Le domaine Méo-Camuzet est un véritable bijou de la Côte de Nuits. La qualité des vins qui y sont produits en font des flacons particulièrement recherchés par les amateurs du monde entier. Cette qualité est rendue possible d’une part grâce à la variété de grands terroirs qu’exploite le domaine (Vosne-Romanée Aux Brûlées et Au Cros Parantoux, Richebourg, Echezeaux) mais également au talent de vinificateur d’un homme : Jean-Nicolas Méo. Ce vigneron hors-pair formé par le légendaire Henry Jayer a su insuffler un style de vin inimitable à son domaine, qui le classe inévitablement parmi l’élite bourguignonne.
Des touchers de bouches veloutés, une concentration aromatique extraordinaire et des équilibres maîtrisés entourant la finesse légendaire du pinot noir font l’identité des vins du domaine. Cela est rendu possible par un matériel végétal de grande qualité, les efforts ne sont pas comptés à la vigne pour récolter les plus beaux raisins possibles, à maturité optimale. Les vinifications ont ensuite lieu en cuves bétons et inox avec une macération pré-fermentaire à froid, puis des remontages et pigeages doux quotidiens. S’ensuit des élevages dans des fûts soigneusement sélectionnés pour la qualité et la finesse de grain de leurs douelles. Le domaine travaille beaucoup avec la maison François Frères qui le lui rend bien en lui procurant ses plus belles pièces. Les vins sont souvent élevés avec une proportion importante de bois neuf mais les chauffes douces à moyennes permettent d’obtenir des vins avec un boisé extrêmement élégant qui fait également partie des spécificités des vins du domaine. Après un long affinage en bouteille, ce boisé s’intègre au fruit pour créer des vins magnifiques d’équilibre.
Nous avons contacté Jean-Nicolas Méo, l’homme qui se cache derrière les nectars du domaine pour qu’il vous livre tous les secrets de cette vente.
Vous nous avez confié 95 bouteilles de vos plus beaux crus issus de très beaux millésimes ; quelle est pour vous l’objectif de cette vente ?
La récolte 2021 a offert des rendements très limités, nos revenus liés à la vente de ce millésime vont donc chuter brutalement, or mon domaine emploie une quinzaine de salariés à plein temps, c’est un moyen pour moi de compenser ce manque à gagner et d’assurer la rentabilité de mon activité. Les prix de marché sont parfois très différents de ceux pratiqués auprès de nos allocataires professionnels (jusqu’à 10 fois plus cher) ; iDealwine est un bon moyen de toucher plus directement une clientèle particulière motivée et d’obtenir ainsi un meilleur partage de la valeur pour tout le monde.
Comment appréhendez vous la hausse des prix des vins de Bourgogne ?
La Bourgogne est victime de son succès, les prix de certains domaines deviennent fous. Si nous ne souhaitons pas pratiquer des augmentations démesurées de tarif au départ du domaine, nous devons néanmoins trouver des moyens de compenser les pertes causées par les aléas climatiques pour perdurer. Ce mouvement est un piège, le prix véhiculant aussi une image de qualité … Personne ne veut être perçu comme étant à la traîne, la réputation d’un domaine peut en souffrir ! Le prix des vins, même en vrac, explose et il devient très compliqué de s’approvisionner en raisin de qualité à des tarifs décents (Ndlr : le domaine a une activité de négoce reconnaissable via la mention Méo-Camuzet Frère & sœurs sur les étiquettes). Jusqu’à quand cette explosion des prix est-elle tenable ? On ne peut qu’espérer que le marché ne revienne à des niveaux de prix plus raisonnables.
Pouvez-vous nous parler des vins mis en vente, de la spécificité des crus dont ils sont issus et des millésimes ?
La grande majorité des bouteilles proposées à la vente se goûtent très bien dès aujourd’hui.
2005 et 2009 sont de très grands millésimes, nous en avons gardé quelques bouteilles en vieillissement au domaine car nous savions dès la vinification que les vins avaient un grand potentiel.
2005 : commence à se détendre, c’est un faux millésime de chaleur, les conditions d’ensoleillement ont bien sûr été superbes mais sans excès, c’est un millésime concentré sans tomber dans l’opulence, avec un bon niveau d’acidité. Les vins sont encore un peu serrés et tendus, mais sont en train de s’ouvrir. L’élégance qui compose le millésime est en train de se dévoiler, c’est un grand millésime de garde, qui est loin d’être en bout de course.
2009 : est également une grande année, typique des millésimes mûrs et qui a très bien évolué. Les vins se sont un petit peu resserré, ils ont perdu de leur opulence et de leur côté très solaire. C’est désormais un millésime plein et équilibré.
2010 : un millésime qui a très bonne réputation, il dispose en effet de beaucoup de finesse, de tension, et de délicatesse. Il ressemble à 2005, à la différence qu’il est peut-être doté de plus de finesse et d’un peu moins de concentration.
2011 : est un millésime qui se goûte très bien depuis 2-3 ans, c’est une année moins homogène que 2010 ou 2012 mais lorsque le tri des raisins a été fait avec sérieux, ce qui est le cas chez nous évidemment, cela a donné des vins avenants, d’une belle texture et équilibrés. Un millésime à ne pas négliger par son côté « bon à boire dès aujourd’hui ».
