Le second vin est un vin produit sur le même terroir que celui du château mais généralement issu des parcelles les plus jeunes. Acquérir un second vin, c’est faire entrer dans sa cave un peu de la magie du grand cru … sans en payer le prix. Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Le second vin est en quelque sorte le grand vin d’un château mais en modèle réduit, avec des caractéristiques assez proches mais avec un peu de « moins » en tout : moins de complexité, moins de puissance, moins de persistance, moins de finesse, moins d’aptitude à la garde. A savoir aussi : la part de la récolte qui n’est pas retenue dans le grand vin pour cause de maturité insuffisante des baies est également déclassée dans le second vin. Et, certaines années, la sélection est sévère, certains châteaux n’hésitant pas à écarter 50%, voire plus de leur production pour ne réserver que le meilleur à leur premier vin.
Une longue histoire
D’abord réservé aux crus classés du Bordelais, le phénomène s’est répandu. Le Château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande a ainsi
trouvé trace dans ses archives de l’envoi de son second vin à l’Exposition de Moscou en 1874. Le Pavillon de Margaux, second du premier cru classé de Margaux, existe depuis 1908. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le Château Figeac avait mis sur le marché ce qui, à l’époque, s’appelait une deuxième marque. D’épisodique, la commercialisation d’un second vin est devenue systématique au début des années 80, lorsque les prix des grands bordeaux ont commencé à flamber.
Rapport qualité prix et … spéculation
Certains seconds vins sont particulièrement spéculatifs, le second de Lafite Rothschild en tout premier lieu. Ce premier cru classé de Pauillac étant activement recherché par les amateurs chinois, les Carruades de Lafite enregistrent un engouement identique. Sur le millésime 2005 par exemple, les Carruades étaient commercialisés en primeur à 55€, un prix largement comparable à celui de nombre de crus classés, et en tout état de cause supérieur au prix de sortie des châteaux La Lagune, Beychevelle, Talbot, Gruaud Larose, Giscours, entre autres. Et pourtant, ce second vin s’est apprécié de plus de 90%, soit une cote de 105€ à fin mars 2009 ! Tous les seconds vins ne connaissent pas le même succès, bien sûr, et les Carruades constituent un cas tout à fait à part. Les Forts de Latour et le Pavillon Rouge de Château Margaux font partie des crus recherchés par les amateurs qui ne peuvent s’offrir leurs aînés, car ils bénéficient des mêmes méthodes de culture et de vinification que le grand vin.
Et, dans certaines années, le second s’approche singulièrement de la cuvée principale, en termes de qualité… mais pas de prix ! Même succès pour le Clos du Marquis, généralement issu des vignes du Petit Clos et des parcelles extérieures au Grand Enclos (à l’origine du Grand vin de Léoville), qui a su s’imposer parmi les meilleurs crus du Médoc. A noter, certains crus commercialisent leur second vin sous l’étiquette d’un autre château dont ils sont également propriétaires. C’est notamment le cas du château Moulin Riche, dont les vingt hectares de vignes, implantés sur des croupes de graves profondes et de sable éolien, concourent à l’assemblage du grand vin de Léoville Poyferré, auquel ils apportent les caractéristiques d’un terroir magnifique.
Prudence tout de même, sur une bonne partie, voire une majorité de seconds vins : nombre d’amateurs vous affirmeront que leur rapport qualité-prix s’avère souvent moins intéressant que celui d’un bon cru bourgeois. Des vins à réserver aux buveurs … d’étiquette ?
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