Landeta fait un premier lien avec les produits agricoles auprès d’autres négociants français à Bayonne, commerçant entre l’Hexagone et l’Espagne. C’est à la liquidation de l’entreprise qu’il se rend dans la Rioja, pour ne plus jamais la quitter. Il y fait la rencontre de ces professionnels du vin, sans savoir qu’il pose alors la première pierre d’une entreprise vinicole légendaire dans l’histoire du vin espagnol.

Élève assidu, fin connaisseur de l’agriculture, il suit les pas de ces maîtres français du vin et s’éprend particulièrement de la région de la Rioja. Il est particulièrement captivé par les environs de Haro, capitale de la Rioja Alta, qui s’étend sur la face occidentale de la région. Il y perçoit une alchimie inouïe entre la terre et le climat, propice à la production de vin (un flair confirmé par la renommée célèbre et internationale que les vins connaîtront par la suite). Suivant son instinct, il établit une cave à son nom, la plus ancienne de Haro à ce jour, et l’une des trois premières caves de la Rioja.

Une cathédrale du vin

Les installations n’ont pas bougé depuis plus de cent ans, installées au cœur de la ville de Haro, une édification en constante évolution où chaque génération appose son empreinte comme marque de son effort et du travail produit au sein du domaine. L’organisation des bâtisses est impressionnante, modèle d’architecture vinicole, où les bâtiments s’agencent et se complètent en même temps que l’histoire du domaine s’enrichit. Les noms des caves sont évocateurs – comme « La Bodega Vieja » (la vieille cave), « La Bodega Nueva » (la nouvelle cave) ou encore « La Bodega de Reservas » (la cave des gardes) – et comprennent une immense collection de fûts, ainsi que bon nombre de cuves en bois dont le chêne provient de toutes les régions du monde.

Lieu tout à fait spécial de l’exploitation : le « Cementerio » (cimetière), vinothèque iconique créé par le fils du fondateur et trésor de l’héritage œnologique du domaine. Sur les étagères s’empilent des bouteilles uniques, comme des cuvées de la première année de récolte, antérieures à la création de la cave (1883), et cuvées de marques aujourd’hui disparues (la vinothèque porte bien son nom), et donc aujourd’hui parfaitement introuvables.

Découvrir les trésors ibériques

Mais même les plus belles installations ne sont rien sans un grand terroir. Le domaine de Don Rafaël l’a bien compris et s’est doté de multiples vignobles pour livrer une vaste palette de vins aux expressions riches et variées. Parmi ceux-ci, « Viña Cubillo », « Viña Bosconia » ou « Viña Zaconia », le plus connu est sans aucun doute celui fondé dans les années 1913-1914, le mythique « Viña Tondonia ». Sans aucun conteste, il est le vignoble le plus spectaculaire de Haro. Lové contre les rives droites de l’Ebre, fleuve traversant le nord de l’Espagne jusqu’à la Méditerranée, il s’étend sur plus de 100 hectares, suivant une dépression arc-boutée contre les rives du fleuve. Les sols sont donc composés d’alluvions et d’une grande proportion de calcaires, sur lesquels s’épanouissent peupliers et vignes, profitant de la richesse minérale offerte à leurs pieds.

Bien évidemment, les cépages cultivés sur les vignobles de Vina Tondonia et autres sont des variétés parfaitement autochtones, ancrées dans la biodiversité régionale florissante. Le tempranillo, dominant, confère structure et intensité aux rouges (qu’il compose à 80%). Il s’accompagne de de garnacha (grenache en France), de marzuelo ou de graciano. Ces cépages secondaires sont indispensables à l’assemblage, apportant finesse, fraîcheur, et grand potentiel de vieillissement, une caractéristique indissociable aux vins du domaine. Les blancs sont, eux, partagés entre deux cépages : le viura et la malvasia.

Des vins qui flirtent avec l’infini

Les vendanges sont effectuées manuellement à la serpette, avec un soin millimétré, puis les raisins sont égrappés et envoyés en fermentation. Ces dernières s’effectuent dans de grandes cuves en chêne (les rouges fermentent dans les plus grandes, 240 hectolitres de contenance, et les blancs dans les plus petites, 60 hectolitres).

Mais c’est lors des élevages que la magie de Vina Tondonia s’affirme le plus. Un minimum de 3 ans en fûts de chêne américain puis en bouteille (même les vins les plus commerciaux s’offrent à minima 6 mois d’élevage une fois embouteillés). Pour les vins blancs, le domaine n’hésite pas à les élever aussi longtemps que les vins rouges. Les vins de Vina Tondonia sont par ailleurs reconnus pour leurs profils exceptionnels, hérités d’un élevage d’une qualité rare, et leur capacité à traverser l’épreuve des âges sans sourciller, se bonifiant encore et toujours. Complexes, majestueux, opulents… nombreux sont les adjectifs qui nous viennent en tête lorsque nous avons la chance de porter une de ces bouteilles emblématiques à nos lèvres et d’en savourer le profond bouquet aromatique.

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