2012 : est également un millésime très qualitatif bien qu’il n’ait pas été salué par la critique à sa juste valeur. C’est une année qui a donné des vins mûrs, sans atteindre des niveaux d’alcools très élevés, donc concentrés mais pas écrasants, avec beaucoup de finesse. Ce millésime commence à se détendre, nous sommes au début de sa phase de réouverture, friand et gourmand, il offre de vrais vins de plaisir.
2013 : millésime réputé difficile et en tout cas très tardif, un millésime froid comme on n’en fait plus ! Il a donc conservé énormément de fraîcheur et d’éclat du fruit ; ce qui est plus surprenant, c’est la texture caressante de ces vins, il n’y a pas vraiment de sévérité. Jean-Nicolas nous confie qu’il a récemment ouvert un vosne-romanée village 2013 avec des sommeliers, qui l’ont beaucoup apprécié, un millésime frais guidé par sa belle acidité, la fraîcheur de son fruit et une étonnante douceur. Il faudra oublier les vins de cette vente encore quelques années en cave pour leur laisser le temps de s’assouplir, les grands crus ne sont pas encore prêts.
2014 : est au domaine un millésime d’équilibre, porté par sa finesse et la composition harmonieuse de la maturité, de l’acidité et des tannins. Il n’est pas dans sa fenêtre de dégustation optimale aujourd’hui, il pourra s’avérer un peu sévère pour les plus impatients. Le choix judicieux sera donc de le cacher au fond de votre cave pour encore deux à trois ans minimum.
2015 : Jean-Nicolas aime énormément ce millésime chaud mais avec de l’acidité, qui est encore ouvert aujourd’hui (pas sur Aux Brulées et Echezeaux où il faudra encore patienter au moins cinq ans). C’est pour lui un millésime très équilibré, entre grande concentration et tension, assurément une grande année.
2016 : Ce très beau millésime était friand dans sa jeunesse, il est maintenant en train de se refermer. Il dispose d’une belle alchimie générale, avec un côté avenant et joyeux qui balance son profil bien mûr.
Pouvez-vous nous parler du Cros Parantoux, cette parcelle défrichée par Henri Jayer qui fait frémir les grands amateurs de Bourgogne ?
C’est un cru qui est en effet devenu mythique dans les années 80, bien qu’il soit répertorié depuis longtemps, et était honorablement connu lorsque l’on regarde le classement de Lavalle en 1855. La parcelle a été progressivement abandonnée, jusqu’à ce qu’Henri Jayer décide de la recultiver en 1950, il usera de barres à mine et de dynamite pour la rendre exploitable. Il a décelé le potentiel de ce grand terroir inexploité, c’est d’ailleurs assez fou de se dire qu’un tel terroir était planté de topinambours à l’époque contemporaine quand on connait sa qualité. Un bel exemple de rencontre entre un terroir et un homme de talent.
Le Cros Parantoux est plus froid que le Richebourg de par sa disposition, en lisière de bois. Le Richebourg est déjà frais mais le Cros Parantoux est encore plus tardif. C’est un vin avec une très bonne acidité. Un vin démonstratif, très ouvert avec beaucoup d’arômes, beaucoup d’étoffe. Il faut lui laisser du temps pour qu’il s’intègre.
Est-ce qu’il y’a un climat qui selon vous est sous-estimé par les amateurs et auquel vous voudriez rendre ses lettres de noblesse ?
Je pense que nous avons la chance d’exploiter deux des plus beaux terroirs de Nuits-Saint-Georges, les premiers crus Aux Boudots et Aux Murgers. Ce sont des terroirs magnifiques qui produisent des grands vins de garde. L’appellation est un peu délaissée aujourd’hui. Il y’a 40 ans, les vins de Nuits-Saint-Georges jouissaient d’une meilleure réputation que ceux de Vosne-Romanée.
Le 1er cru Aux Boudots est un vin fin avec beaucoup de charme et de suavité, qui se rapproche de l’expression des vins de Vosne-Romanée, sa rondeur et son enveloppe charnue contrastent avec la réputation d’austérité des nuits-saint-georges.
Le 1er cru Murgers dispose d’un peu plus d’acidité et de potentiel de garde, c’est un vin à l’aromatique puissante, qui dégage un côté sauvage, une belle rondeur qui tend dans les millésimes chauds sur l’opulence, balancée par une fraîcheur envoutante.
Ce sont donc deux très beaux crus à ne pas négliger, ils offrent souvent de grands moments de dégustation.
Corton est une autre appellation un peu sous-estimée !
Le Corton Perrières est un grand terroir avec beaucoup de minéralité, qui étire le vin et lui procure de la droiture. C’est ce terroir très caillouteux qui apporte également cette grande finesse, qui vient tempérer sa structure puissante, austère, et tannique. Un vin qu’il faudra attendre encore, même dans le millésime 2010 présenté dans la vente.
Le Corton Clos Rognet dispose quant à lui de beaucoup d’opulence naturelle, il est issu de très vieilles vignes qui approchent de leurs 100 ans. Les vins sont suaves, charmeurs, avec beaucoup de fond, une acidité maîtrisée, et pourtant ils vieillissent très, très bien. C’est un vin régulier, qui réservera de belles surprises aux plus patients.