Les seconds vins, loin d’être en retrait derrière leurs aînés, occupent aujourd’hui des places de choix dans les châteaux bordelais. Souvent issus eux-mêmes d’une sélection drastique, vinifiés avec le plus grand soin, vous ne pouvez passer à côté de ces nectars de l’excellent millésime 2022. Nous vous guidons parmi cette catégorie absconse que vous devez absolument prendre en compte dans vos achats des Primeurs 2022.
« Second vin », terme à bannir mais vins à élire
Prélude au grand vin d’une propriété, le « second vin » occupe désormais une place de choix dans la stratégie d’image des grands crus classés. Loin d’être traité comme le rebut du premier vin, il est vinifié avec soin, de manière à pouvoir être bu plus jeune. Il ouvre ainsi la voie au grand vin de la propriété. Pour l’amateur, il constitue aussi un moyen de s’offrir une part de rêve, à un coût moindre. Au point que certaines propriétés ont rebaptisé leur second vin d’un nom qui s’approche de celui du grand vin, pour accentuer l’analogie… en supprimant de l’étiquette (et de leur langage) ce terme de second vin, jugé peu flatteur. Ces étiquettes ont connu un joli développement depuis quelques années, et d’ailleurs si, aux enchères d’iDealwine, elles ont longtemps été négligées, à l’exception des seconds vins des premiers crus classés, le marché valorise le soin avec lequel elles sont produites. Ces vins sont aujourd’hui reconnus et recherchés pour leur qualité intrinsèque.
Le terme de « second vin » peut revêtir des réalités diverses. Dans la plupart des cas, il résulte d’une sélection draconienne effectuée pour ne conserver à l’assemblage que le meilleur de la récolte afin de le destiner au grand vin. Le reste est vinifié et assemblé pour former le second vin, au prix, dans certains cas, d’une nouvelle sélection qui donnera lieu soit à un troisième vin, soit à une revente des jus écartés au négoce. Certaines propriétés réfutent vigoureusement le terme de second vin, à l’instar de Château Latour, pour qui les Forts de Latour représentent le fruit d’une parcelle bien identifiée de jeunes vignes. Même situation pour le Clos du Marquis, issu de vignes situées à l’extérieur du grand clos, fournissant les raisins destinés au grand vin de Léoville Las Cases.
Notons par ailleurs que ces vins se valorisent aux enchères : 3 700 flacons (éq. 75cl) ont été adjugés en 2022 sur iDealwine pour un prix moyen de 87€, tiré vers le haut par les secondes étiquettes des premiers crus classés. Les Carruades de Lafite s’établissent au sommet du classement, avec un prix à la bouteille qui dépasse le seuil des 400€ (409€ pour le millésime 1998).
La qualité et le soin octroyés tant à la culture de la vigne qu’à la vinification des flacons regroupés dans ce classement des “seconds vins” méritent l’intérêt des amateurs, dans une perspective de consommation plutôt que patrimoniale, car il s’agit de vins à ouvrir dans un horizon relativement proche. Toutefois, on note que la notoriété des premiers crus classés ruisselle sur leurs secondes étiquettes et que ces dernières voient à leur tour leurs cours se valoriser sur le marché secondaire, y compris dans des millésimes matures.
A côté desquels ne faut-il pas passer pour les Primeurs 2022 ?
- Carruades de Lafite Rothschild 2022 : Les vignes qui entrent traditionnellement dans la composition des Carruades sont plantées sur un sol argileux, le terroir est tardif et frais. Le 2022 déploie en bouche une belle minéralité, des arômes légèrement fumés, beaucoup de fraîcheur. La texture est souple, offrant un beau fruit et une acidité marquée. L’ensemble est précis, sérieux, gage d’une belle maîtrise des extractions et de la maturité.
- Haut-Bailly II 2022 : Son nom était auparavant La Parde Haut-Bailly et il a été renommé Haut-Bailly II depuis le millésime 2018. Ce nectar est produit à partir des mêmes parcelles que son aîné. Un véritable prélude au château-haut-bailly, qui se montre accessible plus jeune et séduit par sa texture souple, son fruit charmeur et sa belle persistance aromatique.
- Les Griffons de Pichon Baron 2022 : Les Griffons de Pichon-Baron est la dernière cuvée créée par le grand cru classé de Pauillac, en 2012. Il se dévoile à l’amateur dans un registre ample et persistant sur une belle fraîcheur. Non moins dénué de garde que son aîné, il gagnera à reposer quelques années en cave.
- Les Pagodes de Cos 2022 : Très élégant, ce second vin de Cos d’Estournel est en réalité issu d’un terroir précis, planté de vignes de 40 ans d’âge moyen. Il se distingue par de gourmands arômes de bonbon acidulé, et déploie en bouche une matière vive, structurée par des tannins fins. Un 2022 particulièrement salivant et séducteur.
- Château Lacoste Borie 2022 : Ce nectar est issu des 60 hectares de vignes de cabernet sauvignon, merlot et de cabernet franc qui entourent le château Grand-Puy-Lacoste. Il est moelleux, délicat et fin. Nous vous conseillons de l’attendre quelques années avant de le déguster.
- Petit Lion de Las Cases 2022 : Une superbe introduction aux vins du château que ce nectar issu des jeunes vignes du domaine, créé en 2007, à la suite de l’arrachage et au replantage de vignes sur le Grand Clos. La belle majorité de merlot (une chose étonnante pour la rive gauche bordelaise) offre une rondeur, une gourmandise et un fruité saisissant à l’ensemble.